Folle furieuse en approche !
Thomas !
Je n’en peux plus de rire ! Si lorsque je l’ai vu franchir les portes de mon lieu de travail, j’ai bien failli faire une attaque, depuis, je dois admettre qu’elle a illuminé ma soirée. Je n’ai pas mis très longtemps à avoir une idée pour lui pourrir la vie. Accompagnée de ses deux copines, je l’ai rincée copieusement et à mes frais, mais elle est toujours opérationnelle.
Cette fille a un coffre à la place de l’estomac !
Je me demande comment, une si petite chose peut ingurgiter autant d’alcool et tenir encore debout. J’avoue que de faire courir la rumeur qu’elle souffrait d’une maladie vénérienne était splendide, je me félicite d’y avoir pensé. En même temps, il ne fallait pas qu’elle me présente comme un éjaculateur précoce, doublé d’un impuissant et d’un connard auprès du voisinage. J’estime juste lui rendre la monnaie de sa pièce en contrecarrant ses plans de ce soir. Parce que je les connais les filles de son envergure, j’en côtoie tous les jours derrière mon bar, je suis capable de les reconnaître entre mille et cela me facilite les choses.
Tiens, revoilà la prédisposer au ravitaillement !
— Un coca, un orgasme et le cocktail le plus fort que vous ayez en stock pour celle qui a ses consos offertes, énonce la rouquine.
Plutôt jolie, soit dit en passant. Fine, moulée dans une robe rouge qui fait ressortir sa peau de porcelaine, ses cheveux flamboyants et ses grands yeux verts. Mais ce soir, je ne suis pas là pour draguer, mais bel et bien pour faire de la vie de ma voisine un enfer sur terre et j’espère que cette fois-ci, je vais réussir à la mettre hors d’elle.
— J’ai tout un tas de reste de bouteille d’alcool, vous pensez que ça ira ? ironisé-je.
— Ce sera parfait ! Léo est un puits dont personne n’a jamais trouvé le fond.
Surpris, je ne peux m’empêcher d’éclater de rire. Je prépare la commande et lui pousse le plateau dont elle s’empare avec un grand sourire. Sans connaître ces filles, je suis convaincue qu’elles ne sont pas amies pour rien et si les trois sont de la même trempe que l’emmerdeuse, j’ai du souci à me faire.
Malgré tout, j’ai envie de voir jusqu’où je peux aller. Je sais qu’elle ne se laisse pas déconcertée facilement, mais je voudrais faire sortir le caractère de la brunette qui j’en suis sûr est volcanique. En y songeant, mon pantalon de costume se tend dangereusement au niveau de l’entrejambe. Rien que dans le baiser que nous avons échangé le premier soir, j’ai bien senti que la belle était douée, alors je n’ose même pas imaginer ce dont elle est capable dans un lit, sur le capot d’une voiture ou bien juste allongée sur ce bar. Revenant à l’instant présent, je secoue la tête et chasse ces idées de mon cerveau. Je dois garder mon objectif premier à l’esprit qui est ma vengeance, rien d’autre ! Léo est donc son prénom ou un diminutif peut-être, mais au moins, maintenant, j’ai un nom à mettre sur son joli minois.
La soirée continue, elle enchaîne quelques verres supplémentaires, se trémousse sur la piste de danse et tente quelques approches, mais tous les hommes à qui elle manifeste de l’intérêt, fui aussi sec. L’emmerdeuse finit par s’asseoir à la table de trois mecs, dont deux botte aussitôt en touche.
Sérieux, il n’y a vraiment que des mous du cerveau dans cette ville !
Alors OK, j’ai lancé la rumeur qu’elle avait une maladie vénérienne et que son kiff était de la refiler au premier venu. Mais quand même, ils ont peur de quoi ? Que la bactérie leur saute au visage dès qu’elle approche ?
