46. Une semaine qui commence bien

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Pénélope

Mon regard croise une nouvelle fois celui de Jonas tandis que le patron expose je ne sais trop quoi. J’ai plus ou moins lâché l’affaire au bout de la deuxième heure de réunion. J’ai bien suivi le point sur les projets en cours, mais j’avoue avoir un peu de mal à me concentrer, ce matin. Je suis persuadée que ce type de réunions gagnerait en efficacité si elle avait lieu le lundi après-midi plutôt que le matin. Surtout quand tu t’es envoyée en l’air la veille au soir, que le weekend a été chargé et que tu n’as qu’une hâte : rentrer chez toi… ou retrouver les copines pour parler de ta fin de semaine loin d’elles. Non, si j’avoue avoir envie de m’épancher auprès d’Elise et Solène, je n’ai aucune envie d’être catégorisée au boulot comme l’une des conquêtes de Jonas… Je sais que la seconde saura être discrète, ce qui n’est pas forcément le cas de la première. Elise a la langue un peu trop bien pendue et l’info pourrait lui échapper trop facilement.

Bon, j’avoue que j’ai la tête à mon weekend… Qui aurait cru que je finirais par coucher à nouveau avec Jonas ? Jonas dont le regard me brûle depuis le début de la réunion. Jonas qui se tire à Dubaï et je ne dois pas l’oublier pour ne pas me prendre une claque monstre lorsqu’il partira. En attendant… nos parents sont plutôt doués je dois en convenir, puisque s’ils n’en ont pas conscience, ils ont atteint leur objectif : nous sommes de nouveau proches. Je doute qu’ils apprécieraient de savoir que nous nous contentons de copuler comme des lapins. Cela dit, le voir partir hier soir m’a fait un peu bizarre, j’en conviens… C’est mieux comme ça, je le sais, mais ça n’en reste pas moins étrange de finir sa nuit seule alors que tu as pris ton pied à deux…

Un soupir de soulagement s’échappe d’entre mes lèvres sans trop de discrétion lorsque Philippe met fin à ce calvaire et j’espère qu’Elise, chargée de prendre des notes, aura été plus attentive que moi, parce qu’on peut dire que j’ai été tout sauf professionnelle, ce matin. Je me dépêche d’ailleurs de quitter la pièce et passe par la salle de repos pour me faire un café avant de regagner le bureau que je partage avec Jonas. Ce dernier est installé sur son fauteuil et ne se gêne absolument pas pour reluquer mes jambes laissées libres par la petite robe portefeuille que je porte aujourd’hui. Bon, il n’a jamais été du genre à se contenter de mater des jambes et mon décolleté y passe aussi, quand bien même il a été occupé un bon bout de la réunion à lorgner dessus.

— Je suis curieuse de voir tes notes, tu ne m’avais pas l’air très concentré.

— Oh, je n’en ai pas pris, j’avais des choses plus intéressantes en tête, répond-il en continuant à m’observer presque en bavant. Et puis, à quoi bon noter ? Dans quelques semaines, je serai à Dubaï. Je me dis que s’il y a vraiment un truc important, on m’en parlera.

Je glousse. Merde, je glousse !

Je me reprends rapidement, lève les yeux au ciel et pose mes fesses sur le bord de mon bureau en sirotant mon café.

— Tu ne m’es pas d’une grande utilité, là, soupiré-je théâtralement. Tu vas donc te tourner les pouces jusqu’à ton départ ?

— Je pense pouvoir t’être utile autrement qu’avec mes notes, rigole-t-il. D’ailleurs, tu sais qu’on n’a pas pris de date pour notre prochain rendez-vous ? C’est bien dommage car moi, je suis déjà en manque. Ça se voit, je crois…

Un sourire se dessine sur mes lèvres, que je masque grâce à ma tasse. C’est vrai que nous n’avons pas décidé de quand nous allons nous revoir en dehors du bureau, mais je n’ai pas envie de trop cadrer tout ça. Tous les deux, trois jours ? J’ai bien peur qu’une fréquence trop élevée soit un risque supplémentaire pour mon petit cœur sensible.

— Rien ne presse, si ? Un peu de frustration n’a jamais tué personne.

— Ah, tu n’as pas envie de lancer la semaine de manière agréable ? Je me disais que comme on était lundi, ça pourrait être plaisant de se retrouver et de se faire du bien après la reprise difficile du travail. Et promis, si tu es d’accord, je te montre où trouver les comptes-rendus de réunion sur le serveur du boulot sans avoir à attendre qu’ils nous soient envoyés.

— Serait-ce du chantage, Monsieur Marconi ? ris-je en traversant la pièce pour poser mes fesses sur le bord de son bureau. Tu m’aides pour le boulot seulement si je me déshabille ?

— Je n’étais pas allé aussi loin mais maintenant que tu en parles, je trouve la proposition intéressante. Donc, c’est d’accord pour ce soir ?

Je fais non de la tête en croisant les jambes, consciente que son attention est rivée sur elles tandis qu’il serre les poings sur son bureau et déglutit. Bon sang, je n’ai jamais autant aimé jouer à ce genre de petit jeu qu’avec lui. Au bureau ? Pas du tout mon style, mais c’est terriblement excitant quand il s’agit de Jonas.

— Je ne pense pas être disponible, ce soir… J’ai des choses à faire.

— Des choses à faire ? Jusqu’à quelle heure ? Je peux venir après ? Ou t’aider à les faire. Sache que je suis prêt à m’offrir totalement à toi pour pouvoir me retrouver entre tes bras… et tes si jolies jambes.

Tel est pris qui croyait prendre… Je serre les cuisses en entendant ses derniers mots, lâche un soupir frustré et m’empêche de bouger lorsque son index vient caresser la courbe de mon genou.

