Rage sur la ville

Une minute de lecture

Mais que cette ville éteigne ses lumières ,

Seuls les chiens ont besoin de ses réverbères ,

Que ces paumés aillent gueuler ailleurs

La complainte des prostituées sans coeur ,

Et les ivrognes titubent contre les poubelles

En ramassant des ordures providentielles ,

Et la ville devient un cauchemar réel

Pour tous les hallucinés errant dans ses ruelles .

Tout à l'heure l'aube crachera des soleils avortés ,

Première nausée devant cette vie fatiguée

Et le brouillard comme un poumon tuberculeux

N'essuiera pas sa morve de gosse malheureux .

Les feuilles naviguent le long des trottoirs

au milieu de flaques d'eau sales et noires ,

Sur les parkings les voitures étincelantes

Semblent des barques attendant la marée montante .

Surtout fuir cet endroit suintant le temps d'avant ,

Mon ancre repose sur des sables mouvants ,

Je me heurte à la clarté , moucheron imprudent ,

ô que je parte vite , loin , rapidement.

Mais là-bas le réverbère comme un phare

Perdu sur une mer de brouillard ,

a poignardé l'obscurité d'une nuit d'hiver ,

Lacèrant mon âme sans écouter ma dernière prière.

Anne Campagnolo

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