Epilogue 2/2 : Deal pour la vie
Liam
Le rythme est démentiel et j’ai un peu de mal à suivre et à être au bon endroit au bon moment. Et pourtant, je ne ménage pas ma peine. J’essaie de mettre en application tout ce qui a fait de moi un bon joueur au niveau universitaire, mais là, le niveau est différent. Il n’y a pas de maillon faible ou presque et il faut être attentif à chaque instant. Il faut se donner à cent pourcent en défense et se jeter à corps perdu en attaque. Et tout ça sans oublier la technique et la maîtrise du jeu qui doivent être proches de la perfection. Mes coéquipiers n’ont aucune pitié envers moi et j’avoue que je me pose un peu la question de ce que je fais là. Surtout quand Lebron, la star de l’équipe, s’amuse de ma naïveté et fait passer le ballon entre mes jambes pour le récupérer derrière moi et enfiler un panier sous les rires et les quolibets des autres.
— Eh mince, s’écrie Max. Je te dois un kébab ! Et le rookie, oui, toi, le nouveau, tu as intérêt à t’améliorer, hein ? Parce que là, je croyais que tu étais meilleur que ça, j’avais parié qu’il n’y arriverait pas et tu t’es fait avoir comme un bleu.
— Oui, désolé, dis-je doucement. C’est juste que vous êtes tous vraiment forts, c’est impressionnant.
— On s’est planté, les gars, c’est pas lui la nouvelle recrue qui a réussi à emmener l’équipe de merde de son université au titre. Lui, c’est le balayeur. Merde, je vous l’avais dit que c’est pas parce qu’il était black et grand qu’il était basketteur. Excuse-nous mec, tu peux retourner à ton boulot… Il en faut des gens comme toi, j’admire.
C’est pas facile à entendre tout ça, j’avoue, mais ils ont raison. J’ai tellement l’impression de ne pas être à ma place que je ferais peut-être mieux de me reconvertir dans le nettoyage. Mais ils ont piqué mon orgueil et ma fierté et je me saisis du ballon avec lequel dribblait Max avant de parvenir à éviter son attaque et de contourner les trois autres entre le panier et moi pour venir faire un dunk qui les laisse sans voix. Après quelques instants, Lebron applaudit doucement en souriant.
— Le balayeur a l’air de savoir balayer autre chose que la poussière si vous voulez mon avis. Dès qu’il aura pris confiance en lui, je sens qu’on ne va plus pouvoir s’en passer. T’es un pivot, c’est ça, le jeunot ?
— Oui, dis-je en essayant d'affirmer ma voix.
— Eh bien, si tu ne veux pas avoir la carrière la plus courte de la NBA, je te conseille d’oublier que tu nous as vus à la télé et de te mettre à jouer comme si on était des petits gars de ton université. D’accord ?
— Oui, affirmé-je plus vigoureusement.
— Allez, on repart. On se fait une petite opposition, dit le Coach qui a suivi de loin les échanges, laissant toute sa place à Lebron qui semble m’avoir adopté car il me demande d’être dans son équipe.
Et j’essaie de relâcher la pression, j’essaie de ne penser qu’au basket. Panier après panier. Et je commence à retrouver le plaisir du jeu. Je parviens à oublier l’enjeu de me faire accepter et mes coéquipiers s’en rendent vite compte en m’utilisant dans mon rôle de distributeur du jeu. Je me retrouve à mon poste habituel, au cœur des stratégies, et comme d’habitude, je devine le plus souvent le mouvement de mon adversaire et l’anticipe. Après une petite demi-heure, le Coach siffle la fin de l’opposition et me félicite.
— Bravo, Liam. Tu as vraiment du potentiel. Je ne regrette pas de t’avoir drafté. Ça va faire des étincelles avec Lebron, je la sens bien cette nouvelle année, sourit-il, visiblement ravi de m’avoir dans l’équipe.
— Merci Coach. C’est plus facile quand on a des partenaires aussi forts que ça.
— Oh l’autre ! Il fait le fayot ! s’amuse Max, toujours à essayer de se moquer un peu de moi, mais beaucoup plus gentiment qu’au début.
Je sens que j’ai réussi mon intégration parmi eux et je suis soulagé. A la fin de l’entraînement, plusieurs viennent me voir pour me féliciter et je prends ma douche beaucoup plus confiant que quand je suis arrivé. Je ne m’attarde cependant pas, pressé de rentrer dans la petite maison que nous louons dans la banlieue de Cleveland où nous nous sommes installés. La ville est moins belle que Chicago, assurément, mais elle a son charme, avec notamment énormément d’espaces boisés dont nous profitons en famille.
Lorsque je me gare devant notre garage, Sarah vient m’ouvrir, notre bébé dans les bras. Une nouvelle fois, je reste sans voix devant la vision qui s’offre à moi. Ma chérie est superbe, seulement vêtue d’un petit short et d’une chemise largement ouverte pour que notre petite fille puisse téter facilement. Sarah se met sur la pointe des pieds pour m’embrasser tendrement et je lui réponds avant de faire un gros baiser sur les deux joues de mon petit ange. Tellement mignonne avec sa couleur café au lait, ses grands yeux sombres et ses cheveux qui sont plus ceux de sa mère que les miens.
