60. La fièvre d'Halloween

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Sarah

Je crois que je ne me suis jamais autant maquillée de ma vie. Franchement, mon perso abuse sur le make up. Je dois avouer que je trouve le résultat plutôt pas mal. Enfin, entendons-nous bien, c’est pas mal quand tu te retrouves peinturlurée comme une toile, quoi. Une paupière bleue, l’autre à mi-chemin entre le rouge et le rose… Pas trop mon trip, mais c’est rigolo.

— Liam ? Tu peux me donner un coup de main, s’il te plaît ? crié-je à l’entrée de la salle de bain avant de revenir devant le miroir pour me faire deux couettes hautes.

Hors de question de mettre n’importe quoi dans mes cheveux, et je n’ai pas envie de crever de chaud sous une perruque, alors tant pis pour les cheveux colorés, je ferai sans. De toute façon, une fois le tee-shirt enfilé et le short rouge et bleu qui ne cache pas grand-chose, la batte à la main, personne n’aura de doute quant à mon personnage. Harley Quinn est dans la place.

Je pince mes lèvres peintes en rouge et resserre les pans de mon peignoir lorsque Liam entre enfin dans la salle de bain. Il est en boxer, et j’ai hâte de le découvrir dans son costume, j’avoue.

— Tu veux bien me dessiner un petit cœur sur la joue avec ça ? lui demandé-je en lui tendant mon eye-liner. Vas-y mollo, hein ? Ce truc coûte une blinde. Tu veux la photo pour voir la taille ?

— La taille ? demande-t-il, complètement déconcentré alors que son regard s’est posé sur ma poitrine qu’il peut deviner à travers le peignoir qui s’est entrouvert.

— Mes yeux sont là, ris-je en attrapant son menton pour lui relever la tête. La taille du cœur sur la joue de Harley Quinn, espèce de pervers.

— Ah oui, désolé. Non, ça va, je connais. Je te fais ça tout de suite, Sweetie. Mais qu’est-ce que tu es belle !

Je dois rougir, c’est sûr, et je détourne le regard alors que c’est lui qui attrape mon menton pour m’immobiliser pendant qu’il s’applique à dessiner sur ma pommette. Je ne sais pas ce qui me prend, mais j’attrape sa nuque lorsqu’il se redresse pour poser mes lèvres sur les siennes.

— Merci, soupiré-je en essuyant sa bouche couverte de rouge à lèvres de mon pouce. Alors, prêt à te mettre dans la peau de Will Smith ?

— Oui, mais franchement, je suis obligé de mettre le truc sur mon œil ? me demande-t-il, le viseur rouge à la main.

— C’est toi qui as voulu ce personnage, hé ! Je vais me retrouver avec un short plus petit que ceux de Jude sur le cul, tu peux bien enfiler cet accessoire, non ? Tu as peur de faire fuir les filles, c’est ça ?

— Tu vas faire tourner toutes les têtes avec ça, Sweetie. Tu m’aides à l’enfiler, ce costume ? Et tu as raison, si tu mets le petit short, moi, je peux bien mettre le viseur. Deal, Sweetie ?

— Deal. Mais pour ton information, il n’y a qu’une tête que j’ai envie de faire tourner… Je m’habille et j’arrive, ça te va ?

— On fait comme ça, lance-t-il en retournant dans sa chambre.

Je suis en train de faire n’importe quoi avec lui. Je joue avec le feu, et le pire c’est que ça me plaît. Je sens que je vais flancher et accepter sa proposition, quitte à me brûler les ailes. Franchement, aucune envie qu’il s’habille, j’aurais préféré qu’on se retrouve à poil et sous la couette. Je dois vraiment être en manque pour avoir les idées aussi mal placées, mais c’est de pire en pire, je ne pense plus qu’à ça quand il s’agit de Liam.

Je file dans ma chambre et me bats avec ce foutu short trop moulant que j’enfile par-dessus un collant en résilles. L’Intello est dévergondée, ce soir, ça promet. Je crois surtout que je vais avoir froid, j’ai le ventre à l’air, en prime. On est bien loin de la fille sage et je me demande si ma propre mère me reconnaîtra avec tous ces accessoires.

Je frappe et entre dans la chambre de Liam, batte à la main en essayant de faire une bulle avec mon chewing-gum. L’effet escompté n’est pas réussi, mais il doit s’en foutre vu comme il me détaille de la tête aux pieds.

