8. La sanction

7 minutes de lecture

PDV d'Ely

Je décide de vraiment me la fermer cette fois. Il ne faut pas que je réponde à leurs provocations sinon je ne suis pas prête de m'évader de cette prison.

Je ne réponds pas à la question que vient de me poser le colonel. De toute façon, elle était purement rhétorique.

On sort du bureau et je suis le lieutenant Jeff en silence. Ce n'est pas le moment que j'en remette une couche.

PDV de Jeff

Elle ne dit rien. Alors là, je n'y comprends plus rien de la part de "madame" qui se rebelle pour un oui ou pour un non. Je décide de la provoquer un peu comme j'aime le faire avec les fortes-têtes.

- Alors Ely, tu es prête pour ta petite séance ?

Elle continue à m'ignorer ce qui m'agace au plus au point.

- Quand je pose une question, celle-ci attend une réponse ! Est-ce bien claire ?

- Oui, lieutenant. Je vais faire de mon mieux.

Mais qu'est ce qui lui prend ? Elle débite ses paroles sans aucun sarcasme.

- Donc, vu que tu avais 2 h de prévues + les 2h30 dont tu as écopées ce matin pour ton retard, je répartis ces heures en 2 fois. Soit 2h15 ce matin et 2h15 juste après le déjeuner. Entre les deux, il me semble que tu as une dissertation à rédiger pour le colonel Fred, ce qui devrait te dissuader de faire de nouvelles sottises d'ici ton coucher.

- Merci, lieutenant.

Elle débute par un footing comme je l'ai fait tout à l'heure avec ses camarades. La seule différence, c'est qu'elle court toute seule pendant que je la regarde. Je ne me suis pas encore décidé sur la durée. Elle m'a tellement énervé que je la laisserais bien courir pendant toute la séance.

Elle vient seulement de terminer son premier tour. Il lui a fallu 10 minutes alors que ses camarades le font en 5 minutes. Elle a raison ; puisque c'est comme ça, cette après-midi c'est moi qui donnerai le rythme. Tant qu'elle n'avancera pas à l'allure que je souhaite, elle fera des tours supplémentaires. Elle court maintenant depuis 1 heure, il est temps de passer à la suite du programme. Je ne vais pas lui dire maintenant qu'elle s'est payée ma tête, je lui ferai la surprise après son repas.

- Ely, tu peux arrêter. Étire-toi pour éviter les courbatures.

Ely s'étire sans aucune conviction. Après tout, ce n'est pas mon problème si elle souffre durant quelques jours. Elle apprendra à ses dépens qu'il faut mieux nous écouter. Elle commence à partir vers les bâtiments en me laissant sur place.

- Pas si vite Ely, il te reste 50 abdos à faire !

- Oui, lieutenant.

Si cela continue, je vais vraiment finir par croire qu'elle est malade. Elle s'installe et fait ses abdos sans broncher. Cette fois, je reste sans voix.

Elle termine sa séance par des étirements que je lui impose.

Moi : Bien Ely, tu vas à la douche avant d'aller faire ta dissertation. On se retrouve au gymnase à 13h30.

Ely : Oui, lieutenant.

PDV d'Ely

Je pense que j'ai réussi à duper ce nigaud. Il faut que je continue à jouer le jeu. Pour preuve, il s'est adouci en fin de séance.

Je retourne dans ma chambre pour prendre ma douche et faire cette putain de dissertation. Franchement, ils doivent en faire une collection. Après tout, s'ils n'ont que ça à faire, c'est leurs problèmes. Je me remémore le sujet sur lequel je dois composer. "Détailler toutes mes erreurs ainsi que les solutions que j'envisage pour améliorer mon comportement". Je vais devoir écrire du baratin si je veux remplir les 4 pages demandées.

11h50 : Ouf, je viens de terminer ! Je suis plutôt fière de moi. J'ai écrit bien gros, histoire de remplir les 4 pages demandées par le colonel. Je rejoins le self et attend en rang calmement que l'on nous fasse entrer. Bonne nouvelle, à midi, le lieutenant ne nous casse pas les pieds. Je me sers et retrouve Dylan. D'ailleurs, il est toujours seul. Il a vraiment du mal à s'incorporer à cette section.

- Alors, tu as tenu tête à notre cher lieutenant. Tu ne peux pas imaginer comment on a morflé !

- Si, je viens de courir et faire 50 abdos à cause de ce sadique. Je t'affirme que c'est vraiment un gros con. A croire que ça le fait bander de nous martyriser ! Et le pire, il me reste encore 2h15 avec lui à 13h30.

Dylan s'écroule de rire avant de reprendre.

- D'un côté, tu l'as bien cherché quand même. Arriver en retard à une punition, une chose à ne pas faire avec lui.

Même si ça m'énerve, je sais qu'il a raison.

- Au fait, on a été interrompu la dernière fois ! Tu peux répondre à ma question concernant une éventuelle évasion.

