05. Etreinte éreintante

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Liam

Un mouvement dans le lit, un frôlement contre ma jambe, mon esprit encore embrumé par le plaisir ressenti il y a quelques heures a du mal à analyser ce qu’il se passe. Mais quand un sein pâle frôle mon torse et que je sens un bras s’appuyer sur mon torse, les neurones se connectent et je comprends que ma partenaire de la nuit est en train d’essayer de se dégager de ce coin entre le mur et moi, où elle s’est un peu assoupie suite à notre étreinte passionnée. Je la retiens doucement en appuyant sur le bas de son dos et allume la petite lumière de ma table de chevet. J’adore la voir ainsi me chevaucher. Je sens ses douces jambes le long des miennes, ses seins qui reposent sur mon torse et sa tête qui vient se nicher dans mon cou.

— Salut Cendrillon. C’est l’heure où tu te transformes en citrouille ? lui demandé-je en continuant à lui caresser le dos et les fesses.

— Je ne sais pas quelle heure il est, mais c’est sûr que je risque la transformation si je ne suis pas chez moi à celle du petit déjeuner, rit-elle doucement en déposant des baisers dans mon cou.

— Je crois, moi, que c’est l’heure de recommencer, Sweetie. Ce serait bête de ne pas profiter d’être tous les deux réveillés avant de se séparer, non ?

Mon corps se réveille déjà et elle ne peut que le ressentir tant elle est lovée contre moi. Hier soir, j’étais dans le besoin impérieux de lui faire l’amour, et je pense qu’elle éprouvait la même urgence, car notre étreinte a été vigoureuse et sauvage. Là, nous sommes tous les deux plus calmes, mais je pense que nous éprouvons la même envie de nous retrouver car je la sens resserrer ses jambes et se cambrer un peu pour glisser une main entre nous. Elle se saisit de mon sexe et j’ai l’impression que ses doigts se font timides quand elle s’amuse à le caresser doucement. Elle observe comment je réagis à ses caresses et semble complètement absorbée par la vision de cette verge noire entre ses doigts blancs. Je me demande si je suis le premier black avec qui elle fait l’amour, mais je n’ai pas le temps d’élaborer sur cette pensée car elle décide de passer à la vitesse supérieure. Sarah a repéré où je range mes préservatifs et se saisit d’un sachet dans ma table de chevet. Elle le déchire lentement et le déroule sur mon sexe avant de glisser ma hampe entre ses lèvres qui s’écartent alors qu’elle s’empale sur moi.

A nouveau, la magie opère et le plaisir s’intensifie. Lentement, elle ondule sur mon corps tandis que je la caresse et parcours ses courbes sans modération. J’adore sentir son intimité se refermer sur mon érection, l’emprisonner dans sa douce chaleur. Les sensations sont divines et notre rythme s’accélère peu à peu. Elle se redresse et je peux à nouveau m’emparer de ses merveilleux globes dans mes mains alors qu'elle commence de petits mouvements sur son clitoris tout en gémissant. Que ce son est magique, qu’elle est sexy quand elle se donne ainsi du plaisir sur moi qui essaie de répondre à ses mouvements de plus en plus amples par des coups de reins qui m’enfoncent profondément en elle.

C’est agréable mais j’ai envie de reprendre le contrôle de la situation. Je capture ses mains que je remonte au-dessus de sa tête avant de pivoter et de reprendre la maîtrise de nos ébats. J’adore la voir ainsi s’offrir à moi et je pose mes lèvres sur son nez, ses lèvres, son menton, puis je m’empare d’un de ses tétons que j’aspire et lèche avec envie. Je maintiens ses bras d’une de mes mains mais ne reste pas oisif avec l’autre qui prend le relais sur son bouton d’amour que je frotte aussi en allant et venant au fond d’elle. Elle se crispe en dessous de moi et serre ses jambes sur mes fesses afin de me permettre de la pénétrer plus fort, ce que je fais sans me retenir. A cet instant, nous sommes concentrés sur notre objectif commun, connaître à nouveau l’extase, et quand elle arrive et que je jouis au fond d’elle, c’est un pur délice de ressentir cet orgasme qui entraîne dans son sillon le sien. Jamais je n’ai joui comme ça avec mes partenaires précédentes, mais jamais aussi je ne lui avouerai ça.

Lorsqu’enfin, je me retire d’elle, je fais attention au préservatif et je me lève pour aller le jeter. Quand je reviens, je suis surpris de constater que Sarah est déjà en train de remettre sa culotte et de se rhabiller.

— Tu es pressée de me quitter, Sweetie ?

— Il faut que je rentre. Je… Ma mère est, comment dire, rit-elle nerveusement. Hyper protectrice ? Si je découche sans l’avoir prévenue, elle va faire une attaque.

