Chapitre 8 : Au-delà des terres connues (1/2)
BRAMIL
L’Ertinie, c’était un royaume fascinant, non ? J’avais tellement hâte d’explorer ses recoins ! J’avais déjà foulé ses paysages sublimes par le passé et je continuerais, même si cette quête nous imposait d’atteindre la Nillie. Mais le voyage importait plus que la destination !
J’aurais voulu que mes compagnons partagent mon point de vue. Se prendre la tête avec leurs intérêts politiques et sociaux, quelle perte de temps ! Ils rataient l’enrichissement que notre voyage prodiguait. L’avenir de notre pays, le lien avec notre voisin, l’importance d’explorer un territoire inconnu, tous ces concepts me dépassaient. L’essentiel était de vivre à fond ! Quoi de mieux que ce voyage ?
— N’avance pas trop vite me disait souvent Erak. Je dois rester devant.
Nous ne risquions rien avec un meneur pareil ! Ce cher Erak, vaillant guerrier, grand explorateur, impossible de lui trouver des défauts. Si j’étais resté auprès de ma mère, mon existence de paysan serait vite devenue ennuyeuse. Mes pensées allaient parfois vers elle, ainsi que mes frères et mes sœurs… Je les reverrais, et ce jour-là, je serais entré dans l’histoire ! La présence de mon oncle me suffisait pour l’instant. Il représentait un modèle à suivre. Grâce à lui, j’étais devenu un bon combattant et je m’étais découvert. Je lui devais tout.
Nous sortions d’une première victoire, et ce ne serait pas la dernière ! Ce combat fut intense, vif, que demander de plus ? Dommage pour le cheval de ma tante, elle y était attachée, mais bon, la vie n’était pas toute rose. Nous étions indemnes, après tout ! Quelques blessures légères, mais Margolyn les avait soignées en peu de temps.
Ah, Margolyn ! Une belle fille aux charmes envoûtants ! Mes compagnons la critiquaient beaucoup malgré son utilité indéniable. Rabat-joie sur les bords, peu encline à s’amuser et à se confier, d’accord. Mais tout ça se comprenait en tenant compte du caractère de sa mère. Comment avais-je osé me plaindre de ma mère protectrice alors qu’il y avait pire ? Notre guérisseuse accomplissait son rôle à merveille, c’était la preuve de son implication. Je n’avais aucune vraie plaie ! Me voilà prêt à affronter nos futures épreuves !
Nous quittâmes ce champ de désolation une heure plus tard. L’attaque de ces guerriers avait éveillé les inquiétudes de tout le monde. Rien qui ne puisse nous démotiver ! Nous resterions prudents, à l’affût de toute embûche, et tout irait bien ! Franchement, qu’est-ce qui pourrait nous arriver de pire ?
Nous étions encore soumis à nos habitudes. Ma tante s’assurait de l’entretien de nos montures et mon oncle nous guidait à travers la contrée. Ralaia et Gurthis sondaient sans cesse les environs. Ils allaient se rendre malades à être aussi paranoïaques ! Même remarque pour Arzalam et Jyla, quoique ça faisait du bien de les voir s’impliquer davantage.
— Ils reviendront, maugréait régulièrement Gurthis. Si ce n’est pas eux, d’autres nous attaqueront. Nous sommes suivis.
Son pessimisme n’avait pas lieu d’être. Notre réussite était assurée pour autant qu’on ne s’embrouillait pas de pensées négatives ! Cet affrontement, c’était un cas isolé, et de toute manière, nous étions assez forts pour mater toute menace ! Dix compagnons contre le monde, épique, n’est-ce pas ?
De nouveaux panoramas se déployèrent devant mes yeux ébahis. Nous avions franchi les forêts et nous foulions désormais les prairies qui nous rapprochaient des zones plus habitées. Notre chef nous ordonnait de les contourner… Regrettable ! Je m’étais beaucoup éloigné de ce milieu et je n’y reviendrais pas de sitôt. Le contact avec la population locale n’avait pas de prix. Erak venait de là aussi, pourquoi il ne comprenait pas ?
— Nous n’avons pas de temps à perdre, me répétait-il sans me regarder. La discrétion et la rapidité sont de mise, rappelle-toi ce qui nous est arrivé. Moins de personnes seront informées de notre quête et mieux ce sera.
Il avait raison et je ne l’écoutais pas ! Dans le cas très improbable où nous échouions, que resterait-il de nous ? C’était une mauvaise idée de cacher notre information au peuple ! Des oreilles indiscrètes traînaient partout, de toute façon. Mais mon oncle favorisait la prudence. Trop de précautions détruiraient l’intérêt de notre trajet !
