Chapitre 1.
* * * H * * *
Ma respiration devenait saccadée et il me semblait impossible de me reprendre, je ne connaissais aucun détail de mon existence ou s'agissait-il de l'un des seuls moyens que possédait mon esprit pour me préserver ! Je n'en su quoi dire.
Le sang dans ma bouche me répugnait, ne le supportant pas. Je n'étais donc pas en mesure de me persuader d'avoir un scénario positif dans l'avenir, pour me sortir d'ici, car, qui le pourrait ? Mes membres que je sus endoloris m'empêchèrent de faire le moindre effort et ma capacité de langage m'avait été brutalement arraché. Il ne me restait donc rien pour pouvoir me faire une idée de ce qu'il semblait m'arriver.
Cependant, un bruit de pas capta mon attention, des pas lourds, et à la fois déterminés avant de s'arrêter au niveau de la porte en fer qui me séparait de la seule et unique sortie.
Le mouvement sec et brutal de la porte me permit de voir qu'un homme d'un mètre quatre-vingts avec le visage sombre, ne laissant passer que ses yeux bleus, était présent et à dessein du regard qu'il m'adressait, n'était pas si innocent qu'il voulut le faire croire sur ma présence en ces lieux.
- Merveilleux, tu es enfin réveillée Helen, dit-il alors qu'il s'avançait dans ma direction. Oh oui, c'est vrai, j'oubliais que tu n'étais plus en état de parler !
Son sourire malicieux me dégoûta sur-le-champ, tout comme l'odeur de son haleine. Pourtant, je pus au moins connaître un détail sur moi : mon nom, Helen, mais dans ce contexte, cela n'était pas merveilleux et surtout qui était-il ?
* * * U * * *
Mes nombreuses tentatives de pseudo-évasions furent un échec. Comment pouvais-je espérer qu'agir comme dans les films d'action marcherait ? Ce n'était que de la fiction et donc cela se trouvait à des lieux bien trop loin de ce que l'on pouvait subir dans la réalité.
De plus, être privée de parole constituait, pour ma part, de ressentir une angoisse profonde.
Qui pouvait bien prendre soin de faire subir ce genre de situation à quelqu'un ? Un taré ? Un psychopathe ? Certainement.
Pourtant, je pus ressentir que cela avait été préparé avec intention, comme pour dire que ce qu'il allait m'arriver eut été longuement prémédité, et qu'il lui avait fallu avoir le bon timing pour m'enlever. Une blague de mon cousin ?
Non, ce n'était pas son genre. Ou une mise en scène digne d'un Stephen King comme les aimait Rémy, son compagnon de longue date. Bien évidemment, mais à un détail près : jamais il ne me le ferait subir. Jamais, il n'irait jusqu'à me coudre les lèvres, parce que premièrement, il avait une phobie des aiguilles, et que deuxièmement, il connaissait les enjeux psychologiques d'une telle situation, ce qui le répugnait.
Alors, qui m'avait emmené ici, sans que je puisse voir quoi que ce soit ?
Toutefois, je fus dans la certitude de recevoir les réponses à mes questions quand j'entraperçus une longue silhouette longiligne face à moi. Une silhouette dont seuls les yeux ressortaient dans un regard perçant et remplit d'envie.
- Bonjour Ursle, c'est un plaisir de te savoir enfin réveillée.
Une question brûlait à présent mes lèvres : comment connaissait-il mon nom ?
* * * S * * *
Les minutes à comprendre ce qu'il se passait furent interminables, malgré le fait que cela avait pu me permettre de retenir l'envie de vomir le contenu en alcool et en sang que possédait mon estomac, et de chercher un moyen de me tirer d'affaire, pourvu qu'il pouvait y en avoir un.
Les envies de me faire entendre avaient été vaines, personne n'était présent dans ce trou paumé, dans cette pièce sombre que la vie semblait esquiver, puisque tout ce qui m'entourait datait d'époques tellement lointaines.
Qui utilisait encore des chaînes reliées au col, alors que cela ne se faisait plus depuis une bonne cinquantaine d'années. Fallait-il être totalement cinglé pour faire usage de ces moyens pour enfermer une femme comme un lion en cage ? Sans aucun doute.
Une odeur que je reconnus me parvint à hauteur des narines. Un goût âcre comme le sang mélangé au vomi fit irruption dans ma bouche, l'odeur qui approchait ressemblait à celle d'un cadavre entrant dans un état de putréfaction avancée après quelques jours. Cependant, la mort entra dans la pièce sous la forme d'un homme d'une vingtaine d'années, bien que je lui donnais, seulement, deux ans au-dessus de l'unité.
Son odeur fétide se fit plus prenante, alors qu'il colla son front au mien.
- J'espère ne pas t'avoir trop fait attendre Soizig ? Tu sais qu'il m'était dommage de ne pas te ramener ici !
Me ramener ? Pourtant, sa voix m'était totalement inconnue. Alors qui était-il ?
* * * H * * *
La proie d'un gibier, voilà ce à quoi je ressemblais attachée aussi vulgairement qu'une vache dans un abattoir. Bien que cela y ressemblait fortement après moult observations silencieuses. Oui, le silence m'était imposé et je devais m'y adapter avec fermeté pour ne pas risquer la moindre représaille.
Le froid engourdissant mes membres, je continuais à me « formater », car même si ma « situation » faisait penser à un film d'horreur, je devinais avec simplicité que si j'essayais de parler, je me retrouverais six pieds sous terre dès l'acte exécuté, et cela fut de loin la chose à éviter en priorité, même si les échappatoires restaient minces et quasiment inexistantes comme les chances de survie d'un homme condamné dans le couloir de la mort, bien qu'innocent, mais dont les preuves l'incrimineraient sérieusement. Des situations horribles, et qui pourtant, arrivaient bien trop souvent.
Cela fut clairement le cas pour moi.
Alors comment l'idée de m'en sortir pouvait encore couler comme de l'eau de roche dans mes pensées ?
J'étais totalement perdue. Perdue dans un endroit lugubre et insalubre, et dont l'eau de pluie ainsi que le froid s'infiltraient sans encombre.
Me croyant donc ainsi mourir, l'arrivée de cette personne que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam m'apparut comme un miracle.
- Je suis content de te voir Harmony. Aujourd'hui, s'annonce comme le nouveau jour de ta vie.
Enfin... C'en était trop beau pour être vrai.
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