8 Mars 2022, discours prononcé pour les militantes qui se battent pour un monde meilleur

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Aujourd'hui, j'ai une pensée particulière pour toutes les militantes en ce que le 8 Mars représente pour nous : un défi, un cri, et un fardeau. La journée internationale de lutte pour les droits des Femmes est un moment illusoire dans l'espace médiatique bourgeois qui décide de nous octroyer un peu de lumière pour justifier de ce nous subissons tous les autres jours de l'année.

Mépris, harcèlement, insultes, coups, violences psychologiques, viol conjugal, féminicide, harcèlement, agression sexuelle, avances sexuelles non désirées, harcèlement dans la rue, cyber-harcèlement, esclavage, exploitation sexuelle... La liste est encore longue.

Le capitalisme et le patriarcat ne nous épargnent jamais. Ils sont quotidiennement violents et il est plus facile de se cacher derrière l'assimilation de ces oppressions plutôt que de lutter contre cet enchevêtrement parce qu'il se manifeste sous des formes invisibles, qui forcément invisibilisent nos combats.

Pourtant, nous nous sommes levées tôt... En 1910, Clara Zetkin, militante communiste, propose de consacrer une date unique afin de mobiliser les femmes prolétaires, partout dans le monde, pour sensibiliser à la cause des travailleuses et au droit de vote des femmes : Je cite ; "... les femmes socialistes de tous les pays organiseront tous les ans une Journée des femmes, dont l'objectif premier est l'obtention du droit de vote. Cette revendication doit être examinée à l'aune de la question des femmes dans la conception socialiste. La journée des femmes sera internationale et fera l'objet d'une organisation soignée..." .
Clara Zetkin montre sa facette la plus féministe en pointant ce que le mariage et la famille peuvent avoir d'aliénant pour une femme : "Jusqu'ici, l'épanouissement et la vie des femmes étaient placés sous le signe de la soumission à ces entités. La rupture de liens avec la famille constituait le fondement de leur réévaluation sociale." Elle souligne aussi qu'"une femme qui, en tant qu'être humain, a goûté au bonheur de l'amour voit grandir le meilleur de son être et ses aspirations..." C'est en ce sens, que Clara Zetkin met en avant la théorie de reproduction sociale, à travers les liens de rapports de productions et rapports sociaux, qui plus tard sera nommée par les militantes marxistes et matérialiste telles que Silvia Federici, Johanna Brenner, Clara Fraiser, Maria Ramas et encore beaucoup d'autres... Clara Zetkin fût, soulignons-le, l'une des figures les plus importantes du Féminisme mais aussi une redoutable théoricienne du Socialisme.

Si nous avons une analyse structurelle et matérialiste des rapports sociaux de domination, on ne peut qu'être révolutionnaire. Si, vraiment, il y a des dominations parce qu'il existe des structures qui les portent (l'État, la Justice, la police, la famille, l'école, le travail...), alors il faut les renverser et en penser de nouvelles pour mettre fin aux dominations.

Il est important de dire que nos organisations militantes ne sont pas epargnées. L'état de ces structures de pouvoirs et d'oppression qu'anime le Capitalisme traversent également nos organisations militantes de façon sinueuse, grignotant l'analyse marxiste de nos militants de plusieurs façons.

Premièrement, Les femmes militantes subissant de fait une double oppression (Paroles coupée, ignorée, agressions sexuelles, viols...)

Deuxièmes, une organisation des structures militantes par division du travail. Pour les femmes, il s'agit d'une orientation vers une organisation de pouvoir social informel c'est-à-dire une organisation de la vie militante (réunion, CR, respect des statuts, développement des initiatives politiques) et celui d'un militantisme psychologique et solidaire dans le sens où nous laissons l'espace à l'écoute et nous nous entraidons. C'est ainsi que nous composons un cercle social d'appartenance nous permettant de renforcer nos liens à travers nos valeurs communes. Il nous permet d'avoir plus confiance et de nous nourrir intellectuellement et affectivement.

 Les hommes militants seront plus attachés à la notion de performance intellectuelle synonyme de pouvoir politique. L'un et l'autre sont TOUT aussi importants et réflexifs dans une structure politique car ils ne peuvent se substituer l'un à l'autre. Ils sont le fonctionnement de tout.

En ce sens, nous reproduisons les mêmes structures oppressives et hiérarchies de pouvoir que nous essayons tous de démanteler. 

Je dirais même que nous essayons toutes du mieux que l'on puisse d'être toutes ces qualités qu'une militante doit se doter au cours de son apprentissage politique : s'armer d'un esprit critique matérialiste pour tendre vers le plus d'objectivité politique possible. Nous sommes sans cesse en train d'apprendre à créer quelque chose de meilleur et d'être confronté à une réalité qui montre à quel point nous sommes loin de cet idéal. Le spectre du viol, des agressions sexuelles, du harcèlement et une incapacité complète à gérer de tels traumatismes, hantent nos organisations. Le coût émotionnel pour les survivants est lourd et ceux qui les soutiennent sont souvent des militantes qui jouent ce rôle de réconfort en coulisse. Il est le travail émotionnel et social qui fait partie intégrante du politique. Nous avons plus que jamais besoin d'une pratique marxiste et féministe dans la lutte pour la destruction de tous les rapports de domination, en mettant en avant nos militantes pour leurs courages et leurs dévotions. Elles n'en sont que plus méritantes et intelligentes d'être ce qu'elles sont aujourd'hui. D'autres devraient en prendre de la graine. 

 Il se trouve qu'une victime de viol sur dix porte plainte. Sur ces plaintes, une seule sur dix aboutit à une condamnation. On peut donc malheureusement comprendre que les camarades victimes de ces actes n'aient pas porté plainte. Ces chiffres rendent encore plus intolérable le manque de réaction de l'Etat et le manque de conscientisation de nos organisations militantes, en même temps qu'ils prouvent leurs mépris total de la réalité des violences faîtes aux femmes. Marx, disait : « la révolution est nécessaire, non seulement parce qu'il n'y a pas d'autre moyen pour renverser la classe dominante, mais encore parce que la classe subversive ne peut arriver qu'au travers d'une révolution à se débarrasser elle-même de toute la vieille pourriture du passé, et à devenir capable de fonder une société sur des bases nouvelles ». Nous ne laisserons plus jamais notre place, nous nous en emparerons avec fierté et courage. Vous regretterez d'avoir manqué d'être marxiste jusqu'au bout.

La jeunesse communiste soutient que « Si la libération des femmes est impensable sans le communisme, le communisme est également impensable sans la libération des femmes ». (Inessa Armand, Dirigeante du département des Femmes pendant la Révolution Russe de 1917).

Vive la journée internationale de lutte pour les droits des Femmes et bravo à vous toutes et tous qui portez ce combat déterminant pour l'avenir de l'Humanité.

Merci.

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