Ils avaient connu le bonheur d'être heureux de leur choix, puis ils avaient connus l'enfer des chaînes et de la prison. L'une avait connu la torture, l'autre juste le temps avant d'arriver à la potence. La chance, ils avaient réussi à fuir ce cauchemar, mais pour se sentir enfin libre, il avait une montagne à franchir.

Isyl soupira en voyant le chemin escarpé à emprunter, et se tourna vers le prisonnier, qui libéra le cheval de sa selle et ses autres harnachements.

- Lukà ?

- Oui ?

Le prisonnier se tendit à la suite de sa réponse, avant de soupirer face au visage satisfait de l'ondine.

- Tu m'as eu ... satisfaite ?

Isyl hocha la tête, fière d'elle.

- Tu peux m'expliquer comment tu fait pour changer de genre ?

- Un héritage familiale, tu comprendras quand on sera arrivés à Svartalfheim. Avant ça, je veux bien de nouveaux vêtements plus confortable.

- Oui, bien sûr. Acquiesça Isyl en se penchant sur son baluchon. Par contre, je n'ai que des affaires pour femmes.

- Ce n'est pas un soucis. Fit une voix plus féminine.

Isyl releva la tête après avoir trouver une chemise blanche, et rougit en voyant les seins nus de Lukà devant elle. Lukà ricana en prenant la chemise des mains de l'ondine, et l'enfila.

Isyl lui tendit un jupon et une paire de bottes, faisant grimacer Lukà, qui ne prit que les bottes et garda son pantalon en cuir abimé.

- Ce sera suffisant. Je te remercie de ton aide. Maintenant, nous pouvons commencer notre ascension.

- Très bien. Combien de temps nous allons prendre pour arriver à l'entrée de Svartal ?

- Quelques heures ou tout au plus une journée, si on rentre rien de dangereux en chemin. Déclara d'un ton neutre, Lukà en attachant avec les liens du cheval, l'épée dans son dos. Prête ?

Isyl hocha de la tête et l'ascension commença.

Le début de la montée fut simple pour l'ondine, qui avait commencé à s'endurcir à force d'être loin de l'eau, dès la première heure, elle sentit être tiraillée par la soif de son corps. Elle devait tenir encore quelques heures avant de boire. Lukà avançait d'un bon pas sans se retourner, mais elle ralentissait quand elle sentait que l'ondine avait une respiration plus laborieuse, puis reprit une marche plus douce qui montait peu à peu en intensité. La nuit était bien présente, et avec la lune, seule source de lumière, la montée se faisait dans un silence où seuls les respirations coupés. Elles arrivèrent à la moitié de la montagne quand la nuit était bien profonde où un trou béant leur offrit un endroit pour se reposer.

Isyl s'asseyait comme une pierre tombant dans l'eau, et pris une longue gorgée d'eau, tandis que Lukà allumait un petit feu avec le peu de bois qu'elle avait emmenait de la forêt. La lumière du feu éclaira la caverne qui semblait faire plusieurs mètres de hauteur de profondeur.

- C'est l'entrée ? Demanda Isyl, pleine d'espoir.

- Non. C'est un trou fait par un golem de pierre.

L'ondine se figea en fixant horrifié la demi-ase, qui garda son visage neutre.

- Nous resterons pas assez de temps pour qu'il soit un potentiel danger. Dors, je te réveillerais quand il faudra partir.

Isyl se coucha le plus confortablement possible et à peine, les yeux clos, elle s'endormit. Elle cauchemarda de sa mère, de son enfer, et surtout ... d'Elfa. Elle se réveilla en sursaut, avec un cri du bout des lèvres, mais une main se posa rapidement sur ces dernières. Elle tourna son regard vers Lukà, qui fixait l'entrée de la caverne. La lune l'éclairait parfaitement comme les premiers rayons du soleil arrivant. Il était massif et rocheux, il avait une tête imposante avec des yeux creusés tournés vers elles.

- Cours au fond de la caverne sans te retourner.

Isyl secoua la tête. Elle refusait d'abandonner encore qui ce soit derrière elle.

- Très bien. Cours !

Lukà lui lâcha son visage et s'empara de son bras pour se mettre à courir vers le fond de la caverne. Un hurlement digne du tonnerre fit vibrait la pierre, Isyl trébucha et resta figée en voyant un amas de pierres en forme de main s'approchait d'elle lentement. La main allait se fermer sur elle, quand un cri retentit dans la caverne. Lukà s'était laissé attrapé à sa place.

- Cours !

- Non, je refuse !

Isyl s'était relevés avant de sentir une tenaille s'emparer de son corps et la soulevé dans les airs. Le golem grommela et s'enfonça dans la pénombre. L'homme de pierre s'arrêta soudainement et grommela dans une langue sombre vers Lukà, qui se figea, avant de soupirer.

- Prend une grande inspiration, Isyl !

- Pourquoi ... ?

Elle ne peut finir sa phrase, qu'elle chuta. L'ondine avait fermée les yeux s'attendant à la douleur du sol rocheux, mais la chute semblait infinie. Elle rouvrit les yeux pour voir des étoiles d'un jaune pure tournoyant autour d'elle tout en tombant avec elle. Petit à petit, l'air lui manqua et sa vision se troubla.

- Isyl !

Quand son corps rencontra l'eau, elle s'évanouit après avoir vu une silhouette sombre nageant vers elle avec des yeux d'un violacé puissant.