Chapitre 29 : Une patrie accueillante (1/2)
JAEKA
Notre long détachement des sociétés humaines nous avait désaccoutumé des habitations. Il suffisait d’observer cette maison en pierre… Isolée dans ce bois, elle détonnait du décor par son apparence austère et néanmoins attrayante. Des fleurs ambrées ornaient sa façade où des fenêtres géminées dévoilaient l’intérieur. Ces vitres aux volets céruléens enjolivaient les murs gris, jalonnant la demeure sur toute sa hauteur. Une cheminée couronnait le toit pentu d’où exhalaient de ténues volutes de fumée transportées par le souffle du vent. Poursuivant son ascension le long de la voûte azurée, l’astre diurne nous irradiait de tout son éclat. La frondaison tamisait légèrement son rayonnement sans toutefois nous priver de ses bienfaits. Miroitait alors une espérance de réussite jamais assouvie.
Ce logis ressemblait à un nouveau foyer…
Raykad n’y vivait qu’avec sa sœur, mais il occupait un espace assez grand pour nous accueillir. Une chance inouïe nous cornaquait vers cette civilisation ! Waouh… Un parfum enivrant dorlotait nos narines tandis que nos oreilles trépidaient aux pépiements d’oiseaux. Toutes les conditions étaient réunies pour que notre mission s’achevât sur une impression positive.
Je ne devais pas négliger mes obligations… Nous étions vulnérables face à la beauté de la nature et les prouesses humaines, même Elmaril. Oh, j’accusais un certain retard ! Je rejoignis mes compagnons à l’ouverture de la porte. Une lueur dorée accompagna notre entrée vers un court couloir menant à plusieurs portes. Des pas retentirent sur le plancher crissant pendant que nous atteignions une pièce meublée à l’abondance. Le Nillois y pénétra, l’allure assurée, et s’immobilisa par-delà l’embrasure. Des retrouvailles entre un frère et sa sœur… Cette famille-là était au complet.
Notre deuxième hôte nous offrait son hospitalité. Cette jeune femme possédait le charme et l’enthousiasme d’une mère aimable. D’un âge supérieur à son frère, elle mesurait une taille similaire et arborait une soyeuse natte brune. De courts cils ourlaient ses yeux en amande, un attrait s’harmonisant avec ses hautes pommettes. Un corsage en velours vert surplombait sa blouse blanche et se prêtait à sa silhouette élancée.
Cette Nilloise n’était pas seule… Elle portait un bébé dans ses bras. Quand Raykad avait mentionné un enfant, je ne l’avais pas supposé si jeune. Et voilà qu’une kyrielle de sentiments se querellait dans mon esprit… Cette Nilloise avait atteint le bonheur, celui de chérir un nouveau-né et de l’élever dans des conditions propices. Eux aussi avaient le droit de s’épanouir… Je m’attardais trop sur ce détail, je m’étais pourtant interdite l’introversion…
— Raykad vous présente sa sœur aînée, annonça Stenn d’un ton académique. Elle s’appelle Alaenne et occupe plusieurs rôles pour sa patrie. Non contente de garder la frontière, elle est aussi rebouteuse et cultivatrice. Elle nous accueille avec grand plaisir, comme son sourire l’indique.
— Trois métiers en même temps ? s’étonna Margolyn, manquant de se cogner contre une armoire. Il semblerait que les Nillois aient beaucoup de temps. On ne leur impose pas un rôle à la naissance, au moins !
Ses mots auraient pu être prononcés par Elmaril, mais elle eut le bon sens de se taire. La rencontre impliquait un bébé… Un bébé masculin… La guerrière en avait déjà poignardé un. Elle n’avait manifesté aucune envie de réitérer jusqu’à présent. Pour combien de temps ?
Mon esprit s’embrumait encore de perspectives négatives… Je m’avançai et explorai la pièce du regard pour les chasser. Cette maison de campagne disposait d’un bien fastueux ameublement ! Des chaises rembourrées et lestées d’accoudoirs encerclaient une table basse, près de deux armoires calées contre le mur latéral. Une large table en bois, en-deçà de ce confortable recoin, permettait d’accueillir une dizaine de personnes. Une cuisine se situait certainement à proximité.
