43. La cabane aux plaisirs
Jonas
Mais qu'est-ce qui lui a pris ? Je n'arrive pas à croire qu'elle ait profité de cette danse que j'ai fini par accepter suite à son insistance pour essayer de m'embrasser ! Et elle insiste, en plus, cette folle. La voilà qui me retient à nouveau par le bras et colle son corps contre le mien, tandis que les applaudissements pour la performance de Pénélope retentissent.
— Hélène, tu n'as pas compris que je ne suis pas intéressé ? l'attaqué-je alors que, sans gêne, elle pose une de ses mains sur mon entrejambe et l'autre derrière ma nuque pour essayer de m'embrasser.
Elle a trop bu, c'est clair et dans d'autres circonstances, j'aurais sûrement cédé à ses avances comme cela est déjà arrivé une fois lors d'une de mes visites chez mes parents. Mais là, franchement, ce n'est pas elle qui me donne envie, ce n'est pas avec elle que je veux faire des galipettes ce soir. Ce dont j’ai besoin, c'est de retrouver le corps voluptueux de la splendide chanteuse qui est en train de s'éloigner, c'est d'oublier que le monde existe en me perdant dans ce genre d'étreintes passionnées qui font voir des étoiles et que je n'ai connues qu'avec la rousse que j'ai tant aimée toutes ces années.
— Ce n’est pas vraiment ce que me dit ton corps, à cet instant, susurre-t-elle en tentant de m’embrasser.
— Tu as trop bu, rentre chez toi, ça vaut mieux. Tu mérites mieux qu'un coup vite fait qui te laissera frustrée parce que je refuse de te faire un môme.
Oui, parce que c'est ça, son fantasme. Et elle y était presque arrivée en me retirant mon préservatif en plein milieu de l'action la fois où j'ai cédé à ses avances. Une vraie furie qui semble en colère de me sentir à nouveau la repousser assez brusquement.
— Je ne suis plus libre, Hélène, inventé-je alors. Trouve-toi un mec ici et il sera ravi de réaliser tous tes désirs.
Je parviens enfin à me dégager et commence à m'éloigner quand une autre main se pose sur mon épaule et m'empêche de prendre la direction suivie par Pénélope. Je me retourne vivement, prêt à aboyer sur la prochaine qui tente de s'interposer entre moi et l'objet de mon désir mais je redescends rapidement en constatant que c'est Chantal, la mère de mon ex qui veut me parler.
— Tu ne devrais pas traîner avec le gang des mantes religieuses, mon petit, c’est la pire idée possible…
— Le problème, c'est que la personne avec qui je veux traîner vient de se barrer avant même que je puisse la féliciter. Elle est toujours aussi merveilleuse, non ?
— Bien sûr qu’elle l’est toujours autant, rit Chantal. Mais bon, dix ans à vous casser du sucre sur le dos, ça nécessite un peu de temps pour s’en rendre compte.
— Oui, malheureusement, ça fait dix ans qu'elle me fuit. Mais ce soir, je compte bien lui exprimer la joie qu'elle nous a donnée en chantant. Tu m'excuses mais il faut que j'aille le lui dire en personne.
Je lui fais une petite bise sur la joue avant de m'éloigner de la foule en me demandant où est partie Pénélope que je ne vois plus nulle part. Je scanne la foule qui danse mais elle n'est pas revenue. J'évite soigneusement de croiser le regard d'Hélène qui semble n'attendre qu'un signe de ma part pour se déshabiller et constate que ma rousse n'est pas non plus retournée au service. La connaissant, je pense savoir où elle est allée se réfugier. Se remettre à chanter a dû la submerger d'émotions et je mettrais ma main au feu qu'elle est allée dans "notre" cabane pour reprendre ses esprits.
Pour vérifier ma théorie, je me dépêche d'aller voir sur place mais je suis déçu de constater que tout est sombre et que la porte de notre petite masure est fermée. Me serais-je trompé ?
Éclairé par la Lune, je me rapproche doucement de l'arbre, les yeux levés vers la cabane, et sursaute quand la voix de Pénélope m'interpelle. Elle est assise sur l'herbe, adossée à l'arbre et ne semble pas ravie de me voir débarquer.
