Chapitre 8
Avec une pulsion débordante, je tambourine contre la porte renforcée. Je respire plus fort. Mon cœur accélère le rythme.
— Comment ça pardonne-moi ? Vous êtes malade ! Qui êtes-vous bon sang ?
Comme habituellement, seul le vent me donne une réponse. Mes mots se perdent dans le vague en même temps que mes larmes. Je suis piégée. Anéantie.
Comment me sortir de là ? Je n’en peux plus. Je ne comprends plus rien. Hier, j’étais dans mon lit. Aujourd’hui, je suis enfermée à l’intérieur d’une pièce macabre, humide et malsaine.
Ces réflexions sont dégagées d’un simple mouvement de la main par une douleur atroce à la poitrine. Je me revois dans cette salle de bain. Mon regard chavire vers la fenêtre, puis se rabat sur le WC. Les images de moi étant bébé se mélangent au présent. À mes dix-huit ans.
Je m’écroule. Le sol n’a jamais été aussi mou. Encore une fois, je me sens partir. C’est à se demander si l’instant présent fait partie de ma vie. Je vais crever. Ce serait tellement plus simple.
Un flot de larmes déborde de mes yeux. Mes muscles se contractent d’eux-mêmes. Ma mère me manque. J’ai besoin d’elle. Maintenant. Je dois vivre. Pour mes amies. Pour elle. Mai surtout pour moi.
Avec une détermination que j’aurais crue improbable, j’allonge mon bras sur l’évier puis m’y accoude et ouvre le robinet en m’arrosant le visage. L’eau me fait du bien. J’en bois quelques gorgées.
Ma tête chancelle. Il faut que je me repose. Je réfléchirai demain. Une chose est importante ; ne pas perdre la boule.
Je m’étale de tout mon long sur la couverture bleue fournie par mon agresseur. Avant de fermer mes lourdes paupières, je fixe le plafond gris à trois petits mètres de mon crâne.
Tu vas trouver une solution Alice. Tu vas réussir à te sortir de là.
Et si je ne sors jamais de cet endroit ? Et si mon agresseur n’est gentil avec moi qu’au début dans le simple but de me faire baisser la garde ?
Non, ne pense pas à ça. Tu es forte. Intelligente. Une bonne nuit de sommeil te sera bénéfique.
Je tourne mon visage vers la petite fenêtre qui donne à moitié sur l’extérieur. Je fixe les quelques étoiles qui scintillent. Soudain, un faisceau lumineux passe à toute allure dans le ciel. Est-ce mon imagination qui invente une étoile filante ou encore un tour de mon esprit ? Peu importe. Ça ne me coûte rien d’essayer.
Faites que j’arrive à m’enfuir de cet endroit abominable le plus tôt possible.
Espérons que mon vœu se réalise. Psychologiquement, j’éteins mon horloge biologique et appuie sur l’interrupteur qui actionne la lumière, à défaut de pouvoir le faire physiquement.
Le vent m’aide à bercer mes pulsions et mon stress. La nature est ma meilleure alliée. Elle me calme lorsque j’en ai besoin. M’apaise quand tout va mal. Comme aujourd’hui.
Au bout de plusieurs dizaines de minutes, mon cerveau se téléporte dans un autre monde rempli de verdure et d’animaux. Il s’évade enfin.
Dommage qu’il s’agisse seulement d’un rêve.
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