Nous laissâmes Raykad informer Alaenne de notre identité avant de nous installer. À l’instar de son cadet, la jeune mère n’appréhendait guère notre manière de nous exprimer. Mais son visage exprimait l’alacrité ! Ou alors j’interprétais mal son sourire dévoilant ses dents éclatantes…
Dès que le mage lui eut chuchoté tout ce qu’elle devait savoir, elle tendit les bras et nous désigna la table lisse. Rarement avais-je rencontré une femme aussi avenante… Elle parlait d’une voix ténue, presque chantante, et accorda à Stenn le temps nécessaire pour la traduire.
— Alaenne nous souhaite la bienvenue dans sa demeure, déclara-t-il. Elle réalise combien cette quête est importante et se consacrera à nous aider à partir de maintenant. Avant de détailler les étapes de notre expédition, et ainsi préparer une entrevue avec leurs autorités supérieures, elle nous offre le temps de nous restaurer et de nous reposer. Elle va s’occuper elle-même de nous concocter un repas.
Quelle proposition chaleureuse… Nous bénéficions d’un hébergement et de quoi nous nourrir alors que nous n’avions encore rien demandé. Nous n’aurions pas pu espérer mieux… Raykad et Alaenne formaient une paire parfaite. Au lieu de croiser des brigands ou des soldats acariâtres, nous avions rencontrés deux Nillois d’une sympathie exemplaire. Le bébé dormant dans les bras de sa génitrice nous révélait le soin avec lequel elle l’élevait. Ils s’alternèrent les rôles : Alaenne confia son fils à son frère afin qu’il s’occupât de lui pendant sa préparation du repas. Raykad nous salua et partit dans une autre pièce.
Nous nous installâmes autour de la table avec l’accord tacite de notre hôte. Tout le temps que nous patientâmes, nous restâmes plongés dans notre mutisme. Cinq aventureux réunis dans un lieu sûr, voilà une bonne justification pour délier nos langues. Seul un jeu de regards s’installa entre nous. Le moment était propice à l’épanchement et nous n’en profitâmes pas…. La fiabilité de nos hébergeurs était acquise. Il fallait plutôt songer à l’avenir...
Je ne savais quoi faire et mes compagnons non plus. Elmaril fixait la fenêtre, les bras croisés, sans nous accorder le moindre coup d’œil. Son sac à ses pieds, Stenn consultait ses cartes esquissées durant tout notre trajet comme s’il s’agissait de richesses insoupçonnées. Margolyn le dédaignait et pianotait sur la table, son estomac gargouillant à intervalles réguliers. Et mon neveu… Il essayait de délivrer des messages par froncement de sourcils et contraction des doigts tout en se balançant sur sa chaise. Déconcertant… Tous vaquaient à une occupation futile et oubliaient notre aubaine. Raykad et Alaenne récompensaient notre opiniâtreté comme nul autre auparavant !
Le fumet en provenance de la cuisine éveilla notre appétit. Une vingtaine de minutes plus tard, Alaenne déposa assiettes et couverts en bois ainsi que des tasses remplies d’eau fraîche. Le repas consistait en un mélange de légumes bouillis : des carottes finement coupées se mêlaient à des champignons et des navets, le tout saupoudré de cresson. Une écuelle aussi bien présentée était le résultat d’un travail passionné. Je remerciai la Nilloise d’un sourire qu’elle me rendit aussitôt. Attiré par l’odeur du met, Raykad nous rejoignit et s’installa à côté de mon neveu. Nous étions réunis autour d’une bonne pitance. À nous de l’entamer dans la joie.