— Qu’est-ce que tu fiches ici, Jonas ?
Il semblerait que l'air normand ne suffise plus et que l'on soit revenu à la guerre froide parisienne. Mais qu'est-ce qui lui prend ? Je n'ose pas m'approcher davantage mais affronte son regard qui semble à nouveau ressembler à un révolver.
— Je voulais juste te féliciter pour ta performance. Tu étais magnifique sur scène. J'étais sous le charme.
— Moins sous le charme que des amygdales d’Hélène apparemment, marmonne-t-elle.
— Mais qu'est-ce que tu racontes ? Elle m'a juste sauté dessus ! Tu n'as pas vu comme je l'ai repoussée ? Demande à ta mère et tu verras que je ne te mens pas ! Je peux t’assurer que ce soir, la seule qui m'envoute, c'est toi, ma Nono. Tu es…
J'hésite un court instant avant de me lancer. Je ne veux pas qu'elle se fasse de fausses idées, pas ce soir qui était si magique jusque là.
— Tu es la seule que j'ai regardée ce soir, la seule que j'ai envie de charmer, la seule capable de me faire rêver. Je t'en prie, crois-moi, toutes ces autres membres du gang ne t'arrivent pas à la cheville… Sinon, tu penses bien que je ne serais pas ici…
— J’ai pourtant vu ta bouche collée sur celle de cette garce d’Hélène alors qu’on était à deux doigts de s’embrasser quelques minutes plus tôt.
— Elle m'a surpris parce que toute mon attention était portée sur toi, soupiré-je en m’asseyant à ses côtés. Et la folle a cru que c'est elle qui m’excitait alors que je peux t'assurer que je pensais plus à notre nuit à Dubaï qu'à autre chose. Pourquoi tu ne me crois jamais quand je te dis que c'est de toi dont j'ai envie ? Que c'est toi qui me plais et que les autres à côté sont fades et insipides ? Et que là, rien ne me ferait plus plaisir que de te serrer dans mes bras et retrouver le goût de tes lèvres que je veux embrasser depuis que tu es arrivée à la fête
— Il faut croire que même après dix ans, tu as toujours cette capacité à me rendre folle de jalousie… C’est aussi flippant que de voir tes parents à fond sur Requiem pour un fou, parce qu’il n’y a qu’avec toi que je réagis aussi vivement. Et pourtant, j’ai conscience qu’on ne se doit rien, que toi et moi… ce n’est plus un nous, mais ça fait toujours aussi mal de te voir avec une autre.
— Arrête de penser aux autres, murmuré-je alors qu'elle vient poser sa tête sur mon torse. Tu vois bien que c'est toi que je serre contre moi, non ? Il n'y a plus de "nous" selon toi mais quand même, on a une connexion incroyable, toi et moi. Ne me dis pas qu'à Dubaï, tu n'as rien ressenti et que c'était juste une baise lambda ?
— Bien sûr que non, c’est toi et moi, il n’y a rien de lambda entre nous… Il n’y a qu’à voir notre relation au boulot, pouffe-t-elle. Mais tu pars à Dubaï et ce “nous” a déjà trop dégusté pour qu’on tente à nouveau l’expérience, il y a trop de rancœur, trop de colère accumulée…
Ses actes démentent ses paroles car je sens ses doigts glisser sous ma chemise et caresser mon torse, ce qui m'empêche de réfléchir clairement.
— C'est dommage car l'expérience est très tentante et qu'on va se priver de tellement de sensations alors que nous sommes tous les deux libres désormais.
Mes mains non plus ne sont pas en accord avec ce que je dis car l'une est bien calée contre ses fesses que je caresse avec envie tandis que l'autre est posée sur sa joue que je masse doucement avec mon pouce.
— Tenter pour souffrir derrière ? Tu crois vraiment que ça en vaut la peine ?
