129. Un fantasme, et fini le secret

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Liam

Je sors de cours et me dirige vers la salle où nous faisons nos entraînements de basket. Abdul y est déjà et je suis donc seul sur le chemin, perdu dans mes pensées. Cela fait deux semaines maintenant que nos parents sont rentrés, mais nous ne leur avons encore rien dit. Le retour à l’obligation de se cacher n’a pas été simple pour nous deux mais n’a pas vraiment calmé nos ardeurs. J’ai l’impression que l’on ne fait que ça et que l’on est tous les deux toujours en demande de plus. Je ne sais pas si ce sont les hormones, la grossesse ou simplement l’amour, mais nous sommes tous les deux aussi insatiables l’un que l’autre.

Chaque jour, avec Sarah, nous évoquons ce secret qui nous pèse de plus en plus et j’ai l’impression que nous en sommes presque arrivés à attendre une erreur de l’un d’entre nous pour enfin tout avouer. Pour l’instant, en tous cas, personne ne se doute de rien, nos nuits sont d’un érotisme sans nom et nous profitons de chaque occasion supplémentaire pour nous retrouver et nous aimer. Je n’en reviens toujours pas comment moi, qui batifolais de fille en fille, j’ai pu devenir aussi accro à une femme et que non seulement je ne suis pas frustré de ne plus multiplier les partenaires, mais en plus je suis comblé et plus que satisfait d’être avec elle.

Avant d’entrer dans la salle, je prends mon téléphone et compose le numéro de Sarah qui décroche rapidement.

— Salut, Capitaine. Tout va bien ?

— Oui, Sweetie. Je voulais juste te dire que je t’aime et que tu me manques.

— Eh bien… Quel romantisme ! Je t’aime, et ne tarde pas trop à rentrer après l’entraînement, tu me manques aussi.

— Promis, dès que c’est fini, je rentre. Et je vais te couvrir de bisous, promis ! A ce soir !

— A ce soir, beau basketteur. Fais attention à toi, tes coéquipiers sont dingues, rit Sarah avant de raccrocher.

C’est clair qu’ils sont dingues, même si depuis quelques semaines, avec le draft qui approche, tout le monde est plus sérieux. Et on n’a pas renouvelé l’expérience d’une soirée aussi dingue que celle qui nous a tous fait finir complètement bourrés. J’entre dans le bâtiment et surprends un mouvement dans le coin du bureau qui se situe dans le hall d’entrée. Je jette un œil curieux et surprends Abdul, les fesses à l’air, en train de se taper Becca qui est à moitié allongée sur le bureau. Elle pousse de petits gémissements qui me font croire qu’elle apprécie le traitement que mon coéquipier et ami est en train de lui administrer. J’hésite un moment à dire à Abdul de se magner mais préfère les laisser profiter un peu. S’il est en retard à l’entraînement, il sait ce qu’il risque : autant de tours de la salle en courant que de minutes de retard. Une sanction qui calme et fait que nous commençons tout le temps à l’heure !

Je rassemble mes coéquipiers sur le bord du terrain et le Coach nous rejoint. Il commence à nous donner les consignes du jour quand Abdul se pointe enfin, le short mal remis. Notre entraîneur se contente de regarder sa montre sans un mot et lève six doigts vers mon ami qui ne râle même pas et se met à courir pour faire ses six tours du terrain. Tous ses coéquipiers, qui semblent savoir aussi bien que moi ce qu’il faisait avec Becca, se moquent de lui et le sifflent à chaque passage jusqu’à ce qu’il nous rejoigne dans notre exercice de dribble.

— Eh bien, Abdul, on ne peut pas dire que tu étais discret, dis-donc ! l’interpelé-je alors qu’on se retrouve en face l’un de l’autre.

— Ah, Capitaine… Cette fille, c’est un vrai volcan. Impossible d’éteindre le feu qui la brûle !

— J’ai l’impression que le feu brûle aussi de ton côté, me moqué-je gentiment. Tu n’es pas crevé ? Tu vas pouvoir assurer tout l’entraînement ?