— Tu n’as aucune patience, tu te trouvais entre mes jambes il n’y a même pas vingt-quatre heures.

— Oui et j’ai envie d’y retourner. Après toutes ces années de frustration, c’est normal de ne pas vouloir perdre une soirée, non ? Tu te rends compte que ça fait des années que je n’avais pas connu un tel plaisir ? Mais bon, si tu n’as pas envie de faire de moi ce que tu veux ce soir, je vais patienter, semble-t-il se résigner en prenant un air de chien battu.

— Faire de toi ce que je veux, hein ? Tu es sûr de toi ?

— Oh oui, je suis sûr, me répond-il avec une ferveur qui me donne des papillons dans le bas ventre.

— Très bien… Va pour ce soir alors. J’espère que tu vas être en forme parce que j’ai quelques idées qui me viennent en tête.

— Ah ! Merci ! s’exclame-t-il en déposant un baiser sur mon genou. J’ai hâte de voir ce que tu me réserves ! Je viens pour dix-neuf heures, ça te va ? La journée va être longue d’ici là.

J’acquiesce et retourne m’asseoir à mon bureau, histoire de me plonger dans le travail. Il a raison, la journée passe très lentement… beaucoup trop lentement lorsque chaque regard échangé est une promesse des plus excitantes, chaque soupir entendu, chaque mouvement, me rappelle que ce soir promet d’être intéressant et jouissif…

Je ne rentre pas tard à la maison, range un peu le bazar qui y traîne et file sous la douche pour me rafraîchir. Le beau temps, c’est génial, mais la chaleur à Paris devient vite étouffante et le métro, en fin de journée, peut rapidement ressembler à un cauchemar.

Il est dix-neuf heures tapantes lorsque, sans grand étonnement, Jonas sonne à l’interphone. Je dévale les escaliers de la mezzanine un sein à l’air, bataillant pour raccourcir ma bretelle, déverrouille la porte de l’immeuble et finis d’arranger ma robe devant le miroir de l’entrée après avoir détaché mes cheveux. Simple et fluide, elle épouse chacune de mes courbes jusqu’à mes hanches et tombe à mi-cuisses. Autant dire qu’elle fera son petit effet à coup sûr, surtout si j’ai le malheur de me pencher un peu trop sous le nez de mon amant. Je souris à cette pensée et ouvre le battant lorsque j’entends frapper.

Jonas me prend au dépourvu en tendant un sachet en papier floqué du logo du restaurant asiatique du coin. Je fronce les sourcils sans pour autant lui faire une quelconque remarque et récupère le sac. Pourquoi a-t-il pensé au dîner ? On a parlé de baiser, pas de manger ensemble !

— Entre, entre, lui dis-je en déposant la nourriture sur la table basse. Tu veux boire quelque chose ?

— J’ai ramené des sushis. Si tu as une petite bouteille de vin blanc, ça peut être sympa, non ? A moins que tu n’aies autre chose de plus personnel à m’offrir ? me demande-il en m’enlaçant.

— Autre chose de plus personnel ? Tu peux être plus clair ? souris-je. Parce que je dois bien avoir une petite bouteille de Chardonnay pour accompagner les sushis.

— Eh bien, je ne dirais pas non à un petit cunni en apéritif, rétorque-t-il sans me lâcher. Est-ce assez clair, là ?

Je me retiens de glousser et frissonne en sentant ses lèvres courir dans mon cou. Si les sushis me font bien envie, je comptais faire de lui ce que je veux et en profiter pour avoir mon cunni. C’était déjà le programme, et l’avantage avec les sushis c’est qu’il n’y a aucun risque que cela refroidisse.

— C’est très clair, mais n’oublie pas que tu m’as donné tous les pouvoirs, ce soir, susurré-je en ouvrant son pantalon.

— Ah oui, c’est vrai, je suis tout à ton service, ce soir. A tes ordres, ma jolie Nono.

— Donc, un cunni hein ? La proposition est très tentante. Tu es sûr de ne pas vouloir dîner d’abord ? lui demandé-je en déboutonnant ma robe.

— Le plaisir avant tout, je suis là pour ça. Et on aura tout le temps de manger après, là, j’ai faim de toi, ma Belle.

Le programme me convient bien. Je dirais même qu’il me convient mieux dans ce sens. Commencer par le dîner reviendrait à un petit programme de couple : on mange, on se brosse les dents et on couche… Là, c’est l’attraction des corps qui parle, l’attirance mutuelle, l’appel des hormones. Je ne peux pas me risquer à retomber amoureuse de Jonas, il faut que l’on reste dans le purement sexuel, et si on commence à partager des moments à deux en dehors du sexe, on risque de retrouver cette complicité qui nous liait.

Les sushis sont délicieux, mais pas autant que le cunni dont il me gratifie, ni la petite chevauchée que je me suis autorisée sur les genoux de mon ex. L’avantage de manger après le sexe, c’est que j’ai l’esprit trop embrumé pour tenir une conversation intelligible et l’estomac qui gronde suffisamment pour que je dévore les sushis.

La nuit est tombée quand Jonas part après un nouveau round, histoire de digérer un peu le dîner. Je suis repue, souriante et apaisée lorsque je me glisse sous mes draps après une nouvelle douche rapide. Rien ne vaut le sexe avec Jonas. Dix ans après, je peux encore le certifier. Il y a ce petit truc en plus entre nous, ce truc indescriptible qui rend ces moments-là particuliers. Est-ce parce que l’on se connaît par cœur ? Parce que nous avons tous les deux découvert et exploré notre sexualité ensemble ? Je ne saurais dire, mais impossible de regretter ce deal après avoir vécu une soirée comme celle-ci. Vivement la prochaine !

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