Chapitre 2 : Une expédition prometteuse (1/2)

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JAEKA

Le vent matinal s’engouffrait entre les frênes. J’étais agenouillée devant un alignement de tombes surannées quand il me frappa en plein visage. Cette douce caresse sur ma queue de cheval, la méritais-je vraiment ? Ces arbres me protégeaient des incertitudes du climat, m’y isolant face aux tombes. Face à ces défunts que le destin avait emporté prématurément. Ils reposaient en paix pour toujours… Plus jamais ils n’auraient à affronter l’âpreté de la vie.

J’effleurai le soubassement du cercueil. Cette tombe où il reposait… Non, je ne devais pas regarder… Je ne devais pas m’infliger cette vue… Les inscriptions me parurent brutales, me secouèrent toute entière.

« Ici repose Reilon Liwael, 1257 AU - 1269 AU »

Quatre ans… Quatre années à vivre sans lui. Ce chapelet de gerberas constituait une bien mince consolation… Dorénavant, elles se mêlaient aux autres fleurs qui trônaient sur la pierre. Chrysanthèmes, lys, gerberas, roses, géraniums, toutes des offrandes survenues trop tard, incapables d’acheter le pardon de qui que ce fût. On les disait porteuses d’espoir, de pureté, d’amour… Il s’agissait de mots, rien de plus. Les mots ne consolaient pas, n’aidaient pas à mieux endurer le deuil, n’effaçaient pas les erreurs du passé. Jamais ils ne me ramèneraient mon Reilon.

Nul ne le pouvait.

Je me penchai vers le sol et fermai les paupières. Des larmes creusèrent des sillons sur mes joues… Ces sanglots en trop, ceux de l’ultime opportunité, hurlaient sans cesse en mon for intérieur. Quelle mélodie morose…

— Ne pleure pas, Reilon, murmurai-je. Tu es en paix, à présent. Tu ne souffriras plus.

En étais-je moi-même convaincue ? Je frottai les inscriptions du dos de la main, sans doute souhaitais-je m’épargner de douloureuses réminiscences. Venir ici était peut-être une erreur, finalement… Mais c’était nécessaire. Pour me rappeler combien j’avais failli.

Le vent me soumit alors à ses caprices, je ne m’attardai pas dans les environs. Les protections devenaient inefficaces… Je n’allais pas me plaindre, il me suffisait de resserrer les boutons de mon chemisier. Peu de citoyens avaient la chance d’être bien vêtus, de jouir d’une situation confortable. La mort arrachait de si jeunes personnes, bébés, enfants… Une longue existence leur avait tendu les bras et la fatalité leur en avait privé.

Je n’avais rien gagné à m’isoler du monde, au sommet de cette colline, à me condamner à la souffrance. Des fautes seraient commises quoi qu’il arrive. Il dépendait de chacun de nous de les minimiser. On m’avait appelée, on estimait qu’un rôle m’incombait et on insinuait que le refus était interdit.

Les frênes se dispersaient davantage à la sortie du cimetière, bien que je reçusse encore trop d’attention. Le chant des oiseaux à la mélodie envoûtante, cette chaleur modérée, comme opposée au souffle frais. Ces lilas et ces jonquilles si bien illuminés par la lueur diurne, si bien étendus sur l’herbe à la teinte smaragdine… Ces lieux s’embellissaient trop dans le panorama. Et ce bâillement incongru, remontant jusqu’à ma gorge… La journée venait de débuter, pourtant. Des rayons lumineux transperçaient les cieux, par-delà les nuages, mais la lumière propagée se montrait aussi chiche et diaphane que moi.

— Nelora, où es-tu ? appelai-je.

Elle était juste à côté de moi, dussé-je la reconnaître. Je lui flattai l’encolure tandis qu’elle hennissait, puis y frottai mes joues constellées de tâche de rousseur. Quel doux pelage brun pour une jument… Elle était si fidèle, à dresser les oreilles vers l’avant quand je lui caressais le museau. Je tâtai le caveçon, pris appui sur les étriers, m’installai sur la selle et stimulai Nelora. L’heure était venue de partir. Le plus loin possible. Oh, Reilon, qu’avais-je fait ?

Ma jument descendit au trot. Adieu, chers défunts. Je revins à la ville non moins malheureuse. Et elle apparut dans ma vision, comme vacillante dans l’horizon : les murailles de Telrae épousèrent les formes du contrebas. Les coutumes exigeaient une séparation nette entre les morts et les vivants, quelles que fussent les fréquences des visites.

Les sabots émirent un claquement au contact du dallage de la route. La terre avait cédé sa place à de la pierre lisse, plus résistante et esthétique. Les traces de précédents chevaux s’y trouvaient incrustées… Probablement un pavé vétuste.

— Ralentis, Nelora ! ordonnai-je en accentuant la pression de mes jambes.

