Je ne sais plus pourquoi je meurs (ou guerre de l'eau)
Mon chéri.
Adossé à cet arbre, en pleurs, alors que le soleil va se lever, je pense à toi. Je vois les morts au loin, sur le champs. Je sens encore la poudre dans l'air. Mes oreilles carillonnent ; je n'entends plus qu'un sombre bourdonnement qui, en une mélodie lancinante, me rappelle le sang sur mes mains.
Je veux juste que quelqu'un me dise que tout va bien. Que j'ai encore le droit de vivre, et le droit d'aimer. Qu'après cette bataille je rentrerais chez moi, saine et sauve, que je pourrais rire et pleurer comme avant. Que cette guerre et ces violences vont se terminer, enfin.
Mais ce serait faux. Un homme gémit, à côté. Il prie. Lui aussi à du sang sur les mains ; on est tous damnés ici. Comment en est-on arrivé là ? Je veux rentrer chez moi. Être innocente comme avant.
A côté de cet homme, je ne sais plus pourquoi je meurs.
Alma.
Des cris. Partout.
Un ordre dans la nuit vient annoncer notre mort.
On se lève.
Et on commence à tirer.
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