Chapitre Vingt-Deux
« Est-ce que ça va ? » souffla Orlan.
Des larmes s'écrasèrent sur mes genoux, je retins un sanglot de désespoir. Au lieu de céder à la tristesse, je me drapais dans ma colère.
Je jetais la batterie contre l'écran, de toutes mes forces. Conçu pour résister à tout type de choc, il ne se fissura même pas. Alors j'attrapai tout ce qui me tombait sous la main, lampe, livres poussiéreux et les lançai à travers la pièce. Peu m'importait qu'Orlan soit touché.
J'étais furieuse.
J'avais peur.
Je voulais rentrer chez moi.
D'un coup de pied je renversai le contenu de la boîte à outils sur le sol. Un petit briquet et son réservoir à essence s'en échappèrent. Voilà bien une ressource que nous n'avions pas épuisée. Je m'en saisissais et décapsulai le flacon d'essence.
L'odeur alerta aussitôt Orlan.
« Qu'est-ce que c'est ? »
Au lieu de répondre, je versai un filet d'essence sur l'écran du vidéocom'.
« Ça sent fort. Qu'est-ce que c'est ? A quoi ça sert ?
- Je te l'ai dit, je veux envoyer un message. » Je me tournai vers Orlan. « Je vais mettre le feu au dôme. »
Je vidai le flacon sur les meubles, jusqu'à la dernière goutte. Puis j'actionnai le bouton du briquet.
« Ça suffit ! »
L'ordre avait claqué dans le silence, résonnant clairement dans la pièce et je me retournais.
Ce n'était pas Orlan qui avait crié, mais un homme qui se tenait dans l'encadrement de la porte. Il braquait sur nous une lampe qui m'éblouissait, m'empêchant de voir son visage. En revanche je voyais celui d'Orlan et il connaissait visiblement la personne qui nous avait trouvés.
Les habitants du village nous avaient suivis, ils allaient m'enfermer dans un de leurs arbres. Leur psychopathe de chef ne me laisserait jamais repartir et de toute façon, personne ne me trouverait jamais.
Je ne rentrerai jamais chez moi.
Je me détournais de l'homme et jetais le briquet par terre.
Orlan fut plus rapide, une fois de plus. Du plat de la main il me frappa le poignet et le briquet m'échappa, passant par la fenêtre brisée. Je sentais son souffle précipité, l'odeur d'essence me donnait la nausée. Je n'y tins plus et éclatais en sanglots.
Étourdie par le sentiment d'être perdue, je tombais à genoux. Il n'y avait pas un bruit, à part celui de mes pleurs.
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