Ainsi se dressait la Lerutia, affluent principal du fleuve Taios, en-dessous d’un pont archaïque et de bandeaux de voûte. Il s’écoulait paisiblement vers son aval pendant que les cyprins y nageaient en groupe, aidés par le courant favorable. Ces phénomènes naturels pourraient me dérider… Hors de question de me perdre dans cette contemplation. Je fis accélérer Nelora et poursuivis mon chemin.

Telrae s’étendait sur une immense superficie. Les douves cernaient de hauts remparts de pierre agrémentés de courtines. Les moellons s’imbriquaient sur une structure tenace à défaut d’être audacieuse. Cette ville millénaire s’était établie sur un terrain montueux. De nombreux chênes et pins jalonnaient le vallon à perte de vue au nord, tandis que de denses coteaux abritaient des villages comme des avant-postes au sud. Mon foyer était bien là ! Sur ces hauteurs typiques, celles qui caractérisaient le centre et une partie du sud de l’Ertinie, là où les principales cités s’implantaient. La capitale garantissait la sécurité à toute sa population au détriment de la liberté.

Deux gardes guettaient près du pont-levis. Ils se pavanaient dans leur brigandine en cuir, leur chevelure en chignon coincée sous un casque conique en fer, un fier sourire cloué à leurs lèvres. Autant avouer qu’ils m’identifièrent directement…

— Tu es revenue vite ! interpella le premier, agitant sa main libre. Tout s’est bien passé, Jaeka ?

— Ouvre le pont-levis, s’il te plaît, implorai-je. Je n’ai pas le temps de discuter…

Mon empressement me coûtait ma politesse. Gérer l’écurie ne me valait pas une réputation grandiloquente, néanmoins, les gardes me saluaient toujours lors de mes entrées en ville. Des années de loyaux services m’avaient intégrée dans ce décor. Y appartenais-je pour de bon ? J’avançai lentement, au milieu d’une foule dense, sans attirer de véritables regards. Les citoyens déambulaient, se souciaient d’eux-mêmes et de personne d’autre, mais quand quelqu’un jugé singulier circulait, ils dardaient leur regard inquisiteur. Moi, j’étais une âme égarée. Une cavalière sur sa jument pénétrant dans l’agglomération. Une habitante comme une autre.

Une large allée traçait la voie du quartier Felnae. Là, descendue de mon cheval, plus rien ne me distinguait des citadins. Ils cheminaient partout, dans tous les sens, si célères… Et j’étais bousculée. Ils ne s’excusaient pas, ne prêtaient même pas attention à moi, tout juste menaient-ils leur route dans les faubourgs de la capitale. De l’air, par pitié… Je peinais à respirer, je me perdais dans cet afflux d’individus… Je devais me repérer, il en allait de mon métier, de mes responsabilités. L’écurie se situait à proximité, aux pieds de la partie interne des murailles, là où la densité de population se faisait moins pesante. Je n’aurais pas dû longer cette allée bondée, peut-être eût-il fallu emprunter une autre voie… J’aurais dû venir plus tôt, arrêter de m’égarer dans un passé irrémédiable. À force de trop m’attarder, de trop me murer, l’essentiel de ma vie m’échappait.

Enfin les écuries se présentaient à moi ! Leur odeur typique s’infiltra dans mes narines… Quel plaisir de se retrouver dans un environnement familier, loin du parfum aseptisé de la ville. Je dessellai Nelora et la caressai derechef avant de la placer en face du râtelier à foin. La flagorner ainsi… Ce n’était rien de plus qu’un caprice fugace et égoïste. Pourquoi mon plaisir personnel prévaudrait-il sur celui de ma jument ? Je l’observai se nourrir, s’abreuver en toute sérénité, comme impuissante, parce que je n’étais nullement concernée.

Une vibration secoua un peu mes oreilles. Mes équidés se sustentaient, aucun souci à me faire concernant le travail de mes écuyers. Ils étaient présents, en train d’exacerber leur passion dans le fond de l’écurie, s’imaginant être seuls… Mon petit cœur en bondit, mes membres se relâchèrent et mon visage se détendit d’un sourire.

Cette brave Kenda était très élégante dans son surcot beige doublé d’une cape en laine ! Ses cheveux longs et lâchés ondulaient gracieusement autour de son visage oblong cerné d’yeux bleus. Je jalouserais presque sa carrure svelte, pourtant bâtie par des années d’apprentissage auprès de moi. Elle embrassait langoureusement son partenaire, tous deux blottis dans les bras de l’autre… Et ce fidèle Corin, vêtu d’une tunique en coton peigné, chaussé de bottes chamoises, ne manquait pas de charme non plus. Cette tenue se mariait tellement bien avec ses mèches blondes éparpillées autour de son visage.

