Chapitre Un

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L'air était épais, chargé d'humidité. Difficilement respirable. Il n'y avait pas un souffle de vent, rien qui ressemblerait à une brise salvatrice dans cette moiteur.

Une odeur entêtante de fleur, de mousse et de terre mouillée flottait. Une forêt ?


Un léger pépiement d'oiseau résonna, suivit d'un craquement de branche. Je gardais les paupières baissées, et une vague lueur verte m'indiqua qu'il faisait jour. Vainement, je tentais de me souvenir où je pouvais me trouver, quel endroit pouvait sentir à ce point la nature. Je vivais en plein centre-ville, et les espaces verts de mon quartier n'avaient pas cette odeur. Pourtant, je pouvais sentir très distinctement un parfum de fleurs. Un parfum inhabituel.

Ce qui l'était encore davantage, c'était d'avoir les bras levés au-dessus de la tête.


Les sensations me revenaient petit à petit, et je n'aimais pas ça, pas du tout. Une douleur lancinante me vrillait le crâne, et mon bras gauche... la souffrance parcourut mes veines, remontant de mes doigts jusqu'au coude. Un véritable courant électrique qui m'étourdit momentanément, m'arrachant un gémissement rauque. Jamais je n'avais eu aussi mal. Il était temps que j'ouvre les yeux, et je m'y forçais.


Tout était... sens dessus dessous. Le sol me semblait si proche, mais je ne le touchais pas. Pourquoi le ciel se trouvait-il sous mes pieds ? Tout tournait horriblement, et je refermais les yeux, le temps de retrouver mon équilibre. Rien ne vint, la terre humide restait près de ma tête, mes jambes touchaient la cime des arbres qui m'entouraient de toute part. J'étais bien dans une forêt, je ne voyais que des branches et des feuilles, à perte de vue.


Une forte pression au niveau des hanches me fit baisser la tête. J'étais attachée à un fauteuil de cuir, retenue par une ceinture. Mes jambes pendaient dans le vide, près de mon visage. Une nausée violente me prit au dépourvu et j'essayais de me concentrer sur mes bras qui pendaient près du sol recouvert de feuilles rouges. Non, les feuilles n'étaient pas rouges, mais luisantes d'un liquide rouge, qui tombait goutte à goutte de mon bras gauche. Un bras que je ne parvenais pas à bouger. Un bras d'où perçait un os blanc et brillant. La chair autour était déchirée et sanguinolente.


Le sol se remit à tanguer, je me sentais nauséeuse, somnolente. Luttant contre l'inconscience, je tournais la tête. Sur ma gauche, il n'y avait que des arbres, encore et encore des arbres. Et sur la droite, il y avait des rochers, un autre fauteuil de cuir, et un corps. Un corps humain. Nos deux fauteuils avaient dû s'écraser contre des rochers qui affleuraient du sol à hauteur d'un ou deux mètres. Enfin, juste celui de droite. Le mien était suspendu dans le vide, ce qui expliquait que j'aie pu avoir la tête en bas. Celui ou celle qui se trouvait dans le fauteuil à côté du mien n'avait pas eu autant de chance. Son corps avait été littéralement réduit en bouillie par le rocher sur lequel nous avions atterri.


Le regard fixé sur la masse de chair rouge et d'os blanc brisés, je luttais, fouillant dans une mémoire qui me faisait cruellement défaut, cherchant ce qui s'était passé, d'où je venais, pourquoi je me retrouvais dans une forêt alors qu'elles avaient disparues de la surface de la terre. Rien ne vint à part l'obscurité.

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