Erak connaissait de mémoire la route à suivre, aucun détail ne lui échappa. Il restait fixé sur notre objectif alors que nous découvrions les merveilles de notre pays. Nous voici au nord, moins favorable que le sud mais plus rural. Aucun environnement familier, la route devenait si trépidante ! Nous avancions à un rythme accéléré mais pas trop rapide, me laissant le temps de contempler toutes les richesses naturelles de notre nation. Les denses forêts, les immenses vallées et les collines clairsemées recelaient la majorité de notre patrimoine. J’aurais dû grandir ici, c’aurait été encore mieux !
Au début, les conditions étaient réunies pour profiter des paysages. Puis la chaleur se fit moins favorable et le vent plus intense. Les caprices du climat se manifestaient… Et alors ? J’y étais habitué ! Existait-il de meilleure sensation que d’être bercé par la brise sous le chant des oiseaux ?
Aucune difficulté ne se présentait sous la tutelle de mon oncle ! Toute bonne chose avait une fin : ses connaissances sur l’Ertinie rencontraient leurs limites. Des jours entiers de voyage paisible nous avaient menés au village de Gahnos. Il n’y avait rien de mieux que de dormir à la belle étoile, mais un lit chaud, ça ne se refusait pas ! Erak décida d’y passer la nuit.
Ce charmant patelin allait nous gratifier d’un repos idéal ! Ils avaient même une auberge où nous pouvions déguster un succulent repas ! C’était comme si nous faisions vivre le village le temps d’une nuit : un sanglier saucé servi sur un plateau argenté, des bons vins en provenance des vignes environnantes, un accueil exemplaire, en somme ! Même la présence d’Elmaril ne les rebutait pas. Ils avaient à peine cherché à connaître la teneur de notre quête, ce à quoi Erak avait menti, prétextant que nous explorions juste le nord de l’Ertinie et non Temrick. Discrétion jusqu’au bout ? Ces personnes méritaient de connaître la vérité après s’être montrés si cordiaux avec nous ! Mais ils s’en fichaient, apparemment. Nous étions des aventuriers et ça leur suffisait à nous offrir le gîte.
Sûrement ma meilleure soirée depuis des lustres, augurant la réussite à venir. Tout était attrayant, tout était séduisant, surtout cette serveuse qui me reluquait depuis la fin de notre repas. L’élégance de son sourire, ses taches de rousseur, sa façon de pencher la tête en servant les chopes… Les battements de mon cœur s’accélèrent ! Et je devais rougir aussi, à entendre les rires de mes camarades.
Pas question de partir sans lui avoir adressée un mot ! Je la rattrapai avant qu’elle ne s’éloigne trop.
— Salut ! l’interpellai-je avec ma plus belle posture. Comment t’appelles-tu ?
— Moi ? répondit-elle, penaude. Je m’appelle juste Naly, je suis une simple serveuse… Pourquoi tu t’intéresses à moi, brave aventurier ? Tu as déjà quelqu’un…
— Hein ? Je n’ai personne, je suis libre comme l’air ! De qui parles-tu ?
— De la jeune fille blonde derrière toi…
La personne en question venait de me pincer le bras. Margolyn avait tout gâché ! Mais mieux valait éviter de la contrarier au vu des traits qu’elle tirait.
— Tu te crois en vacances ? me gronda-t-elle en renâclant. Bramil, c’est un voyage sérieux ! On ne se baigne pas tout nu, on n’agite pas son épée comme un crétin sur des guerriers féroces et on ne drague pas des inconnues !
— Vous avez l’air très occupé, murmura Naly. Un grand voyage vous attend alors que ma vie monotone se poursuit. Bonne chance à vous…
Et elle nous abandonna pour retourner à son modeste travail. Je la retrouverais quand tout serai fini ! Pour l’instant, le moindre écart de conduite me coûtait des réprimandes ! C’était interdit de se détendre un peu avant de passer aux choses sérieuses ? Margolyn, encore, je comprenais, mais l’intervention de Jyla… Elle ne s’immisçait pas, d’habitude !
— Margolyn a raison pour une fois, renchérit-elle. Ton oncle s’évertue à nous conduire en toute discrétion et tu harcèles une serveuse comme un lourdaud ? Un peu de sérieux, Bramil. L’insubordination n’existe pas seulement chez les mages.
— Quoi ? rétorquai-je. Je n’ai plus le droit de profiter d’une soirée en taverne ?
— Plus maintenant. Persiste avec ce comportement et tu en souffriras. Arrête tant qu’il en est encore temps.
Un moment gênant, très gênant. Quatre yeux me dardaient méchamment : si je ne me rasseyais pas, j’en subirais les conséquences. On n’apprenait pas à la jeunesse à se divertir en ville ? Et ils osaient critiquer les ruraux après ça ?
