Une silhouette avançait dans la campagne. Loréana était seule ce soir. Les grillons l'encourageaient de leur chant guerrier alors qu'elle sentait sa force décliner. Le rayon lumineux de sa lampe torche ne lui révélait que les feuilles noircies des anciens arbres des haies. La lumière pouvait attirer les féroces Skia, mais le risque en valait la peine. Peut-être les Irées la retrouveraient-elles, et alors, le monde respirerait à nouveau.

 - Douces Irées, voyez le flambeau qui vous éveille, venez à moi.

 Mais l’appel ne suffit pas. La nuit avançait, s’éclairant des lumières stellaires. Loréana continuait de progresser entre les haies, se frayant un passage à travers les ronces. Elle taillait ainsi vaillamment sa route depuis déjà trois ans. Trois années qui avaient fait d’elle la brûlée, la fille au soleil éblouie. Son vrai nom, celui qu’elle affectionnait le plus sans le connaître encore était la fille au feu de joie. Mais à l’instant où nous la voyons se débattre dans la nuit, elle regrettait son premier nom, le doux nom de Louise. Ce soir, le souffle du vent d'été dans les feuilles mortes chantait son histoire.

 Venez, laissez-vous emporter par la fantastique machine à voyager dans un temps irréel. C’est la mienne, elle fonctionne à l’illusion, aux mouvements de pupille répétés et au code commun de l’humanité. Écoutez mon langage, les formules magiques nous font frémir à travers les années. Louise sait parler. Elle écoute l’humanité depuis deux ans déjà, qui lui ont appris où elle devrait aller. Louise sait courir, elle pourra se rendre n’importe où au pas de course si l’univers lui en laisse la liberté. Le fera-t-il ? Louise sait penser, elle agite ses neurones qui se percutent les uns les autres pour former des peurs, des amours, des espoirs. Louise a l’âge du monde. Elle part à sa recherche pour le sauver.