Les Folies du train de Chambéry (2/2)
On s’entrepompa donc avec une ardeur qui vous eût étonnés. Et je vous fais grâce de la bande-son !
— J’vais m’faire tirer, les mecs ! s’écria soudain le grand Joël, lâchant la bite de Thibaut.
— Hein ? Et par qui ?
— Thibaut ! Tu veux ?...
— Mais… Mais… bêla ce frêle enfant. Maiiis !...
— Rate-le pas, fit Martin, il a l’air chaud, c’est bon !
Un tube de gel apparut comme par magie — les rugbymen sont des humains comme les autres, après tout — et Joël ne fit pas de manières pour offrir sa fine et pâle rondelle, joliment ourlée de feu, aux regards de la foule… désormais muette.
Devant l’inertie ambiante, ce fut cette grande gueule de Martin qui opéra en doigtant cette délicate rosette…
Un doigt, deux… peut-être plus encore… Puis il branla Thibaut, tout en l’enduisant largement… Et il eut pour finir cette phrase mignonne :
— Ce rouquin est la pire tête de con de la Savoie… mais tu lui fais pas mal avec ta grosse pine, hein, bébé ?
— Je… balbutia Thibaut, effaré par la tournure des événements, oui… oui…
— Allez, mets-la, il attend que ça notre rouquin préféré ! Ça va, Jojo ?
— Ouais… Viens, bébé, mets-la moi sévère, vite !
Tête des autres ! Thibaut y alla, donc. Sans plus de difficultés que ça… Lentement, très doucement, il pénétra le superbe rouquin… qui l’encouragea gentiment…
— Oh… Thibaut… Viens… Viens… Va !
Thibaut se lâcha donc et se mit à bourrer comme il faut. Moment qu’utilisa le contrôleur pour venir aux nouvelles…
— Chut ! fit Matthieu, Le p’tit déflore notre rouquin préféré ! Vire-tout, toi !
Sans moufter, le contrôleur se déloqua, découvrant une fine académie, gracieusement velue de châtain… et une mignonne petite bite qui prit des dimensions… normales, au vu des événements locaux.
— Tu me suces ? demanda Martin.
— Ben… fit l’employé en s’agenouillant.
— T’es qui, toi, au fait ?
— Victor-Emmanuel.
— Ah ! T’es de la Savoie, donc ! Allez, pompe, mon gars ! Et vive la Savoie !
Le supposé Savoyard pompa donc avec tout l’art du Duché, et même avec de petites façons typiques du Royaume de Piémont-Sardaigne… [1]
Et ma foi, le rude Martin trouva ça mieux que pas mal…
Dans le compartiment, outre que le Réchauffement lui-même n’y avait pas sa place (on n’avait réellement pas besoin de lui !), je peux vous dire que l’ambiance…
Bref, ça pompait à tout va. Et Martin lui-même se fendit d’un aveu :
— Putain, les mecs, c’est chaud, ici… Oh, les mecs !
— Si tout le monde a envie de de cul, c’est pas étonnant ! compléta l’autre hétéro de l’équipe, Matthieu.
Que le fin Vincent pompait quant à lui avec une application digne d’éloge… tandis que le blond Stéphane, privé de bite, bouffait le cul de ce bel enfant. Et ce fut Vincent lui-même qui déclara tout haut, soudain :
— Bon, les hétéros ! Vous nous la mettez enfin, vot’ petite pine ?
— Aaaaah ! barrit Martin. Qui la veut, le mienne ?
— Moiii ! cria le savoyard contrôleur.
— Va pour la Savoie !
Stéphane se redressa, posa les lèvres sur celles du viril Matthieu et susurra :
— Tu me le fait, aussi, mon joli bébé ?
— Si t’arrêtes de m’appeler « Bébé » !
— Oui, mon poussin d’amour !
— Et moi ? hurla Vincent.
— C’est not’ petit nouveau qui va te le faire, bébé ! déclara Joël.
— M’enfin ! Tu l’as dans l’cul ! objecta Vincent.
— Ah oui ! Eh ben… attends un peu, et j’te défonce !
— Oh non, pas toi !
— Bon, ben… j’te suce comme une vraie folle, tu vas voir ! Tiens suce-moi, toi en attendant !
La fin des opérations s’organisa donc ainsi… Autant vous dire ce que vous savez déjà : on eut assez vite l’impression, dans ce réduit, d’être au milieu d’une partouze de babiroussas (ceci par rapport à l’odeur).
M’enfin, nul ne s’en plaignit… Quand tout le monde se fut défait… de son trop plein d’énergie (ça, c’est de l’image littéraire !), on se regarda bêtement… et Joël éclata de rire… entraînant les autres.
— Putain, les mecs !... Elle m’a fait du bien, la bite du p’tit ! Maintenant… j’attends plus que les vôtres !
— Tu te rappelles qu’on fait du rugby à XV… sans compter le banc des remplaçants ?
— Je suis un vrai sportif, moi ! Putain ! J’ai soif !
On sortit tout ce qu’il y avait de gorgeons dans les sacs de ces Messieurs… et l’on s’arsouilla [2] comme des pros itou !
— Y reste combien de temps, avant Paris ? demanda le rouquin au contrôleur.
— Je regarde…
— Dis-moi juste combien j’en prends, de ces p’tites pines, avant la gare de Lyon !
Éclat de rire général…
— Tu devrais avoir fini avant le périphérique !