Tout ceci n’avait plus d’importance. La fin de la soirée se passa sans encombre, jusqu’au moment où nous nous enveloppâmes dans nos couvertures. Une autre belle nuit nous emporta. Privés de sa fraîcheur et de la vue du ciel, il nous restait la protection des murs. Je m’insufflai un peu de courage pour la suite. Nous pouvions y arriver ! Traverser Temrick, ça en jetait, non ?
Les habitants nous prévinrent des dangers de l’extrême nord dès notre départ. D’après eux, quelques courageux avaient tenté l’aventure avant nous : peu étaient revenus, et les survivants n’étaient pas allés bien loin. Ils nous prévinrent aussi sur des monstres qui rôdaient aux pieds de Temrick. Des monstres, bien sûr ! Leur description ne me parut pas crédible : ils les confondaient probablement avec des animaux sauvages. Des monstres, sérieusement ? Un avertissement digne d’un conte pour enfants !
Dorénavant, nous avancions au-delà des terres connues.
C’était un changement mineur, facile de s’y habituer ! En revanche, nous dûmes modifier la disposition de notre groupe. Elmaril était à sa tête maintenant. Gurthis partageait son cheval, Erak et moi la suivions de près, mais quand même ! Il fallait bien passer par là. Elle allait se révéler utile, elle n’avait aucun intérêt à nous faire faux bond !
Stenn aussi se distingua par ses actions. Il était temps ! Toutes les heures, il s’efforçait de noter nos déplacements et de dessiner fidèlement les routes que nous parcourions. Un effort pénible auquel il s’habitua. Être guidé par cette guerrière farouche, c’était une autre histoire…
Le panorama perdit en magnificence et son aspect se ternit. Nouvelles terres, nouveaux paysages ! Les conifères évinçaient les autres arbres, la verdure diminuait en intensité et la faune se dispersait plus. Des animaux manifestaient encore leur présence : très vite, mes compagnons les jugèrent hostiles. Pas de conclusion hâtive, par pitié ! Massacrer de pauvres bêtes ne nous aiderait pas à progresser.
Du reste, le terrain gagnait en altitude à mesure que son charme disparaissait. Les rumeurs disaient vraies : ces contrées contenaient peu de traces humaines. Nous étions parmi les premiers à l’explorer ! Peut-être y vivions-nous dans un lointain passé, mais cette époque était révolue. L’endroit était moins accueillant. Aucune importance ! Il le redeviendrait dans peu de temps.
Cette première perspective composait notre nouveau quotidien. Nous nous aventurions sur un territoire risqué qui ne ferait preuve d’aucune merci. La destination paraissait inaccessible et pourtant si proche... Rien ne nous arrêterait tant que nous restions unis !
Erak empêchait les querelles insensées d’éclater. Génial, grâce à lui, nous ne redoutions que les menaces externes ! Il restait notre meneur en toutes circonstances, quoi qu’en pense Elmaril. Une cohésion se formait entre nous, j’en étais persuadé !
Le temps passait et devenait moins abordable. Déjà, ma veste en laine ne me protégeait plus du froid, et je n’avais pas envie de m’emmitoufler dans mon manteau en fourrure. Puis nous aperçûmes un bosquet de pins au nord, là où nous nous dirigions. Jaeka proposa de le contourner pour abreuver nos chevaux ailleurs, histoire de trouver un cours d’eau convenable. Mais un désaccord apparut contre l’acquiescement général. Arzalam manipula les rênes de sa monture et changea de direction.
— Où vas-tu, Arzalam ? s’enquit Jyla, haussant les sourcils.
— Tu n’as rien détecté ? demanda le mage en retour. J’ai senti une présence magique, là-bas… Nous devons découvrir sa nature.
— C’est la seule présence magique des environs ? intervint Erak. Je m’y connais peu en magie, mais ça ne me surprend pas. Nous nous rapprochons de Temrick, c’était inévitable.
— Nous devons en avoir le cœur net. Faites-moi confiance, j’ai bien étudié ces phénomènes.
— Très bien, nous te suivrons alors.
Des désapprobations par-ci par-là… Mais mon oncle avait raison : notre quête consistait aussi à percer les mystères de cette région. De l’exploration comme on en voulait ! Fort de l’accord de son chef, Arzalam éperonna son cheval qui galopa le long de la plaine jusqu’à son nouvel objectif. Il fallait le suivre malgré notre hésitation, résoudre ces fascinants mystères !
Nous nous arrêtâmes aux pieds des pins, et là… j’ouvris grand les yeux. Un squelette ! un véritable squelette contre le tronc d’un arbre ! Des champignons l’entouraient à proximité des buissons. Son crâne basculait sur le côté, ses bras reposaient sur le sol et ses jambes étaient tendues. Il était mort depuis longtemps ! Bizarrement, ses os demeuraient intacts et exempts de poussières. Des frissons parcoururent mon corps pendant que je l’observais. Voilà le destin qui nous attendait… Non, je ne devais pas m’enfermer dans des pensées lugubres ! Le défaitisme n’était bon pour personne.