La première bouchée répondit à mes attentes. Les légumes fondaient dans la bouche malgré leur faible assaisonnement ! Même Elmaril avait la décence d’utiliser ses couverts, respectant ainsi nos hôtes. Nous n’étions plus habitués à nous alimenter de cette manière, mais les habitudes ressurgirent rapidement. De cette atmosphère découla l’inévitable discussion. La curiosité d’Alaenne et Raykad ne s’était pas estompée, que du contraire, il leur restait tant à apprendre sur notre quête. Mais ils s’intéressèrent plus spécifiquement à Elmaril…
Un choix peu étonnant, au fond : la sauvage trahissait un aspect et un comportement incomparable au nôtre. Les Nillois semblaient ignorer la place qu’elle détenait au sein de notre société… Ils n’hésitèrent donc pas à lui poser des questions.
— Alaenne aimerait mieux te connaître, rapporta Stenn, les mains jointes sur la table. À cause de ton… apparence, elle suppose que tu diriges notre compagnie.
— Dis-lui que c’est vrai, répondit Elmaril en haussant les épaules. Raykad connait déjà mon rôle dans cette mission. Pourquoi je raconterais autre chose à sa sœur ?
Informée du soi-disant rôle de notre meneuse, Alaenne esquissa un sourire incongru avant de murmurer quelques mots à son cadet. Ce dernier se déroba de son silence et se dota d’une résolution… pas du tout naturelle. Il discourut profusément, s’attarda sur chacun de nous. J’échappai à la teneur de son message, aussi me contentai-je d’opiner, et mes compagnons m’imitèrent. Le Nillois se désaltéra d’une lampée d’eau dès qu’il eut tout raconté.
— Raykad espère que vous profitez bien du repas, dit le traducteur, s’efforçant d’être fidèle à la tirade originale. Il est également béat à l’idée de rétablir les liens entre nos deux pays, lui qui n’avait jamais rencontré d’Ertinois par le passé. Il en a déjà beaucoup appris sur nous et a hâte d’en connaître davantage. En conséquence, il se portera garant de nous lors de notre prochain entretien avec les autres citoyens. Il a proposé de s’y atteler dès demain : sa sœur et lui possèdent de nombreuses relations et nous aideront du mieux possible. Ils connaissent notamment la vice-cheffe du village le plus proche qui maîtriserait la Langue Commune. Nous le saurons bientôt, la Nillie s’est montrée peu ouverte aux pays voisins, mais il est difficile d’échapper à la culture dominante. En attendant, comme cela a été convenu, les chambres situées à l’étage sont à notre disposition. Raykad espère que nous y trouverons du confort, mais j’estime que la question ne se pose pas. Nous sommes bien contents de jouir d’un lit douillet après avoir dormi autant de nuits dans la nature.
De nouveaux renseignements, une proposition prometteuse… Tout nous amenait à croire qu’il s’agissait d’une récompense tardive pour nos efforts. Mais, une fois encore, Bramil commenta par pure impulsivité.
— La maison est grande, y’a-t-il assez de chambres pour tout le monde ? Si oui, pourquoi y’en a-t-il autant ?
Stenn répéta en Nillois à l’intention d’Alaenne et Raykad. Réponses et traductions s’enchaînèrent au désarroi de l’érudit qui se sentait oppressé.
— Une dizaine de chambres occupe leur étage, en effet. Quant à la justification… Il préfère ne pas expliquer, ce serait trop long et il considère que des choses plus importantes doivent être racontées.
Cela allait de soi. Un tel confort perturbait mon neveu : cette interminable traversée avait volé nos acquis. L’éclaircissement semblait l’avoir peu convaincu, quel dommage… Il se réfugia dans son assiette et mâcha ses légumes avec flegme. Toutes nos questions n’obtiendraient pas une réponse, comme il disait… Il fallait l’admettre et profiter de ce qui nous était offert.