— Prêt à devenir Deadshot, le basketteur ?

— Deadshot le basketteur ? Mais je pensais qu’il était… bafouille-t-il sans parvenir à détourner son regard de moi, provoquant une douce chaleur à l’intérieur de mon corps.

— Tu aimes ce que tu vois, j’espère. Fais gaffe, tu as un peu de bave, juste là, me moqué-je en montrant le coin de ma bouche.

— Ah oui ? répond-il en venant déposer ses lèvres à l’endroit où je viens de poser mon doigt.

— Tu vas avoir du rouge à lèvres partout, Liam…

Ce qui ne m’empêche pas de poser à nouveau mes lèvres sur les siennes, plus franchement, alors qu’il passe son bras autour de moi et m’attire tout contre lui.

— Pardon, soupiré-je en me libérant de son étreinte. Je… Donc, tu t’en sors avec ton costume ?

— Il ne reste plus qu’à fermer la fermeture éclair, oui. Tu ne trouves pas ça trop moulant ?

— Sûr que si tu passes la soirée à bander, tout le monde va s’en rendre compte, pouffé-je en me mettant derrière lui pour remonter le zip dans son dos. Pour le reste… Ça te fait un cul d’enfer, pour info.

— Il va falloir que tu passes la soirée loin de moi, alors, parce que là, ne pas bander, c’est quasi mission-impossible, Sweetie.

Je l’entraîne sur son lit et l’y fais asseoir pour lui passer le bandeau avec le viseur. Liam en profite pour promener ses mains sur mes jambes, remontant jusqu’à la naissance de mes fesses, qu’il finit par empaumer avec un sourire.

— Tu sais que le cœur de Harley Quinn est pris par le Joker, n’est-ce pas ? Je sais bien qu’il y a une scène coupée où elle galoche Deadshot, mais officiellement, il ne se passe rien, profiteur ! ris-je alors qu’il vient presser sa bouche sur mon ventre nu.

— Officiellement, il ne se passe rien ici non plus, Harley, rien du tout, continue-t-il en faisant glisser sa langue sur ma peau.

Je ne le repousse pas. Je devrais, mais j’aime trop cette proximité entre nous et ces attentions qui échauffent mon sang comme aucun homme ne l’a jamais fait auparavant. C’est mal, mais tellement agréable.

— Regardez mon costume ! crie une petite voix alors que nous entendons Jude accourir dans la chambre.

Charme brisé. Tension sexuelle quasiment redescendue alors que je m’écarte et me racle la gorge et que Judith déboule dans une robe de la Reine des Neiges.

— Je vais aller chercher des bonbons avec Papa et Vic dans le quartier ! Je suis jolie ?

— Tu es superbe, indique Deadshot en attirant la petite princesse à lui pour lui donner un baiser. Nous, on va aller à notre petite fête sur le campus. On rentrera tard. Amuse-toi bien et ramène-nous plein de bonbons, surtout !

Je dépose un baiser sur la joue de Jude et file chercher ma veste avant de descendre les escaliers, où ma mère semble nous attendre.

— Eh bien… Liam, j’espère que tu vas avoir ta sœur à l'œil, parce qu’elle risque d’attirer le regard, ce soir, marmonne-t-elle alors que je grimace.

— Il va falloir être ingénieux, Deadshot, avec un seul œil, ça va être compliqué, dis-je. Bonne soirée Maman. Bonne soirée, Jim. Vous auriez pu vous déguiser quand même !

— Ce n’est plus de notre âge… Sans rire, Sarah, c’est un peu… Osé quand même, non ?

— C’est le personnage qui veut ça, Maman. Respire, je te promets de faire attention, et puis, j’ai un garde du corps.

— Je ne vais pas la quitter du regard, promis, Vic, intervient Liam qui porte sur moi ses yeux enfiévrés. Personne ne viendra lui manquer de respect.

Je lève les yeux au ciel et sors de la maison, suivie de près par le basketteur qui s’installe sur le siège passager de ma voiture. Je démarre rapidement et prends la direction de l’université.

— Vu ton succès auprès des filles, je doute que tu puisses jouer le chien de garde toute la soirée.

— Peut-être que, comme toi, j’en ai assez d’être frustré et que j’ai besoin de plus. En tous cas, tu n’as pas l’air d’avoir envie d’être protégée, toi. Tu sais, même si tu me fais bander, je vais te laisser tranquille, je ne voudrais pas que tu te sentes bloquée et que tu ne profites pas de ta soirée.