Vous avez déjà fait le test du poivre et du liquide vaisselle ? Non ! Je vous explique. Verser de l’eau dans une assiette creuse, ajoutez du poivre sur toute la surface, puis une goutte de liquide vaisselle sur votre index, avant de le poser dans l’eau, sur le bord de l’assiette. La réaction est instantanée, tous les grains de poivre vont partir de l’autre côté du récipient. Garantis sans danger et ça amuse les enfants. Bref, tout ça pour dire que l’emmerdeuse, c’est le doigt imprégné de liquide vaisselle et les hommes le poivre.
La bêtise des gens me surprendra toujours, mais dans un sens, j’avoue que pour une fois, cela devrait bien me servir. Le bar ferme ses portes dans moins d’une heure et il y a peu de chance qu’elle rentre accompagner.
L’idée qu’elle s’envoie en l’air me dérange et ce n’est pas à cause de mon sommeil, car lorsque je dors, la bombe atomique peut bien exploser, il n’y a aucun risque que cela me réveil. Non, c’est autre chose, mais je n’arrive pas à mettre les mots dessus. C’est une sensation étrange, un peu comme une petite épine plantée dans un orteil, agaçant, rien de plus.
Accaparé par mes pensées, quand je relève la tête et que je tombe sur son regard noir, une chose est sûre, je n’y étais pas du tout préparé. Ses yeux me foudroient et croyais-moi que, si elle pouvait tirer des balles, je serais déjà mort et enterré. Mais je ne me dégonfle pas et lui renvoie mon plus beau sourire. Aucun doute que j’aie été dénoncé, mais je m’en contrefous, mon but n’était pas de jouer au sournois, bien au contraire, je tiens à ce qu’elle sache que je suis le seul responsable du fiasco de sa soirée, que c’est à moi, qu’elle doit le fait qu’elle ne baisera pas ce soir. Ce qui me fait le plus poiler dans toute cette histoire, c’est qu’elle va devoir changer d’endroit si elle veut réussir à attirer quelqu’un dans son lit, car ici, elle est grillée pour un petit bout de temps.
L’emmerdeuse se dirige droit sur moi et le mode furie semble être enclenché. Ses jambes ne tremblent pas, son regard ne flanche pas, seules ses joues rosies sont le témoin du trop-plein d’alcool qu’elle a ingurgité ce soir. Cette nana est un vrai canon, tout à fait le genre de fille qui est capable de me faire bander à en avoir mal et c’est exactement ce que je suis en train de ressentir. Ma queue est si à l’étroit à l’intérieur de mon boxer, que je crains une explosion de braguette d’un instant à l’autre.
A mesure où elle se rapproche, son langage corporel change. Ses épaules se détendent, ses poings s’ouvrent, son pas semble plus léger et ralenti. Mais je crois que ce qui me fait vraiment frissonnait, c’est ce petit sourire à mi-chemin entre le clown de « ça » et « Regan » la fille de l’exorciste. Sérieux, après les yeux révolver, voilà qu’elle se lance dans le mauvais film d’horreur.
Bandante, mais flippante, je vais prendre cher !
Elle se poste devant moi, me détaille des pieds à la tête et partout où ses prunelles se posent, je m’enflamme. Cette nana à un don pour réveiller toutes les parties de mon anatomie. Sa bouche pulpeuse s’étire et elle passe sa langue sur sa lèvre inférieure tout en plantant ses rétines dans les miennes.
— Écoute-moi bien, beau brun. Maintenant que tu as sciemment réduit mes chances de rentrer accompagné ce soir à zéro, tu vas te débrouiller pour me satisfaire parce que là, je suis tellement en manque que je ne vais pas tarder à devenir incontrôlable et crois-moi, tu n’as aucune envie de voir ça !
— Tu m’as pris pour ton sex-toy ? la taclé-je en me retenant de rire.
Cette fille me tut ! Elle n’hésite pas à dire ce qui lui passe par la tête et à réclamer ce qu’elle veut. Elle se moque de ce que les gens peuvent penser d’elle ou de son comportement et j’admire ce trait de caractère. Dans ce monde où tout est basé sur les apparences où chacun doit rentrer dans les cases, elle est une bouffée d’oxygène.