— Oui, oui, ne t’inquiète pas. Et tu ne sais pas ce que c’est son dernier fantasme ? Ça te concerne, indirectement.

Je crains le pire et je ne peux savoir immédiatement ce que Becca a en tête qui l’excite car nous devons continuer nos exercices et je me retrouve éloigné de mon ami. Mais je m’imagine qu’elle a dû lui parler d’un plan à trois ou bien d’un moment où je m’occupe d’elle alors qu’il nous regarde. Franchement, venant d’elle, ça ne peut pas être quelque chose de raisonnable.

— Bon, alors, tu veux vraiment me dire ce qu’elle a en tête comme fantasme, Becca ? lui demandé-je au moment de la pause avant le match, alors que nous sommes tous en train de nous désaltérer.

— Ouais, tu vas pouvoir me dire si c’est vrai d’ailleurs.

— Si c’est vrai ? De quoi tu parles ? Si c’est un fantasme, ça ne peut pas être vrai, si ?

— En fait, tout à l’heure, elle m’a sauté dessus et…

Il s’interrompt et regarde si le Coach est bien à distance avant de continuer sur un ton plus bas, presque conspirateur.

— On l’a fait sans capote et elle m’a dit avoir arrêté de prendre la pilule, même si je ne la crois pas. Elle m’a dit qu’elle voulait que je la mette en cloque pour être enceinte, comme sa pote, ta sœur, Sarah.

Qu’est-ce qu’il raconte, là ? Becca veut faire un gosse ? Et il balance devant tout le monde que Sarah est enceinte ? Mais il déconne ? Et Becca, elle pense à quoi en lui disant ça ? Qu’à son cul. Putain, une amie comme ça, il faudrait lui couper la langue.

— Hein ? Sarah, la Sarah ? Elle est en cloque ? me demande Ryan.

— Wow, tu vas être Tonton, mon pote ? s’esclaffe Mike en me tapant sur l’épaule. L’Intello en cloque, c’est la meilleure !

— Vous êtes pas tenables, les gars. Laissez donc tranquille Sarah, elle n’a pas forcément envie que tout le monde soit au courant et qu’on crie sur tous les toits qu’elle attend un gamin. Franchement, Becca, elle abuse. Et puis, c’est quoi ce fantasme, bordel ? Abdul, tu vas te retrouver Papa alors que tu sais même pas t’occuper de toi ! A quoi tu penses ?

— Lequel de vous a engrossé une fille et fout sa carrière en l’air au passage ? tonne la voix du coach derrière moi.

— J’ai rien fait, Coach, répond Abdul, tout penaud.

— C’est pas faute d’essayer, marmonné-je.

— On ne déconne pas avec ça, les mecs, continue le coach en nous regardant un à un. Tremper vos vers de terre, c’est une chose, mais sortez couverts ! Si vous voulez faire carrière, il faut vous concentrer sur la balle, pas vos boules.

— Mais non, Coach, c’est pas nous, c’est la sœur de Liam qui est en cloque. Et promis, elle m’a jeté, c’est pas moi le père, intervient Ryan en levant les mains devant lui.

— Enfin, ça, c’est Becca qui le dit et qui joue avec Abdul pour l’exciter. Et lui il fonce, dis-je pour essayer de détourner l’attention sur lui et pas sur Sarah.

— Tu joues à ça toi, Gamin, grogne le coach. T’es même pas capable de penser à laver tes fringues d’un entraînement à l’autre, et encore moins capable d’arriver à l’heure. Comment tu comptes gérer un bébé quand tes conneries auront foutu ta copine en cloque ?

— J’ai quand même été le seul qui n’était pas trop bourré pour réfléchir à la dernière fête. Je ne suis pas le pire de l’équipe, vous êtes durs avec moi, et c’est quand même le meilleur moyen qu’elle reste avec moi, Becca, non ?

— T’en as de ces idées, ricane Mike. Comme si elle allait rester avec toi pour ça. Vous avez autant de plomb dans la cervelle l’un que l’autre, vous allez bien ensemble entre la libido et les idées tordues.