Quinze ans à vivre dans cette ville, quatre à mes côtés. Je ne pouvais rêver de meilleurs apprentis… Quel plaisir de les voir accomplir leur besogne avec tant d’assiduité, sifflotant parfois, s’unissant toujours. Kenda et Corin s’enlaçaient mutuellement, enroulaient leurs cheveux autour de leurs doigts et recueillaient les lèvres de l’autre.

Cette jeunesse fougueuse et insouciante… Depuis combien de temps l’avais-je quittée ? Je l’ignorais, cette époque me paraissait tellement lointaine... Peu importait dans ce présent étouffant. Heureusement que ces deux écuyers égayaient mes journées. S’ils ne s’étaient pas engagés…

Un coup d’œil et ils s’avisèrent de ma présence. Ils se séparèrent, s’empourprèrent, n’osèrent pas me fixer… Ils n’assumaient pas encore leur amour ? Comme c’était charmant. Si seulement ils pouvaient demeurer ainsi, avec leur sourire naïf, leur honte mêlée d’honnêteté. Impossible cependant, ils se souvenaient des raisons de mon départ. Leurs traits s’assombrirent à mon grand dam.

— Vous revoilà, Jaeka ! s’écria Kenda. Est-ce que vous allez bien… malgré les circonstances, je veux dire ?

Son visage se tordait entre sourires et larmes. Kenda savait déceler mes sentiments, c’était indubitable. Je pouvais leur partager ce qui m’accablait, la raison pour laquelle je m’éloignais d’eux au moment où ils requéraient ma présence. Je risquai un regard… hésitant et vacillant. Ils méritaient davantage. Je ne parvenais pas à rendre honneur à leur dévouement.

— Je vais bien…, répondis-je à mi-voix. C’est ce que je crois, du moins. À vrai dire, je ne sais pas comment je me sens…

Ma visite me hanta de nouveau. Des pierres aux inscriptions féroces s’adjoignaient à des images de vide, de ce passé révolu, de ces jours ensoleillés, de ces enfants oubliés… Ces âmes perdues avaient cédé leur place trop tôt pendant que d’autres persistaient sans en être dignes. Mais qui étais-je pour juger ? Devant moi se tenaient deux méritants, ces jeunes qui s’étaient enquis de moi, qui cherchaient à mieux m’appréhender pour me délivrer. Il n’existait aucun moyen de corriger le mal perpétré… Seulement l’opportunité de mieux affronter le futur. Dans son élan d’empathie, la jeune fille toucha mon épaule et plissa les lèvres.

— Courage, murmura-t-elle. Perdre un fils doit être difficile. Les années n’y changent rien… Je reste de tout cœur avec vous.

Elle m’étreignit, passa ses fins doigts dans mes cheveux, effleura mes épaules fragiles. Les battements de mon cœur retrouvèrent un rythme raisonnable, les larmes intérieures cessèrent de ronger mon être, mais ce fut insuffisant pour tout combler. Kenda s’écarta lentement au profit de Corin qui se contentait de me fixer en se raclant la gorge. Comment blâmer un garçon comme lui ? Quel dommage de garder un visage de marbre en de pareilles circonstances… Sans doute était-ce pour le mieux.

— Nous avons fini l’entretien de l’écurie, informa Corin. Ah oui, Bramil est passé par ici tout à l’heure. Lui et votre mari sont enfin revenus, comme ils vous l’avaient annoncé dans la lettre. Nous ne connaissons pas les détails, mais ils ont absolument besoin de vous. Erak vous attend sur la place publique à l’heure de l’exécution.

Un sourire m’apparut enfin. Le présent émergeait des ténèbres et me forçait à le vivre pleinement. Erak ! Il était revenu après tout ce temps ! Il menait Bramil à travers les contrées de l’Ertinie… Il s’agissait de mon neveu, celui que je n’avais pas eu le temps de connaître. Au moins, cette erreur pouvait être corrigée. Il me suffisait de me renseigner sur l’événement évoqué par Corin.

— Il y a une exécution aujourd’hui ? demandai-je, perplexe.

— Je croyais que vous le saviez, dit Kenda. Des guerrières du clan Nyleï ont été capturées à l’avant-poste d’Urness, le plus à l’ouest de Telrae. Il a été prévu qu’elles soient exécutées au zénith. Je ne connais pas tous les tenants et aboutissants, je me fie seulement aux rumeurs. Elles racontent que ces sauvages auraient tué tous les gardes de la tour avant d’être massacrées par les soldats. Quelques-unes ont été épargnées et emmenées jusqu’ici hier soir. Jaeka, n’êtes-vous pas d’ordinaire la première informée de ce genre d’événements ?

— Pas cette fois, admis-je. Je suppose que les survivantes vont être tuées pour donner l’exemple ?

