PDV de Fred

Je suspends ma réponse car je n'arrive pas à prendre ma décision.

Jeff vient de me mettre un ultimatum : soit je redresse la barre, soit je le laisse gérer Ely pour qu'elle devienne enfin docile.

Il est vrai que j'ai beaucoup négligé son éducation, ce qui n'est pas dans mes habitudes. En général, je punis sévèrement tout acte de rébellion. Pourquoi suis-je devenu compréhensif au point de baisser la garde au niveau de son éducation ?

Mais de là à confier à Jeff mon Ely, je ne sais pas… Je sais que si je lui laisse son éducation, elle deviendra une parfaite soumise.

Elle me reproche déjà de l'abandonner alors, là, elle m'en voudra à mort. Et si Ely finissait par préférer Jeff à moi à la fin.

Je ne sais plus quoi faire, je ne dois pas la laisser tomber mais d'un autre côté elle a vraiment dépassé les bornes une nouvelle fois ce matin.

— Fred, tu dois faire ton choix maintenant si on veut qu'elle comprenne qu'elle va trop loin. Je ne veux pas te mettre la pression mais que va-t-elle inventer la prochaine fois ? Pour l'instant, tout s'est toujours bien terminé mais jusqu'à quand ?

— Elle est à toi mais promets-moi d'en prendre soin.

— Sage décision Fred, je te ferai un rapport chaque semaine sur ses progrès. Je savais que tu prendrais la bonne décision.

— Comment comptes-tu t'y prendre ?

Ma voix est hachée tellement ça me fait mal de confier Ely à Jeff, j'ai tellement peur de la perdre pour de bon.

— Ce n'est plus ton problème Fred, ce qui est certain, je te la rendrai seulement lorsqu'elle aura compris le respect qu'elle doit porter à un Maître et à ses supérieurs. Je te laisse le soin de lui annoncer ta décision. Il faut que tu sois ferme et surtout ne lui montre pas tes doutes face à ta décision.

— Facile à dire. Je vais faire de mon mieux.

— Si tu n'es pas sûr de ta fermeté, je préfère le lui annoncer.

— Non, je dois le faire, c'est mon rôle.

— De plus, je serai ton mentor durant toute la période d'éducation d'Ely. De ce fait, une fois par semaine nous nous rendrons au club tous les 3, tu seras responsable d'Ely pendant cette soirée. Et à ce titre, je ne veux aucune pitié, il faudra que tu sois le Maître intransigeant que tu es habituellement.

Sa voix est sèche et sans appel, il est déjà rentré dans son rôle de mentor.

Nous ne sommes plus dans le rôle hiérarchique de l'école mais belle et bien dans nos rôles de Maître. Dans notre cercle, lorsqu'un Maître est à la dérive, il se fait recadrer par un Maître expérimenté.

— Bien, il est temps de le lui annoncer.

En annonçant son intention, il est déjà en train d'ouvrir la porte. Il fait signe à Ely de le suivre et se retrouve au milieu du bureau.

Elle me fixe sans aucune gêne, ce qui me conforte dans le choix de ma décision. Ely devient ingérable depuis son retour de l'hôpital.

Je lui fais face pour lui annoncer ma décision.

— Ely, tu n'es pas digne d'être ma soumise, malgré toutes les punitions, tu ne respectes toujours personne et n'en fais qu'à ta tête. J'ai donc pris la décision de confier ton éducation au lieutenant Jeff qui est un Maître et un éducateur très réputé en ce qui concerne la discipline.

Je regarde toujours Ely dans les yeux puisqu'elle a continué à me fixer malgré l'interdiction de le faire. Elle reste inflexible comme si ça ne lui faisait ni chaud, ni froid, ce qui a le chic de me serrer encore plus le cœur.

Lorsque je me retourne, je vois dans le regard de Jeff que j'ai prononcé ce qu'il souhaitait entendre.

Après avoir fait un signe de tête pour saluer Jeff, je me dirige vers la porte pour sortir. Je ne peux rester plus longtemps, je finirai par céder.

— TU N'ES QU'UN LÂCHE DEPUIS LE DÉBUT ET ÇA SE DIT MAÎTRE. MAÎTRE DE MES DEUX !

Elle vient de lâcher cette phrase tellement vite que Jeff n'a pas eu le temps d'intervenir. Mais tel que je le connais, elle va le regretter amèrement.

— STOP ELY !

Il lui envoie une claque monumentale. Ses larmes roulent sur ses joues. Mais elle continue à le défier.

— A genoux, présente tes excuses au Colonel, immédiatement !

— Je n'écoute que les ordres de mon Maître !

PDV d'Ely

Mais il se prend pour qui ce bouffon? J'ai déjà bien du mal à le supporter en cours alors hors de question de l'avoir 24h/24 sur le dos.

Sa main saisit ma nuque, il serre de plus en plus fort jusqu'à ce que je me plie à ces ordres. Sa poigne est ferme.

La pression est de plus en plus forte, pourquoi il ne me lâche pas, je suis au pied de mon Maître, c'est bien ce qu'il voulait il me semble.

Et, mon soit disant Maître, pourquoi il ne me défend pas, je le provoque volontairement et lui il se laisse dicter sa conduite, de mieux en mieux.

— Je continue de serrer si tu ne t'excuses pas maintenant.

La force qu'il exerce déjà sur ma nuque finit par lui donner raison.

— Veuillez m'excuser, c'est bon vous êtes content !

Ma dernière réplique n'a pas l'air de lui plaire, je le sens resserrer sa main encore plus sur ma nuque.

Mes larmes coulent de nouveau, tellement la douleur devient insupportable. Sa détermination va réussir à me briser.

Je ravale ma fierté et lui dit ce qu'il veut entendre même si je n'en pense pas un seul mot.

— Je vous prie de m'excuser, mon Maître.

Il ne relâche toujours pas sa prise alors que j'ai présenté mes excuses, je ne sais pas pourquoi.

— Le colonel n'est plus ton Maître, tu ne mérites pas de l'appeler ainsi. Reformules ta phrase.

Il continue sa prise et me relâche enfin quand je me suis excusée comme il le souhaitait.

Je reste à genoux, abasourdi par ce qu'il vient de se passer. Sans faire attention à moi, il échange quelques paroles avec mon Maître. Même si je n'ai plus le droit de l'appeler ainsi, il garde quand même ce titre dans mon cœur.

J'entends la porte se refermer, il me relève sans douceur et me plante à l'endroit où j'étais avant que mon Maître arrive.

Après être passé derrière son bureau, il reprend.

— Tes actes ne resteront pas sans conséquences, réfléchis bien, je ne veux plus t’entendre jusqu'à ce soir.

Puis il retourne à ce qu'il faisait tout à l'heure.

Il m'ignore une nouvelle fois, ce qui me déstabilise une nouvelle fois. Je crois que l'attente de la sanction est encore pire que de la recevoir.