Arzalam bondit de sa selle. Perplexe, je consultai Jyla avant de l’imiter. Le mage s’agenouilla auprès du squelette et palpa ses côtes. Manifestement, il cherchait les causes de sa mort. Sa méthode était incompréhensible ! Mais il devait en tirer des informations. L’un après l’autre, nous descendîmes de notre cheval dans l’attente de la prochaine directive. La mage s’empressa alors de rejoindre son confrère. Qu’en était-il de la cause de la mort ? Eh bien, ils ne semblaient pas d’accord.
— Ses doigts sont écartés et sa posture est typique, constata Arzalam. Il devait être un mage de son vivant.
— Qu’en sais-tu ? désapprouva sèchement Jyla. Ces indices sont bien maigres. Nous ne pouvons rien prouver de cette simple déduction.
— Mais la conseillère nous a dit que les mages ont beaucoup fréquenté les lieux, rappelai-je. Cela fait des années qu’il est mort, qui d’autre ça pourrait être ?
— Tu ne t’y connais pas ! N’essaie pas de raisonner à ce sujet, ça ne te concerne pas. Les possibilités sont nombreuses.
Pourquoi tant de haine ? Je ne trouvais pas les mots pour répliquer… Quoi qu’il en soit, soulever nos interrogations serait crucial pour la suite. Mon oncle soutint mon opinion à mon bonheur !
— Notre avis importe aussi, dit-il. Les actions des précédents explorateurs nous concernent aussi. En évitant de reproduire leurs erreurs, notre expédition ne pourra que mieux se dérouler.
— Ce n’est pas pareil, rétorqua Arzalam. Ces mages désiraient mener leurs propres recherches au sein même de la chaîne de montagnes. Vous souhaitez juste les traverser.
— Vous faites partie de notre compagnie. Vos objectifs concordent avec les nôtres. Et n’oubliez les paroles de Dratia : l’exploration est aussi primordiale que la traversée.
Les mages parurent étonnés. Mon pauvre oncle, arriverait-il un jour à obtenir leur confiance ? Du temps lui serait nécessaire, mais comme à chaque fois, il nous rallierait tous sous une même cause ! Nos intérêts convergeaient, j’espérais qu’ils avaient enfin compris cette vérité.
Je braquai mon regard vers mes autres compagnons. Margolyn n’appréciait pas trop de partager la selle de Ralaia, visiblement. Réprimant un grognement, elle étira tous ses membres puis jeta un coup d’œil au squelette.
— Ce pourrait être une guerrière du clan Nyleï, suggéra-t-elle.
— Pas du tout ! riposta Elmaril. Nous sommes venues ici récemment. N’importe qui ayant un peu de jugeote saurait que ce squelette est daté. Je n’ai pas besoin de tes accusations mensongères.
— Tu ne nous dis pas tout, insinua Gurthis. Je t’ai trouvée bien silencieuse jusqu’à maintenant. Tu es déjà passée par ici… Tu dois savoir des choses.
— Je ne veux pas vous faire peur.
Que serait une journée sans que Ralaia se dresse face à Elmaril ? Là c’était intéressant ! L’archère se plaça face à la sauvage, plaqua ses mains contre ses hanches et la toisa.
— Jusqu’ici, nous t’avons tolérée dans notre compagnie, intimida-t-elle. Ne nous fais pas regretter notre choix. Qu’as-tu découvert lors de ton dernier passage ? Réponds !
— Nous ne sommes pas en sûreté ici, annonça Elmaril d’une voix sombre. Des humains ont altéré la nature environnante. Elle a perdu toute sa beauté et nous est devenue hostile.
— Nous l’avions déjà remarqué, interrompit Erak. Elmaril, tu dois être franche et tout nous dévoiler, sinon, je ne pourrais plus te protéger d’eux.
— Vous l’aurez voulu, dit la guerrière, un sourire malicieux aux lèvres. Pour tout avouer, l’extrême nord de l’Ertinie a intéressé notre clan pendant quelques temps. Nous voulions conquérir des territoires abandonnés. Ça ne s’est pas passé comme prévu. Dès que nous avons vu comment les anciens explorateurs ont altéré la nature, nous sommes partis…
Au tour de Jyla de se redresser ! Elle rebondit même sur les paroles d’Elmaril ! Cette jeune mage devenait de plus en plus expressive… C’était à n’y rien comprendre !
— Tu soupçonnes des mages d’avoir accompli de terribles choses ici ? interrogea-t-elle.
— J’en suis même certaine, affirma la sauvage. Ils ont sans doute pratiqué leur magie sur de pauvres animaux. Nous nous sommes heurtées aux résultats de leurs expérimentations. Et ça n’a pas été beau à voir. Nous n’avons pas été nombreuses à en réchapper.
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