— Ben voyons, marmonné-je. Dis-le si tu as juste envie de te trouver une meuf, hein, plutôt que de me coller ça sur le dos.

— Si j’avais eu envie de trouver une meuf, ça fait longtemps que je l’aurais fait, grommelle-t-il en tournant son regard vers les maisons qui défilent.

— Je peux me protéger seule, je crois. Mais j’aime l’idée que tu gardes un œil sur moi. J’en ai marre d’être frustrée, mais j’ai la trouille qu’on soit découverts par les parents si… Enfin… Ou Jude. Tu imagines si elle nous avait chopés en train de nous embrasser ?

— Oui, j’ai bien compris qu’il n’y avait pas de deal, là-dessus, soupire-t-il en posant sa main sur mon genou et en portant à nouveau son attention sur moi. Mais putain, que c’est dur de résister à la tentation. C’était tellement bon quand on se retrouvait avant que nos parents ne se mettent ensemble…

— Non, je crois que tu n’as pas bien compris, en fait… Tu n’imagines même pas comme j’ai envie d’accepter ce deal, Liam. J’y pense tous les jours, chaque fois que je te vois, en fait…

— Oh, vraiment ? s’interroge-t-il pendant que sa main remonte le long de ma cuisse dans une divine torture. Je vais te proposer un autre marché, alors. Ce soir, tu es belle à croquer, Sweetie. Sensuelle et sexy, impossible de te résister. J’ai une folle envie de te demander de t’arrêter là, et de faire l’amour. Mais je te propose qu’on aille à la fête et qu’on fasse tout pour résister à cette tentation qui nous attire l’un vers l’autre. Si on réussit, c’est qu’on n’était pas si tentés que ça. Et sinon… Advienne que pourra. Deal, Sweetie ?

Ouais, moi aussi j’ai envie de me garer et de lui sauter dessus. Je ne sais d’ailleurs pas ce qui me retient réellement. Si Harley Quinn avait envie de lui sauter dessus, elle le ferait sans hésitation, elle. D’un autre côté, tout le monde ne l’appellerait pas son “frère”, elle. Pas si tentée que ça ? Bon sang, je ne sais même pas comment j’ai fait pour tenir aussi longtemps !

— Deal, dis-je finalement. Enfin bon, on résiste depuis des semaines… Je ne vois pas trop en quoi ce soir pourrait être différent.

— C’est différent parce que ce soir, j’ose faire ça, réplique-t-il en se penchant pour m’embrasser dans le cou.

Je frissonne au contact de ses lèvres sur ma peau et suis bien tentée de fermer les yeux pour profiter au maximum de cet instant, mais ce serait plutôt malvenu étant donné que je conduis. Je sens son souffle caresser mon épiderme et sa bouche s’y poser à plusieurs reprises, et j’en manque l’entrée sur le campus. Je freine un peu brusquement, ce qui lui fait redresser la tête.

— T’es un peu malade de faire ça alors que je conduis, ris-je. Tu sais très bien l’effet que ça me fait… Enfin, t’as bien compris que j’adore ça, c’est traître de ta part.

— J’essaye de te donner un avant-goût de ce que la nuit va nous offrir si l’on ne parvient pas à résister à la tentation. Avant ça, par contre, tout reste possible.

Je soupire et m’engage sur le parking du campus, où je vois Evan et Becca qui m’attendent sur un banc. Je me gare à quelques places de là et arrête la voiture en me tournant vers Liam.

— Pour info… Si Will Smith me fait fantasmer, sache que tu n’as clairement rien à lui envier, dis-je en lui faisant un clin d'œil avant de sortir de la voiture.

Pas sûre de résister, ce soir. J’en ai trop envie pour être sérieuse, et j’ai presque hâte de flancher. Non, j’ai carrément hâte, en fait. Je veux flancher, et pas trop tard dans la soirée, pour profiter de notre nuit. Je dois être possédée par Harley Quinn, mes barrières s’effondrent petit à petit. En même temps, on parle de Liam, là. Et, honnêtement, Liam en Deadshot, c’est un fantasme vivant. Comme si je pouvais avoir encore davantage envie de lui qu’à l’ordinaire. La soirée promet vraiment d’être intéressante.

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