Le bois.
Une pluie fine tombait doucement sur la rade.
Le dos luisant et sombre du "Barracuda", à peine visible depuis les berges, fendait vivement la surface en direction de la pointe St-mathieu. Le tout nouveau sous marin nucléaire d'attaque : "Suffren", premier de sa génération sortait pour effectuer une énième mission d'entraînement.
Un deuxième submersible le rejoindrait bientôt et au final, toute la flotille serait remplacée par ces engins dernière génération.
La tension qui régnait sur le site autour de l'île-Longue, base stratégique cruciale pour ces engins, dérangeait Mathias.
Il s'accorda quelques jours de congés pour la première fois depuis longtemps. C'était les vacances de Pâques, avec son lot de touristes écumant la côte et leur effervescence prédatrice.
L'Opel Mokka couleur chocolat laissa derrière lui la plage du Moulin Blanc, puis traversa le bourg du Relecq-Kerhuon tout en longueur. Bientôt le grand pont majestueux d'Iroise ne fût plus qu'une silhouette, tandis que s'ouvrait la profonde et somptueuse vallée de l'Elorn en face de lui.
Le SUV continua sa route, longea les quais de Landerneau situé à une vingtaine de kilomètres de Brest, et emprunta la petite départementale en direction de la Roche-Maurice et sa motte féodale, qu'il dépassa rapidement.
Mathias rejoint promptement, l'abri forestier qu'il possédait ici. Un des rares biens familiaux acquis par ses grands-parents autrefois. Trois hectares d'arbres centenaires pour la plupart, bordés d'un large et profond étang souvent drappé d'une brume humide, à l'automne.
Il y venait se réfugier parfois. La cabane en rondins épais faisait un repaire idéal, doté d'un poêle et d'un garde-manger bien garni, de conserves diverses. Le bois était truffé de pièges et autres collets destinés au petit gibier.
Il pourrait se terrer ici, enveloppé par les hauts fûts protecteurs.
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