Jour 3: Appât / Le blason du têton
Sur le bout du bout de toute poitrine
Il se pointe quand l’humeur est taquine
Ce téton qu'on ne cesse d'admirer
À défaut de trop pouvoir le mirer
Parfois, il s'oriente vers le ciel
Mais c'est très souvent circonstanciel
Sinon il s'oriente vers le bas
La gravité est faite comme çà
De temps à autre, il est très opulent
Tant qu'on veut l'empoigner violemment
Quand il est de forme plus allongée
On ressent une envie de l'étirer
Le plus souvent, on aime le lécher
On a d'abord appris à le téter
Il a toujours fait partie de nos vies
Pourquoi donc lui en veut-on aujourd'hui ?
On l'accuse d'attirer la luxure
Alors on le juge et on le censure
On l'enferme, on lui fait tant des misères
Alors qu'il vaudrait mieux qu'on le libère
On en voit un et on en fait un drame
Alors que ça a tellement de charme
Exposé jusque dans les galeries
Sur un tableau de Modigliani
Ce bout de chair et son goût si divin
C'est le chef d'œuvre, c'est le saint des seins
Ce téton, cet objet tant fantasmé
Ce sommet qu'on aimerait enneiger
Excusez-moi pour cela, je m'emporte
Car j'aimerais tant en voir des cohortes
Tous libre de pouvoir se balader
Sans personne pour venir les juger
Le blason est un type de poème à la mode au XVIe siècle à la suite de l'épigramme du Beau Tétin de Clément Marot publié en 1535. Son originalité repose sur un parti-pris thématique : le poète s'attache à un détail anatomique du corps féminin et en développe l'éloge dans un jeu poétique brillant. En contrepoint apparaît rapidement le contre-blason qui prend le parti de la satire et du blâme. La structure formelle n'est pas définie : il s'agit de poèmes assez courts (30-40 vers) en octosyllabes ou en décasyllabes placés dans un système en rimes plates où le poète démontre son esprit et sa virtuosité.
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