La jeune fille confirma mes soupçons en opinant du chef. Ces guerrières, je ne les connaissais que de réputation. Me voilà amenée à les connaître davantage… Elles ne reculaient devant rien pour conquérir notre territoire et affermir leurs convictions extrémistes. Si elles étaient parvenues jusqu’à cet avant-poste, le constat s’avérait plus drastique encore. Elles s’étaient lassées d’envahir des villages innocents et d’y massacrer leur population. Jamais elles n’avaient abouti à leurs conquêtes, même si leurs meurtres, enlèvements et viols se comptaient par centaines. Notre armée luttait continûment contre leur groupuscule, sans omettre le clan Dunac qui leur était rival. Toujours est-il que ces condamnations à mort s’illusionnaient d’un aspect purement symbolique. Ces guerrières devaient être préparées à leur trépas à tout moment. Qu’il se déroulât par-devers leurs détracteurs n’altèrerait en rien leur fanatisme.

Encore à errer dans mes pensées… Je devais tellement les décevoir. On me tendait un bras salvateur que je ne saisissais pas en pleine volée. C’était l’instant ou jamais pour me rattraper.

— Votre dévotion me touche, complimentai-je. Notre ville exige de nombreux chevaux en pleine forme. Sans vous, je croulerais sous les responsabilités. Vous acceptez de les endosser et de répondre à mes exigences.

— Oh, mais ce n’est rien ! dit Corin sur le ton de la modestie. Nous ne faisons que notre travail et nous l’aimons. Mais c’est vous que nous devons remercier. Vous avez éveillé en nous une passion pour le dressage. Et puis, votre contribution n’est pas négligeable non plus.

— Aujourd’hui, nous pouvons nous débrouiller sans vous ! ajouta Kenda. Rejoignez votre mari avec l’esprit tranquille. Vous brûlez d’envie de le revoir, ça se voit. N’attendez plus.

Me soumettre à leur volonté, à leur entrain… Voilà de quoi m’exhorter à profiter de ce qu’il me restait. J’aurais pu discuter avec mes assistants des heures durant, cela me délassait, m’extirpait de ces idées pesantes. Toutefois, un nouveau devoir m’appelait et m’obligeait à rompre avec les moments sereins de mon existence.

Tout ceci prit fin. Encore esseulée, j’errais dans cette même foule, dans ce même quartier où les visiteurs émergeaient depuis l’entrée principale. Eux disposaient d’une image honnête de la capitale, loin des zones malfamées ou opulentes, là où les artisans, marchands et honorables travailleurs logeaient. Ces quidams sillonnaient devant moi et ne s’arrêtaient jamais, sinon pour saluer leur entourage, leurs amis, leurs connaissances, ceux dont ils s’enquéraient au quotidien. Sans recevoir le moindre signe, je m’engageai à mon tour au milieu de l’activité urbaine.

Ces rues trop familières ne m’intéressaient plus, je me demandais même si elles m’avaient captivée un jour. Ici, pas d’esthétisme pompeux ni d’architecture fastueuse. Les maisons en pans de bois se succédaient sur une alternance de pavés ocres et blancs, solides à toute épreuve, que les structures fussent composées de pierres, de briques ou de torchis. Un exemple de résistance aux ravages du temps… Mais ces robustes bâtiments où nous nous terrions, que valaient-ils au fond ? Ils ne respiraient pas, n’évoluaient pas, ne manifestaient aucune histoire… Le coût de la survie.

— Entrez dans ma boutique ! héla une commerçante. Vous y trouverez des produits à bas prix !

Ce cri perçant me ramena à la réalité. Tout contexte se prêtait à des achats abondants dont les marchands tiraient avantage. Ils vendaient au gré des flux citadins, le long des murs laqués ou lambrissés qui diapraient les nuances ternes des encorbellements. Leurs produits achalandaient les différentes boutiques disposées au croisement… Cet attentisme primaire ne rimait à rien. Cette course au profit et aux valeurs aussi matérialistes qu’éphémères ne contribuaient aucunement au bonheur de tout un chacun. Cela relevait de l’acharnement compulsif… Un avis sans valeur. Je n’étais rien à leurs yeux, pas même une cliente potentielle…

Dans notre ville, les habitants traçaient leur avenir et s’y fixaient. Restait à chercher le bonheur dans un quotidien redondant… Ce mode de vie plaisait à certains, pour qui l’aventure au-delà des murailles évoquait le péril. Même les mauvaises nouvelles ne bouleversaient en rien leur journée. Des drames survenaient chaque jour, emportaient des malheureux… et beaucoup s’en fichaient tant que leurs proches n’étaient pas concernés.

Peut-être avaient-ils raison… Le bonheur s’obtenait peut-être de cette manière. Je les voyais dialoguer, s’esbaudir, s’esclaffer à n’en plus finir. Puis il y avait moi, muette comme une tombe. Une dresseuse de chevaux ordinaire. Une ombre dans la rue…

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