— On est là pour faire du basket ou pour parler de trucs tordus ? ajouté-je. Et puis, Coach, on peut faire des gamins et avoir une carrière de joueur de basket, ça n’a rien à voir. Chaque chose à sa place. Ici, on est là pour mettre des paniers. Et le reste, chacun sa merde.

— Vous êtes encore des gamins, vous n’avez pas la place pour un gosse, sérieusement, Liam. A combien d’entraînements es-tu arrivé en retard parce que tu t’occupais de ta sœur, l’an dernier ? Combien t’en as raté parce qu’elle était malade et que ton père bossait ? Vous devriez vraiment faire attention, vous avez du potentiel, les gars, ce serait bête de tout gâcher parce que vous aurez tiré votre coup sans vous protéger.

Ce qu’il dit me fait réfléchir. Il lance le match d’entraînement, mais je n’y suis pas à fond. J’ai plein de trucs dans la tête, entre les conséquences potentielles sur ma carrière et le fait qu’il faut que je prévienne Sarah que son secret n’en est plus un. Tous mes coéquipiers se demandent qui a bien pu engrosser l’Intello. J’ai envie de leur en mettre une et ce n’est pas bon pour la cohésion, ce qui se ressent dans la qualité de nos échanges. Quand le match s’arrête, je file récupérer mon téléphone et envoie un message à Sarah.

Becca a dit à Abdul que tu étais enceinte. Elle a envie d’un bébé elle aussi. Elle est folle. Tous mes potes sont au courant. Il va falloir qu’on réfléchisse à la suite. Je suis avec toi, je t’aime.

En attendant sa réponse, j’interpelle Abdul qui sort de la douche.

— Merci pour Sarah, Abdul. Tu te rends compte que si elle n’en avait pas parlé, c’est qu’elle ne voulait peut-être pas que ça se sache ? Et toi, tu ne penses qu’à ta queue et tu balances ça à tout le monde. Tout le campus va être au courant maintenant !

— Tu sais qu’une grossesse, ça se voit à un moment ? Désolé, mec, je savais pas que c’était un secret. Bec m’a balancé ça et s’est agenouillée devant moi, mon cerveau a déconnecté.

— Ouais, clairement. La pauvre, plus personne ne va la laisser tranquille. Et va l’emmerder parce qu’une intello enceinte, ça va exciter tous les cons. Franchement, entre Bec et toi, on n’est pas aidés avec nos amis.

— Oh, ça va, c’est pas la fin du monde. C’est un mec d’ici, le père ? Histoire qu’elle vive pas ça toute seule, on peut balancer son nom aussi, si tu veux.

— Tu lui demanderas si tu veux tout savoir, bougonné-je en sortant mon téléphone qui vient de biper dans ma poche. Allez, je te laisse, je vais rentrer à la maison. A demain, Abdul !

Je m’éloigne et lis le message que vient de m’envoyer Sarah que j’imagine super en colère

— Tu diras à ton pote qu’il profite bien de sa nana ce soir, parce que demain je la tue après l’avoir fait longuement souffrir. J’y crois pas…

J’arrive. Ne t’inquiète pas, je serai là avec toi.

Quand j’envoie le message, je ne peux cependant m’empêcher de penser que c’est surtout elle qui va être sous les projecteurs, sauf si j’avoue à tout le monde que je suis le père. Mais nous ne sommes pas vraiment prêts à le faire… Je ne sais pas trop ce que je dois faire de mon côté. J’ai vraiment envie de la soutenir, d’être à ses côtés, mais les mots du coach continuent à résonner dans ma tête. Je fais comment pour assumer le rôle de père et une carrière de joueur pro sans négliger l’un ou l’autre ? Putain, Abdul et Becca ont vraiment déconné, là. C’est clair que si on veut garder un secret, c’est pas à eux qu’il faut se confier ! Et là, il va falloir faire du contrôle des dommages. Je me demande dans quel état je vais retrouver Sarah… Et si je vais être à la hauteur du défi qui nous attend désormais.

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