La discussion se poursuivit entre quatre interlocuteurs bien décidés à échanger nos péripéties. Pendant ce temps, Margolyn, Bramil et moi restâmes extérieurs à la conversation, uniquement concernés par notre repas. Raykad et Alaenne assaillirent Elmaril de questions et Stenn s’apparentait à un intermédiaire. Je devais résister à mon envie d’intervenir… Impitoyable guerrière de son clan, menteuse et traîtresse avérée, ses élocutions s’inscrivaient dans le sang. Même si elle ne s’attribuait pas tout le mérite, elle ne révéla pas non plus sa véritable nature et ne dévoila pas quelque événement qui pût la décrédibiliser. À peine possédions-nous un rôle dans cette histoire. Nos hôtes apprirent bien sûr notre fonction et nous évaluèrent en conséquence. Qu’est-ce que le sauvage manigançait ? Elle était opposée à notre quête, voilà la seule certitude…
Tout était de ma faute… J’avais manqué mon opportunité de l’arrêter, de révéler au groupe entier combien elle était dangereuse, le calvaire que j’avais subi à cause d’elle… À présent, je subissais les conséquences de mon erreur. Elmaril convainquit les Nillois de son nouveau devoir. Elle ne nous rabaissa pas ni ne se valorisa mais profita de l’ignorance d’autrui pour se construire une nouvelle identité. D’une manière ou d’une autre, ses méthodes servaient les intérêts de son clan. Et cela devait cesser.
Le temps de nous rassasier, l’astre du jour déclina dans le ciel, le parant de rouge, puis sa disparition passagère nous plongea dans une obscurité partielle. Outre le halo de notre satellite et des étoiles, nos hôtes allumèrent quelques chandelles et nous invitèrent à nous diriger vers un repos dûment mérité. Une offre aussi généreuse ne se refusait pas.
Stenn et Margolyn avaient débattu discrètement à propos de la fiabilité des Nillois, chacun défendant un point de vue opposé à l’autre. Le cartographe voyait un renouveau là où notre guérisseuse se calfeutrait dans sa méfiance. Il m’avait lancé des regards étranges, presque hostiles, tout le long du repas… Pourquoi ? Moi aussi, je m’étais essayé à des coups d’œil subreptices. Hélas, s’exprimer dans deux langues bien distinctes, fussent-elles proches sur certains points, n’aidait pas à la compréhension.
Nous voulûmes gagner nos chambres, fatigués mais inapaisés… Bramil, Margolyn et Elmaril s’y étaient déjà installées quand Stenn me barra la route. Un autre obstacle devant mon lieu de repos… Jamais il ne m’avait toisée de cette façon… Lui aussi devait mal supporter le changement.
— Attends un peu, dit-il. Il me semble que tu deviens gêneuse.
— Pardon ? chuchotai-je. Stenn, tu devrais aller dormir…
— M’assoupir, certes… Mais un détail m’alourdit l’esprit. Servir de traducteur m’accable déjà, mais je sais pertinemment que je pourrai m’extirper de cette condition d’ici peu.
Les mots s’envolaient et traversaient vite les portes… Je m’assurai que personne ne nous écoutât en explorant les lieux du regard. L’érudit ruinait déjà nos efforts…
— Où veux-tu en venir ? lui demandai-je.
— C’est pourtant évident, répondit Stenn sur un ton hautain. La société Ertinoise, aussi développée soit-elle, dédaigne l’intelligence au profit des armes physiques ou magiques. Ton mari nous a dirigés et est décédé. Le même sort a frappé les mages et les militaires… Ne reste plus qu’une sauvage dont la seule habilité consiste à manier la lance. Tous étaient censés nous protéger mais nous ont menacés. Il faut admettre les faits, maintenant : je suis la pierre angulaire du groupe.
— Tu es sûr ? Excuse-moi, mais tu me laisses perplexe…
— Cela ne me surprend guère, venant de toi. Sais-tu pourquoi j’ai passé mon temps à consulter mes documents ? Parce que ce sont les preuves matérielles de notre traversée. Elles nous inscriront dans la légende pour les siècles à venir. Nous sommes les premiers explorateurs à renouer le contact avec la Nillie.
— Pas vraiment. Souviens-toi de l’histoire de Kalida. Mais c’est vrai, tu avais aussi une utilité.
— Pas seulement une utilité ! Comparons-nous donc : tu es devenu un poids pour le groupe à partir du moment où tes chevaux sont morts. On a beau t’avoir prise en pitié, tu ne dois ta survie qu’à ta chance.
