Chapitre Quinze
Je n'avais plus envie d'être avec Orlan. J'avais la sensation qu'il prenait plaisir à étaler les merveilles de son stupide village dans les arbres. Alors je refusais de rester avec lui pour cueillir des tomates. Je lui mentis en prétextant vouloir passer du temps avec Ornélia et m'enfuis aussi vite que la politesse me le permettait. Mais je ne retournais pas au village. A la place, je me dirigeais vers le désert.
J'étais persuadée que cette lumière clignotante était le reflet du soleil sur la paroi d'une ville-dôme. La chaleur du désert me tomba dessus et m'éblouit quelques instants. Heureusement, j'avais pris mes lunettes solaires. Je retournais d'un bon pas vers le potager d'Orlan, et me hissais sur un rocher pour tenter d'apercevoir le point lumineux. Elle était là, cette petite lumière qui semblait me faire un clin d'œil. Sans plus attendre, je marchais dans sa direction.
Mes bottes s'enfonçaient dans le sable, me ralentissant. Comment les villageois avaient-ils pu passer à côté d'une ville entière ? Et surtout, comment les patrouilleurs de la ville-dôme avaient pu louper ces énormes arbres plantés au beau milieu du désert ? A moins qu'ils n'aient tous été conscients de la présence de l'autre, et aient choisis de s'ignorer. C'était peut-être pour cette raison qu'Orlan et Ornélia n'avaient pas voulu m'en dire davantage. Qu'importe, ma place n'était pas dans ce village, au milieu de tout ces arbres, à attendre les premières chutes de neige.
Le soleil tapait fort sur mon crâne, je n'en avais pas l'habitude, mais j'enchaînais les dunes. Je grimpais, je redescendais. Mes leçons me revenaient en mémoire : qui dit sable, dit parfois sable mouvant. Je redescendis une dune en scrutant la surface lisse du sable, comme si un panneau allait m'indiquer les sables mouvants. La lumière clignotante se rapprochait, je me demandais à côté de quelle ville-dôme j'avais bien pu m'écraser.
Un choc brutal me fit tomber à genoux, et mes mains s'enfoncèrent dans le sable.
« Est-ce que tu es folle ?! » me hurlait Orlan en me plaquant au sol.
Il avait le visage déformé par la colère, au point qu'il en oubliait qu'il me tenait contre lui.
« C'est interdit ! »
Je remuais pour me défaire de son emprise : « Il y a une lumière là-bas ! Je veux...
- C'est interdit !
- ...savoir ce que c'est !
- C'est interdit !
- POURQUOI ? Pourquoi est-ce que c'est interdit, donne moi une bonne raison, une seule bonne raison, pour m'empêcher d'y aller. Qu'est ce qu'il y a, là-bas ? Qu'est ce qui s'est passé pour que vous ayez peur d'y aller ? Est-ce que vous savez seulement pourquoi c'est interdit ? »
Orlan serra les dents. J'en profitais pour me débattre comme une furie.
« J'en ai assez de tous ces interdits qui ne veulent rien dire. Tu ne peux pas prouver que c'est dangereux de toucher quelqu'un. Et tu ne peux pas prouver que c'est dangereux d'aller là-bas ! »
Je réussis à lui échapper en lui donnant un coup de genoux, et à en juger par l'exclamation étranglée qu'il lâcha, je lui avais fait mal. Je grimpais en courant vers le sommet de la dune, Orlan sur mes talons. Et en haut de la dune, je vis...
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