2. Nouvel établissement
PDV d'Ely
Je regarde une nouvelle fois pour être sûre que je ne rêve pas. Des barbelés dominent des grillages qui font au moins 5 mètres de haut. Ce qui est certain c'est que je ne pourrai jamais m'enfuir en passant par-dessus cette clôture. Des caméras filment l'entrée ! En ce qui concerne la sécurité, ils sont au top. C'est la première fois que je vois un lycée qui ressemble à une prison. Mon père montre un document face à la caméra et les portes s'ouvrent. C'est quoi ce cirque ?
Il descend de la voiture, je fais de même. Il sort ma valise du coffre et veut s'expliquer.
- Je dois te laisser ici, car je n'ai pas le droit d'entrer dans les bâtiments. Je suis désolé de devoir en arriver là, mais depuis deux ans tu te conduis comme une délinquante. Comprends-moi : je ne veux pas que tu gâches ta vie et je préfère sévir avant qu'il ne soit trop tard. Un jour, tu me remercieras.
- Ça m'étonnerait !
Je pars sans lui dire au revoir. Non, mais il croit quoi ? là !
Je continue d'avancer quand un homme en treillis arrive à ma hauteur. C'est quoi ce délire ! Je n'entre pas à l'armée, mais dans un pensionnat.
- Bonjour, vous êtes Ely.
- NON SANS BLAGUE !
- Garde tes sarcasmes si tu ne souhaites pas être sanctionnée dès ce soir. Je suis le lieutenant Jeff.
- MAIS BIEN SÛR ! TU PEUX TOUJOURS RÊVER !
- Nous réglerons ce souci chez le colonel. On verra si je rêve toujours.
Il m'attrape par le bras avant de me traîner jusqu'au bureau du colonel.
- Je te conseille de te calmer. Le colonel n'accepte aucun écart de comportement . Celui, qui goûte à ses sanctions, ne renouvelle pas les mêmes erreurs après car il s'en rappelle longtemps. Tu peux faire la rebelle, mais tu finiras par plier comme les autres.
Il frappe à la porte où il est écrit en noir « COLONEL » sur une plaque au fond doré.
- Entrez !
Je rentre en l'ignorant. J'en ai rien à faire de leurs conneries de salutations. Qu'ils aillent tous se faire voir ! Non, mais franchement, un lycée militaire, je ne savais même pas que ça existait.
- Je ne te dérange pas de trop !
- Non, pas du tout, par contre si on pouvait me montrer ma chambre ce serait cool.
- TU TE CROIS OÙ ?
- Excusez-moi, mon colonel. Ely m'a déjà manqué de respect et j'ai été obligé de lui saisir le bras pour la forcer à me suive, dit le lieutenant.
- Puis-je avoir plus de détails de votre part, lieutenant ?
Il raconte tout ce que je lui ai dit ; on se croirait à la maternelle.
Le colonel se lève et congédie le lieutenant.
- À nous deux, je n'irai pas par quatre chemins : CE SONT LES GRADÉS QUI COMMANDENT ICI ! Tu leur dois le respect et obéissance à toutes leurs demandes.
- Ouais. C'est ça !
- Peux-tu répéter ? me dit-il sévèrement.
- ....
- J'ATTENDS !
- Oui, c'est...ça, dis-je en hésitant.
C'est vrai qu'il fait peur et l'expression de son visage ne me rassure pas du tout.
- Je n'ai jamais été obligé de punir une recrue dès le premier jour. Ton père m'avait averti que tu avais du caractère mais je confirme. NE T'INQUIÈTES PAS. JE VAIS TE MATER ! Tu rentreras dans le rang comme toutes les recrues. Donc, nous allons entrer dans le vif du sujet : Ici, mauvais comportement rime avec punition. Vu ton empressement pour retrouver ta chambre, je t'offre l'isolement où tu rédigeras deux lettres d'excuses, une pour moi et une pour le lieutenant qui t'a accueillie, pour pouvoir en sortir.
- TANT MIEUX, COMME ÇA PERSONNE NE ME FERA CHIER !
- On verra qui obtiendra gain de cause à la fin. Suis-moi !
On ne ressort pas de son bureau. Il ouvre une porte et, là, je vois plusieurs autres portes avec des numéros dessus.
- Tu te demandes à quoi servent ces numéros ?
Et, sans attendre ma réponse : ils caractérisent les degrés de confort de chaque chambre d'isolement. Le numéro 3 indique la pièce la plus spartiate.
- Je t'offre donc cette pièce, histoire de te remettre les idées en place, reprend-il.
Il me donne des feuilles et un crayon bille avant de refermer la porte. Les verrous claquent. Je suis déjà sanctionnée. Je regarde autour de moi et, là, je vois seulement un bureau sans chaise, pas de matelas, une vague couverture grise pliée en huit dans un coin, un lavabo, des toilettes et une douche. En relevant la tête, je vois une caméra, mais ils sont dingues ici.
Je suis tellement en colère que je balance tout. Il me vient une super idée pour les emmerder, je relève le bureau que je viens de renverser. Je le rapproche du mur pour atteindre et détruire la caméra. Soudain la porte s'ouvre, deux hommes en treillis entrent et me retirent le bureau qui était mon seul confort.
Le colonel est à la porte et observe ma réaction.
- Tu aurais dû réfléchir avant de faire n'importe quoi. Sans bureau, tu devras te mettre à quatre pattes pour écrire ; le sol te fera office de table. De plus, tu auras seulement de l'eau froide pendant toute la durée de ton séjour dans cette pièce. Bonne soirée, Ely.
MAIS QUEL CON ! Je vais le tuer !
C'est la première fois que je l'observe d'un peu plus près depuis que je suis arrivée ici. Il faut dire que j'étais trop accaparée à réfléchir sur les moyens de m'évader. Il est grand, cheveux châtain clair avec des yeux à faire craquer. En gros, tout ce que j'aime chez un homme ! Et en plus, ce n'est pas un vieux, je lui donne à tout casser 25 ans. Trop mignon le mec ! Arrête Ely, tu délires ! C'est un « putain » de tyran qui va t'emmerder au quotidien.
Il faut absolument que je trouve une solution pour me barrer de ce lycée de merde.
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