A cet instant, j’ai envie de dire que ça vaut largement la peine mais je me souviens aussi de ce que j’ai ressenti en rentrant des Etats-Unis et je ne suis pas sûr de pouvoir survivre à une nouvelle séparation. Et pourtant, c’est divin de la sentir respirer tout contre moi, de voir sa poitrine se soulever contre mon torse, de respirer son parfum alors qu’elle redresse la tête vers moi.
— Je ne sais pas, honnêtement, Nono. Mais il y a une chose dont je suis sûr, j’ai envie de toi. Et peut-être que ce n’est pas une bonne idée, mais c’est la seule qui réussit à se faire un chemin dans mon esprit de pervers, ris-je en continuant mes caresses et sans lâcher son regard.
— Très bien, alors action, sourit Pénélope en plaquant sa bouche contre la mienne.
Et là, c’est une explosion d'émotions et de désir dans ma tête. Que c’est bon de sentir ses lèvres s’emparer des miennes et de pouvoir retrouver cette sensation incroyable d’être avec celle pour qui mon corps a été créé et avec qui mon âme communie le mieux. Nous nous embrassons durant un long moment, nos mains se faisant de plus en plus aventureuses sur nos corps embrasés par le désir. Elle me repousse contre l’arbre et me chevauche, facilitant ainsi l’accès à ses cuisses sur lesquelles je remonte sa jolie robe si affriolante. Elle doit forcément ressentir le désir que j’ai d’elle car elle s’amuse à se frotter contre mon entrejambe.
— Je crois qu’on serait plus confortables en haut, non ? Et ce serait plus discret aussi, parviens-je à énoncer entre deux baisers alors qu’elle m’a déjà retiré ma chemise.
— Tu as peur que nos parents nous grillent ? Ils seraient capables de nous encourager, glousse-t-elle en se levant. Dépêche-toi, on a assez patienté comme ça.
Et effectivement, elle a l’air très pressée car elle se débarrasse de sa robe au pied de l’arbre avant de monter la petite échelle vêtue d’une simple culotte. Je n’en crois pas mes yeux et me précipite à sa suite en riant et excité comme rarement je l’ai été. Je suis accueilli en haut de l’échelle par la rousse qui se jette à nouveau sur moi pour mon plus grand plaisir. Ses mains arrachent presque mon pantalon et nous sommes nus en moins de temps qu’il faut pour le dire. Son regard est gourmand et c’est un vrai plaisir de l’attirer sur moi après avoir enfilé un préservatif. Elle ne se fait pas prier et vient s’empaler sur mon sexe dressé alors que je pousse un râle de contentement. C’est incroyable à quel point les sensations sont fortes alors qu’elle entame d’abord un rodéo assez endiablé où je me lâche comme elle dans des coups de reins enfiévrés qui laissent progressivement place à quelque chose de plus profond et sensuel. Nos corps se sont retrouvés et, comme à Dubaï et comme avant quand nous étions ensemble, ils se parlent dans une langue qu’eux seuls comprennent. Le désir monte rapidement et graduellement jusqu’à se terminer dans un orgasme qui nous laisse tous les deux essoufflés et comblés.
Elle se colle alors contre moi et je peux profiter de manière plus approfondie de la douceur de sa peau, de ses courbes dont les arrondis me rendent fou. Elle se cambre lorsque mes mains remontent dans son dos et nous nous embrassons encore et encore, comme quand nous étions adolescents, comme si demain n’allait pas exister et qu’il fallait en profiter au maximum. Les années ont passé mais cet endroit a gardé toute sa magie et tout son érotisme. Nous sommes toujours unis et tous les deux ravis d’avoir partagé ce moment qui va en appeler d’autres avant de ressortir de cette cabane, c’est évident. Quant à ce qu’il y aura après, je ne sais pas, je m’en moque. Ce qui compte, c’est l’instant présent, c’est elle, c’est moi, c’est ce nous qui nous fuit depuis si longtemps et dont nous profitons ce soir. Et même le feu d’artifice qui éclate alors que je me remets à aller et venir en elle ne peut nous détourner de ce plaisir que nous ressentons à nous retrouver ainsi. Cette femme, je l’ai dans la peau et les explosions, c’est nous qui nous les offrons à chaque fois que nous lâchons prise et que nous laissons parler nos coeurs.
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