— Ah, je vois. En tous cas, tu sais ce qu’on dit ? Jamais deux sans trois. J’espère que l’on se reverra car ces instants sont très agréables, ajouté-je en l’aidant à refermer la fermeture éclair de sa robe.

— Tu leur dis toutes ça ? C’est ton accroche pour avoir un plan de secours en cas de soirée sans avoir réussi à pêcher une gonzesse ? pouffe-t-elle en glissant ses pieds dans ses sandales.

— Je ne dis ça qu’à celles qui savent répondre avec talent à mes propositions, ris-je. Et tu vaux plus qu’une roue de secours, je te l’assure.

J’ai conscience d’en avoir un peu trop dit et de m’être un peu lancé sur une pente glissante. Si elle vaut plus qu’un plan cul, ça fait quoi de notre relation ? Je ne suis pas prêt à me lancer dans une relation exclusive, si ? Et pourtant, avec elle, c’est différent, elle pourrait presque me faire flancher dans mes convictions. En tous cas, je vois que je l’ai un peu mise mal à l’aise.

— Allez, Cendrillon, le carrosse va se transformer en citrouille. Rentre vite chez toi ! indiqué-je en déposant un petit baiser sur son front.

— Voilà que tu me mets à la porte ! A bientôt, pour le “jamais deux sans trois”, Capitaine. Bonne nuit, sourit Sarah en sortant de ma chambre.

Eh bien, voilà qui promet pour la suite. Je vais à ma fenêtre et l’observe sortir de chez moi. Elle ne se retourne pas vers la maison mais se dirige à grands pas vers sa voiture qu’elle a garée sur la route, sans oser se mettre devant notre garage. Si elle savait que nous n’avons pas les moyens d’avoir une voiture et que la seule chose qui se trouve dans cette pièce à part ma moto, ce sont la trottinette de Judith et le vélo de mon père… En tous cas, j’admire ses formes à la lumière du lampadaire et ne retourne me coucher qu’une fois que je suis sûr qu’elle est bien partie sans avoir été embêtée par une personne mal intentionnée. Dans mon quartier, on ne sait jamais ce qui peut arriver une fois la nuit tombée.

Le réveil est à nouveau difficile au petit matin. J’ai vraiment l’impression que mes exercices nocturnes avec Sarah sont aussi épuisants que mes entraînements de basket. Je file en cours après avoir déposé Judith chez Megan alors que mon père est déjà parti au boulot. J’enchaine ensuite avec deux heures à la caisse du supermarché, avant de retourner sur le campus pour l’entraînement qui me laisse sur les rotules. Le prochain match est prévu ce weekend et nous nous déplaçons à Chicago pour affronter nos voisins et adversaires préférés, il faut qu’on soit prêt, mais j’avoue que j’ai été à la ramasse sur toutes les courses et que je n’ai pas été très efficace sur les paniers à mettre. Heureusement que mon coach connaît mes capacités habituelles car je n’ai enduré aucune remontrance de sa part, juste de nombreuses plaisanteries graveleuses de mes coéquipiers que j’ai prises avec philosophie.

Quand je rentre chez moi, je suis content de ne pas avoir à ressortir pour aller travailler au Unicorn Café qui est fermé ce soir, parce que je ne suis pas sûr que j’aurais tenu le coup. Mon père est là et joue sur son téléphone, comme à son habitude. Je constate qu’on a à nouveau deux rappels pour des factures d’électricité et pour le loyer qui n’ont pas été payées. Peut-être que c’est dû à la fatigue, mais je ne peux me contrôler et m’emporte contre mon paternel qui ne lève pas les yeux de son appareil.

— Daddy, on a encore deux factures qui n’ont pas été réglées ! Pourquoi tu ne les payes pas ? Déjà que c’est moi qui m’occupe de la nourriture et des dépenses du quotidien, je ne peux pas assurer en plus le paiement des factures ! l’attaqué-je à distance.

— Bonsoir Fils, je vais bien, merci, et toi ? bougonne-t-il. Je t’ai dit de ne pas t’occuper de ça, je gère.

— Ah oui ? Tu gères ? C’est pour ça que je me crève à faire deux boulots en plus des cours et des entraînements ? Et encore, heureusement que l’université est gratuite, sinon, je ne vois pas comment je pourrais faire pour avoir une bonne éducation. Tu comptes les payer quand, ces deux factures ?

Je m’approche de lui et pose ma main sur son téléphone pour qu’enfin il s’arrête de jouer et me regarde quand il me parle.

— Quand j’aurai eu ma paie de la semaine. Tu crois que ça me fait plaisir de devoir attendre les rappels, peut-être ? Cette maison nous bouffe tout, c’est un gouffre à fric pas possible. Alors, tu te calmes, et tu me parles autrement. Je sais que tu en fais beaucoup, mais je vais arranger les choses, je te le promets.