- Perso, j'ai essayé et regarde où je me retrouve, dans ta section. Plus de sortie, d'appel téléphonique, de télé, d'internet et le pire de tout, couché à 21 h. J'ai l'impression d'être un gamin de 2 ans.

C'est à mon tour de rire à sa réponse. Il est vraiment sympa ce mec. Je me demande comment il a pu atterrir dans cet établissement. Il a l'air de tout sauf d'un délinquant.

- Blague à part, tu n'aurais pas un tuyau à me donner. Je te propose même de m'accompagner.

- Franchement, je ne recommencerai pas. Ils m'ont prévenu que la prochaine fois, ils me laisseraient à l'isolement, niveau 3, jusqu'à la fin de ma condamnation. Et pour y avoir goûté quelques jours, au tout début de mon arrivée ici, il est hors de question que je me retrouve de nouveau entre ces 4 murs. Par contre, pour l'info, tous les soirs du vendredi, le lieutenant et le colonel partent en virée. Si tu veux tenter de te tirer, je pense que ce serait à ce moment-là. Attention, je ne t'ai rien dit.

- Ok, Ok. Je ne savais pas qu'ils étaient potes. Ils s'appellent toujours par leurs grades ces 2 bouffons.

Je regarde l'heure. Oh là, il faut que je m'active si je veux être à l'heure. Pour que mon plan fonctionne, je dois faire profil bas quelque temps et dès que j'aurai obtenu leur confiance, je me barre.

- N'oublies pas: Si tu te fais prendre, je ne t'ai rien dit et je ne suis au courant de rien. Go, histoire que tu ne le mettes pas en rogne 2 fois dans la même journée.

Je me retrouve donc à l'heure devant mon très cher lieutenant. C'est de l'ironie, je le déteste.

- Oh, Ely, du plomb c'est enfin greffé dans ta petite cervelle. Tu ne m'as pas fait l'affront d'être en retard. Je te félicite pour cette ponctualité. Trêve de plaisanterie, ce matin je pense que tu n'as pas donné le meilleur de toi-même. Je te propose donc un marché. Je diminue d'une heure cette séance si tu me suis sans te laisser distancer. Ne te réjouis pas trop vite ; à l'inverse je l'augmente d'une heure si je te distance. Relèves-tu le défi ?

Je retrouve enfin le sourire.

- Oui, lieutenant.

Ce qu'il ne sait pas, c'est que je suis forte en endurance. J'ai fait exprès ce matin de prendre mon temps.

- Dans ce cas, on y va.

Au départ, il va doucement. Il ne faut pas que je lui montre que je suis trop à l'aise sinon il va durcir l'exercice pour que j'échoue. Après le premier tour, il augmente la cadence. Je le suis sans aucun souci. Au début du cinquième tour, il me lance un regard noir.

- Ce matin, tu t'es bien moquée de moi !

- Oh non, je n'aurais pas osé lieutenant.

Il ne relève pas mon ironie.

- Dernier tour si tu arrives à me suivre ! Sinon, il y en aura un de plus jusqu'à ce que tu réussisses.

Ely : Oui, lieutenant.

Et là, il met le paquet ! Je fais tout mon possible pour le suivre mais ça devient compliqué pour moi. Il allonge ses foulées de plus en plus. Je vois bien qu'il le fait exprès, il doit vouloir se venger de mon petit parcours de santé de ce matin. C'est vrai que je n'y ai pas mis les formes. Mais heureusement pour moi, on arrive à la fin du tour. Je suis trop fière de moi, j'ai réussi. Il me lance une bouteille d'eau, loin d'être ravi par ma réussite.

- Suis-moi et il part sans se retourner.

Si je n'avais pas pour objectif de me barrer d'ici, je ne l'aurais pas suivi. On ne ma parle pas de cette façon. Je m'en tiens donc à mon plan.

- Voici le parcours d'obstacles que tu vas devoir réaliser avant que je te libère.

Je regarde le parcours et je me dis que, malgré mon niveau en sport, je vais en baver.

Je commence par une longue course. Puis, je passe sur une poutre. Ensuite, je rampe dans la boue ; ça, je sais qu'il l'a fait exprès. Je me relève et continue et ainsi de suite. Il doit rager à mon avis ; j'ai réussi le parcours sans trop de difficulté.

Je rentre donc en ayant fait seulement 1 heure 15 de sport cet après-midi. Je passe par ma chambre pour récupérer ma dissertation afin de la déposer chez le colonel. Bizarre, il me la prend sans faire aucun commentaire. Je respecte le rituel du soir que l'on m'impose.

Ma journée se termine sans autres incidents. Le lieutenant passe vérifier que je suis bien couchée à 20h. Je suis tellement exténuée que, même si je n'y avais pas été contrainte, j'aurais été au lit.

Je m'endors en pensant que demain matin, je serai toute seule avec ce beau colonel...

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