Pas lui… Pas après tout ce que nous avions traversé… Je l’estimais digne de confiance. Et là… ils me jalousaient ? Notre groupe n’avait pas besoin d’une division supplémentaire…
— J’écris l’avenir ! insista Stenn sans me laisser le temps de répliquer. Est-ce que tu comprends la portée de mes travaux, toi qui as passé ton existence dans l’ombre des autres ? J’ai été désigné pour parcourir Temrick là où tu as été pistonnée. J’avais pour vocation de recevoir plus de reconnaissance ! Mes supérieurs ne reconnaissaient pas mes talents innés. Maintenant que j’ai atteint la Nillie, ma situation peut évoluer ! Alors ne commets pas l’affront de t’accaparer tout le mérite de notre voyage !
Aucune parole n’était apte à ébranler un esprit aussi fermé, fût-il érudit. Peut-être devais-je recourir à la violence… Stenn ne me laissait guère le choix. Je l’encastrai contre le mur, mes ongles plantées sur ses vêtements, mes yeux transperçant sa carapace fragile. Il tressaillait ! Jamais il ne s’était attendu à cela de ma part…
— Tu te rabaisses à ça, Stenn ? vitupérai-je, manquant de l’étrangler. Tu as accompli ton rôle, tant mieux pour toi, mais tu as aussi dû compter sur la protection des autres ! Et maintenant qu’Elmaril te soumet, tu as la lâcheté de t’en prendre à moi ?
— Je…, balbutia Stenn, transpirant à l’excès. Déso… Désolé, je me suis laissé emporter…
— Ce n’était pas la colère ! C’était parfaitement réfléchi ! Si tu m’attaques encore une fois, tu es mort, c’est compris ?
Stenn détala comme à son habitude, peu envieux de subir… mon courroux. Moi non plus, je ne souhaitais pas le voir dans cet état… Ma figure était-elle redevenue pâle ? Méconnaissable, contrainte à commettre des gestes odieux, telle était la personne qui se dressait devant la chambre de ses hôtes…
L’espoir… Voilà ce qui me manquait. Difficile d’en avoir avec de tels compagnons… Je ne parviendrais pas à éliminer les pensées intruses ni à songer à l’avenir. Il m’appartenait de le saisir à pleines mains, d’agir de mon propre chef, d’être active comme jamais auparavant. Être forte… Les promesses résonnèrent encore pendant que je gagnais ma chambre.
Le confort de mon lit me rappela mon séjour chez Kalida. Que devenait-elle, d’ailleurs ? Elle errait peut-être jusqu’à l’infini, pourtant je ressentais une sensation singulière, comme si elle nous surveillait encore depuis les sommets… En me narrant ses échecs, la prophétesse m’avait encouragée à soutenir mon groupe du mieux possible. Notre compagnie disloquée…
Nos relations avec la Nillie étaient menacées à cause d’une menteuse.
Plutôt que de me dresser contre cette fatalité, j’étais allongée sous une épaisse couverture, ma tête appuyée sur un oreiller moelleux. Mes cheveux se battaient sur mon visage tandis qu’une lueur blafarde transperçait le rideau. J’entrevoyais l’éclat de la nuit profonde entre deux clignements.
Tout était calme ici… Des heures s’écoulaient, des heures à attendre qu’un événement survînt…. Hormis deux claquements de porte et des hululements, rien ne perturbait notre quiétude. Nous profitions d’un confort optimal : exercer trois métiers favorisait le luxe, semblait-il. Cette richesse matérielle possédait une valeur parce qu’elle était accompagnée par la richesse humaine. Les Nillois nous avaient procuré un repas digne de son nom, un lieu de repos et de la sécurité.
Tout cela me détendait à peine… Un être pernicieux dormait à quelques portes de la mienne, l’esprit tranquille. Raykad et Alaenne nous avaient accordé un peu de leur temps, bien inférieur à celui accordé envers la guerrière sauvage. Une idée naquit dans ma tête…
Je devais tuer Elmaril.
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