Rage sur la ville
Mais que cette ville éteigne ses lumières ,
Seuls les chiens ont besoin de ses réverbères ,
Que ces paumés aillent gueuler ailleurs
La complainte des prostituées sans coeur ,
Et les ivrognes titubent contre les poubelles
En ramassant des ordures providentielles ,
Et la ville devient un cauchemar réel
Pour tous les hallucinés errant dans ses ruelles .
Tout à l'heure l'aube crachera des soleils avortés ,
Première nausée devant cette vie fatiguée
Et le brouillard comme un poumon tuberculeux
N'essuiera pas sa morve de gosse malheureux .
Les feuilles naviguent le long des trottoirs
au milieu de flaques d'eau sales et noires ,
Sur les parkings les voitures étincelantes
Semblent des barques attendant la marée montante .
Surtout fuir cet endroit suintant le temps d'avant ,
Mon ancre repose sur des sables mouvants ,
Je me heurte à la clarté , moucheron imprudent ,
ô que je parte vite , loin , rapidement.
Mais là-bas le réverbère comme un phare
Perdu sur une mer de brouillard ,
a poignardé l'obscurité d'une nuit d'hiver ,
Lacèrant mon âme sans écouter ma dernière prière.
Anne Campagnolo
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