— Coucou Angel. Tu reconnais ton papa ? lui demandé-je alors qu’elle se saisit de mon doigt pour l’amener à sa bouche. Ça va, Sweetie ? Pas trop fatiguée ?
— Ça va, elle a passé l’après-midi à dormir et j’ai fait une petite sieste pour compenser la nuit dernière. Et toi, ça a été ? Raconte-moi ta journée, Capitaine.
Je la suis dans notre salon qu’elle a décoré avec goût. Elle m’a cependant laissé un coin où j’ai pu faire un petit sanctuaire dédié au basket. J’y ai mis mes tee-shirts dédicacés, la coupe du championnat, des photos signées par des stars… Dont une par Lebron avec qui j’ai joué juste avant.
— C’est fou, Sarah. J’ai joué avec mes idoles. J’ai failli les décevoir parce qu’au début, je ne faisais que les regarder, mais quand je m’y suis mis, j’étais comme dans un rêve. Tu te rends compte, j’ai fait des passes à Lebron ! Et je me suis même permis de faire des dunks et j’ai dribblé comme un fou. C’est trop magique. J’adore ma vie, ma Chérie. Et te retrouver après une journée de travail comme ça, je crois que je suis le gars le plus chanceux des Etats-Unis !
Sarah sourit devant mon enthousiasme et la tirade que je viens de faire, presque sans reprendre mon souffle.
— Evite les dunks avec ta fille, me dit-elle en la déposant dans mes bras, et dis-moi si Lebron est aussi canon en vrai qu’à la télé, je suis curieuse !
— Franchement, il est pas aussi beau que moi, dis-je en berçant ma fille qui vient de téter au vu de son air satisfait. Je suis sûr qu’il n’aurait pas été capable de faire un bébé aussi joli que ça.
— Personne n’est capable de faire un bébé aussi beau que ça, sourit-elle en regardant Angel avec tendresse. Je me demande encore tous les jours comment on a pu concevoir cette beauté.
— Tu veux un petit rappel sur comment on a fait ? ris-je. Parce que je pense qu’elle va bientôt dormir là, et toi, tu m’as l’air d’avoir retrouvé toutes tes envies.
Je dépose ma jolie Angel dans son petit berceau alors que Sarah se rapproche et se penche sur notre enfant, à mes côtés.
— T’es prêt pour les préservatifs ? Parce que j’ai beau adorer notre beauté, je suis pas prête à lui donner un petit frère ou une petite sœur, Capitaine, sourit-elle avant de se redresser pour me regarder plus sérieusement. T’es pas crevé ? T’es sûr de t’être vraiment défoncé à l’entraînement ?
C’est sûr que maintenant que nous avons pris notre rythme, que nous commençons à retrouver nos marques en tant que couple, que Sarah retrouve ses courbes d’avant la grossesse, ce n’est pas le moment de faire de nouvelles bêtises. Et vu le manque d’efficacité de la pilule la dernière fois, il faut qu’on fasse attention.
— Avec toi, je suis increvable, Sweetie. Tu as vu comme tu es belle ? Tu es la plus jolie des femmes et tu me fais trop envie. Et pour le petit frangin, on va attendre oui. Mais il faut quand même ne pas négliger l’entraînement !
— Increvable, hein ? Vraiment ? me dit-elle en me sautant au cou pour s’enrouler autour de moi telle une liane. Je suis curieuse de voir ça.
— Je te promets que si tu m’accueilles comme ça tous les jours, il va falloir que l’on fasse un stock de capotes qui sera digne de notre dernière année à l’université ! Parce que tu es belle à en rêver, Sweetie.
— Moins de paroles et plus d’actes, Sanders, murmure Sarah à mon oreille avant de m’embrasser langoureusement.
Je réponds à son baiser en nous entraînant vers notre chambre, afin de ne pas risquer de réveiller le petit Ange qui dort paisiblement dans son berceau. La vie aux côtés de Sarah est un vrai plaisir qui est encore décuplé par le fait que nous n’avons plus à nous cacher, que nous pouvons profiter au quotidien de la vie ensemble. Nos lèvres restent scellées et la température monte rapidement entre nos deux corps embrasés.
— Je t’aime, Sweetie. Ce ne sont peut-être que des paroles, mais ce sont ces mots qui dirigent toute ma vie. Tu me promets que ça durera jusqu’à la fin des temps ? Deal, future Madame Sanders ?
— Je te promets de tout faire pour ça. Je t’aime, et c’est le plus beau Deal à tenir, mon Amour.
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Et voilà, encore une histoire que se termine (bien !).
Nous vous remercions une nouvelle fois de votre fidélité, du temps que vous accordez à nos récits. Merci pour vos commentaires toujours bienveillants et vos compliments (ça fait toujours plaisir !)
Vous pouvez d'ores et déjà nous retrouver ici pour découvrir le prologue de notre prochaine histoire, "La réfugiée du château :
https://www.atelierdesauteurs.com/text/619917549/la-refugiee-du-chateau
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