Ceci pour vous donner une petite idée de la chaude ambiance de camaraderie qui régna, ce soir-là, dans ce compartiment du Chambéry-Paris…
Non seulement on eut fini avant Paris, mais on dormit aussi… Thibaut avec Joël, d’ailleurs. Qui lui souffla avant de sombrer :
— Toi, j’t’oublie pas… J’te dirai tout, demain… Oh putain ! Toutes ces pines dans le cul !...
— Joël ?
— J’te dis tout demain.
On avait tant bu et tant baisé que nul ne s’éveilla… même aux ronflements sonores (et avec l’accent savoyard) de ces gaillards…
Victor-Emmanuel s’était bien affaissé auprès du fichu Martin… mais un reste de sens du service public le fit sortir de la couchette juste avant qu’on le réclamât… Il n’avait tout de même pas oublié de laisser sa carte perso entre deux taches de foutre !
Paris, la grand ville ! Thibaut y rentrait en son studio d’étudiant, quand les cinq autres y venaient faire un stage de haut niveau. Mais pas question qu’on s’oubliât !
— Est-ce que… on pourrait se voir, ce soir ? demanda Joël à Thibaut. Je dois dormir au centre, avec les autres, mais… j’me sens si bien près de toi que…
— Oui.
Les parents de Thibaut avaient assez de sous pour lui offrir un mignon studio, où le minet rangea tout au millimètre près avant l’arrivée du long et pâle Joël.
— Tu sais… Chuis pas péd… Pas gay ! déclara ce garçon après cependant un rude et bavouilleux patin.
— Pourquoi… tu m’embrasses, alors ? Et surtout… pourquoi tu penses que je le suis, moi ? dit alors Thibaut.
— Oh ! fit Joël, coincé… Ben… Oh ! Tu vas me prendre pour un con, là !
— Non, non… fit doucement Thibaut, peut-être un peu étourdi ?
L’insigne et bleu regard du grand rouquin se posa en celui de Thibaut. Le mec respira un grand coup et se lança :
— Je sais pas comment c’est, être gay.
— Alors… on a d’abord envie de sucer un joli mec, et pis… s’il te regarde un peu… alors on peut aussi avoir le cœur qui bat… C’est un peu comme ça, être gay, d’abord.
— Oh, Thibaut… tu te moques de moi, là…
— Ou tu regardes que les nanas, et tu te débrouilles avec… surtout avec celles qui sucent mal !
— Oh ! Thibaut !
Et le grand rouquin parut si déboussolé que Thibaut osa…. Il murmura, à l’oreille d’iceluy :
— Gentil Joël… Tu voudrais… un p’tit truc avec moi ?
Et comment qu’il voulut, le Joël ! Sauf que… entre ces deux garçons… on ne pouvait parler de… « p’tit trucs » !
Et comment qu’on se défonça, le temps que le stage de ces sportifs dura à Paris ! Les quatre autres montèrent enfin chez Thibaut… intimidés, le dernier soir. Et d’autant plus que Joël et Thibaut étaient nus !
— Bon ! fit ce jeune homme. Si on se mettait à poil ? Ici, c’est camp naturiste.
Nul des mectons n’osa s’y refuser, et l’on s’exécuta en souriant… surtout Stéphane et Vincent, tout sourire…
— Y a pas le balancement du chemin de fer, mais… c’est à peine plus grand que le compartiment qu’on avait, dit Thibaut. J’espère que ça vous plaît… les Savoyards !
— T’es génial, Thibaut ! s’écria alors Vincent.
— Ouiiii ! firent les trois autres.
Alors… Stéphane et Vincent sucèrent alternativement Martin, Matthieu et Joël aussi… Et puis… et ça, Thibaut ni Joël ne l’avaient imaginé… Martin et Matthieu vinrent les sucer tous deux. Et bien, ma foi !
On se mélangea donc gentiment… et ce fut alors qu’on sonna : Victor-Emmanuel. Ce fut le sommet de la soirée d’adieux. À la faveur d’un énième toast aux bulles… Joël avoua à tout le monde que s’il avait si bien reçu les bites de tous… c’était qu’il s’entraînait en douce depuis des mois… Ovation garantie !
Mais… beaucoup plus sérieux… il demanda publiquement à Thibaut s’il avait une chance de le revoir, après ces jours de folie.
— J’ai oublié de te dire que… ma grand-mère habite à Chambéry… et que… maintenant, c’est plus seulement elle, que j’irai voir en Savoie.
Émotion, dans la carrée ! Et larmes aussi de ces jeunes gens, au moment de se séparer…
Ce qu’on a su depuis, c’est que Vincent et Stéphane ont réussi, après de longues et savantes manœuvres, à s’assurer durablement les bons soins de Martin et Matthieu…
Victor-Emmanuel, lui, continue à faire l’aller et retour entre les deux capitales… et ne manque pas de réjouir tout le monde au récit de ses rencontres…
Ah ! Le Piémont-Sardaigne… et les charmantes coutumes de son duché de Savoie !
24. VIII. 2019
----------------------------------------------------------------------
[1]. Savoie = Piémont-Sardaigne… La gare de Chambéry - Challes-les-Eaux est mise en service en 1856, par le royaume de Piémont-Sardaigne. Relisez votre histoire, les mecs !
[2]. S’arsouiller : se soûler (argot ancien).
Annotations
Versions