Chapitre 5 - Le Marais Fumant
En approchant des montagnes de cristal, le paysage se faisait plus vallonné et boisé. Nous aperçûmes rapidement les hauts sommets se lever de l’horizon. Leurs pics acérés brillaient de neige et prenaient l’allure du métal. Ils étendaient leurs ombres sur la plaine, trouées çà et là par des lames solaires qui tombaient entre les nuages.
Bientôt, cette image lointaine se voila d’un brouillard épais, au gout soufré. La route du sud longeait les marais fumants. Même si elle n’y pénétrait pas, leur proximité embrumait notre chemin. Je sentis la tension de nos chevaux, Pator et Calux, ainsi que l’inquiétude de mon père et son regard alterner entre les alentours et son épée.
Des gobelins habitaient ce marais et par instants je cru apercevoir des mouvements entre les herbes hautes ou entendre des clapotis sur les marres verdâtres qui bordaient la route sur notre droite. Nous roulâmes ainsi plusieurs heures, en silence. L’anxiété serrait nos gorges et nos mots.
Soudain, une forme se découpa sur la brume. Un petit être vert se dressait sur la route, à quelques mètres. Ses grands yeux jaunes nous fixaient. Mon père rapprocha son épée de lui. Le gobelin ne cilla pas. Il nous observa nous rapprocher à travers les fumées.
Subitement, il sauta au bas de la route et disparu dans les marais. Nous ne le revîmes pas, ni lui, ni aucun autre. Mon père me raconta avoir entendu des rumeurs chez les délhiens. Les gobelins se comportaient étrangement ces temps-ci. Ils s’agitaient dans les marais, mais aussi dans le bois du Molag plus au Nord.
La route quitta les bords marécageux pour s’élever dans les montagnes de cristal. Le chemin était caillouteux et faisait brimbaler notre charrette. Il nous portait jusqu’à La Source, capitale des nains des sommets.
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