— Ho arrête, tu ne me feras pas croire que je ne te fais aucun effet ! Si tu imagines que je n’ai pas senti ton érection contre mon ventre l’autre soir, c’est que vraiment, tu me prends pour une demeurée ! ironise la brunette en penchant la tête sur le côté comme si elle cherchait à m’étudier.
— Il faut dire que tu as des tenues particulières pour venir sonner chez les gens.
Vêtu d’un simple tanga noir en dentelle et d’un top moulant, qui s’arrêtait au-dessus de son nombril, mon membre s’est aussitôt dressé quand elle apparut devant ma porte.
Je ne suis qu’un homme après tout !
Son sourire s’agrandit, ses yeux se plissent, elle prend appui sur un tabouret et se penche sur le comptoir. Sa poitrine s’écrase sur le bar et me donne une vue impeccable sur son décolleté. Mes pupilles s’agitent, mon esprit s’égare et j’imagine la texture de sa peau sous mes doigts, ses jambes autour de mes hanches et… stop, je ne dois pas oublier que je suis sur mon lieu de travail et que j’ai besoin de cet emploi pour pouvoir repartir dans quelques mois. J’ai déjà pris bien assez de risque ce soir en jouant avec elle. Léo ne doit pas être ma priorité lorsque je suis entre ses murs.
— Je te propose un deal, énonce la brunette au visage angélique.
— Je t’écoute, mais active-toi, j’ai encore du boulot avant de fermer, rétorqué-je le plus professionnellement possible.
Je dois garder à l’esprit qu’ici, elle n’est qu’une cliente parmi tant d’autres. Joué avec elle ne me pose aucun problème, bien au contraire, mais sur mon temps personnel. Ses sourcils se froncent et elle semble hésiter un instant, mais presque aussitôt, ses yeux rieurs refont leurs réapparitions.
— Je te propose une trêve !
— Une trêve ? demandé-je étonné.
— Oui, mais à une seule condition !
Sa bouche me tente et son corps tout entier m’appelle. Cette fille c’est le démon incarné, je ne vois pas d’autres explications. J’ai beau savoir qu’il ne faut pas, pas maintenant en tout cas, j’ai du mal à contrôler l’envie que j’aie de lui exprimé tout le bien qu’elle m’inspire.
— Qui est ? articulé-je avec difficulté.
J’occupe mes mains du mieux possible et prépare les commandes en cours. Je ne dois pas lui montrer qu’elle m’atteint, sinon, elle n’hésitera pas à s’engouffrer dans la brèche. Mais c’était sans compter sur sa ténacité et son pouvoir de persuasion, parce que quand elle se penche encore plus près et frôle mon oreille de ses lèvres, mes bonnes résolutions fondent comme neige au soleil.
— Tu me fais jouir et j’abandonne tout plan de vengeance.
Les yeux fermés quelques secondes, je prends en considération sa proposition. Qu’elle grimpe au rideau n’est pas un problème, mais je ne suis pas certain d’avoir envie d’arrêter notre petit jeu. J’avoue que de ne jamais savoir à quoi m’attendre avec elle me plaît, m’excite, même. Par contre, il est inconcevable que je passe à côté d’une partie de jambes en l’air.
— Vendu ! Mais tu n’as pas peur de ne plus pouvoir résister à mon corps de rêve après y avoir goûté ? la provoqué-je sciemment.
— Il n’est pas né celui qui me rendra accro à quoi que ce soit ! s’amuse Léo en riant. Rendez-vous chez toi !
Impossible, je n’ai pas eu le temps de ranger la plupart de mes affaires, mon appart est un bordel sans nom et mon lit difficilement accessible.
— Chez toi plutôt, proposé-je, alors qu’elle fait déjà demi-tour.
— Désolé beau gosse, je ne baise jamais chez moi, c’est à prendre ou à laisser.
— Très bien, je t’empoignerais donc debout contre la porte d’entrée, rétorqué-je emporter par le jeu de mes pensées lubriques.
Sans rien rajouter, elle me lance un clin d’œil et part rejoindre ses copines.
Maintenant, il ne me tarde qu’une seule chose, c’est de rentrer chez moi pour la retrouver !
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