— Pourquoi tu te prends pas un deuxième boulot, Daddy ? J’en ai marre d’être le seul à me crever à la tâche. Tu imagines, j’ai deux boulots en plus du basket et des cours ? Je vais devenir fou, moi !

— Oh ça va, Liam, tu es jeune, et il me semble que tu as encore assez d’énergie pour ramener des gonzesses à la maison, alors ne va pas me dire que tu es épuisé non plus. Je n’ai plus ton âge, moi, et je fais tout ce que je peux pour être aussi présent pour vous.

En ce moment, ce ne sont pas des gonzesses que je ramène à la maison, mais une unique fille qui me fait complètement tourner la tête quand elle est dans mon lit. Mais bon, là n’est pas le problème. Le souci, c’est que j’ai l’impression d’être le seul à faire des efforts pour nous maintenir à flot financièrement.

— Mais arrête un peu de jouer avec ton téléphone ! m’emporté-je. Tu fais quoi à toujours pianoter comme ça ? Tu penses peut-être que ça va nous faire rentrer de l’argent sur le compte ? J’ai vu sur la dernière facture que tu avais dépensé encore trente dollars hors plan. Tu crois vraiment que c’est une bonne idée de dépenser du fric pour du virtuel alors qu’on en a besoin dans le réel ?

— Liam, ça suffit. Va donc faire tes devoirs et laisse-moi gérer, soupire-t-il, visiblement abattu. Tu ne crois pas que c’est suffisamment compliqué comme ça pour moi de devoir me reposer sur toi sans qu’en plus tu aies besoin de me faire des remontrances comme si j’étais ton gosse ? Va tirer ton coup, ça te détendra peut-être, finalement !

Il a raison, je lui ai clairement manqué de respect, et ça ne me ressemble pas. Mais je suis vraiment crevé suite à la courte nuit que j’ai passée. Et inquiet pour notre avenir, aussi. Moi, je devrais pouvoir m’en sortir, surtout si j’arrive à rejoindre une équipe professionnelle de basket, mais que deviendrait ma petite sœur si on avait d’autres problèmes financiers ? Il suffirait que l’un d’entre nous tombe malade pour que l’on ne puisse plus s’en sortir sur le plan financier.

— J’aimerais bien aller tirer mon coup, mais là, je dois faire à manger pour tout le monde vu que personne d’autre ne le fait. Tu veux manger quoi, Daddy ? Judith, je te prépare des nuggets et des potatoes ?

— Oui, mais je veux pas que vous vous disputiez à table, s’il te plaît, Liam, boude ma soeur. J’en ai marre de vous entendre crier, moi.

— Non, je ne mange pas ici, moi. Je sors. J’ai rendez-vous avec un pote. Ne m’attendez pas pour aller au lit, je ne sais pas à quelle heure je rentre. Bonne nuit, Baby Jay, me surprend mon père avant d’embrasser ma petite sœur et de se barrer, me plantant là en cuisine, complètement abasourdi.

Non mais, il croit quoi ? Qu’il peut sortir et nous laisser comme ça ? Pendant que nous, on se tue au boulot, lui sort avec ses potes ? Comme si on avait l’argent pour faire des sorties ! J’ai envie de lui courir après, de le forcer à rentrer, mais je me retiens. Si je fais ça, on va encore se disputer et au final, c’est Judith qui va en pâtir. Alors, je me retiens, je prépare le repas et m’occupe d’elle jusqu’à l’accompagner dans sa chambre.

— Bonne nuit, Jude. Dors bien, ma Puce.

— Bonne nuit, Liam. Tu veux bien me lire une histoire, s’il te plaît ? Et… Tu sais, j’aime pas quand vous vous disputez avec Papa. Je vous aime trop et j’ai pas envie que tu partes comme notre Maman.

— Ne t’inquiète pas, je ne te quitterai pas, moi. Je fais tout pour que tout aille bien, tu sais ?

— Oui, je sais. Heureusement que tu es là, Lili, soupire la petite en entourant mon cou de ses petits bras.

La vie n’est pas toujours facile, c’est sûr. On ne roule pas sur l’or, on est même plutôt dans la galère sur le plan financier, mais au moins, on est ensemble, en famille. Et ça, ça n’a pas de prix. Ces petits moments du quotidien, c’est pour ça qu’on fait tous les efforts le reste du temps. Et il faut vraiment que j’aille me coucher tôt ce soir et que je me repose. Je ne peux pas me permettre de me disputer avec mon père. Si on veut survivre à toutes ces épreuves, il faut qu’on se soutienne, pas qu’on s’oppose. Même s’il agit comme un gamin.

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