Chapitre 3 : Rencontres.

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Premiers pas jusqu’à l’internat, Kimi fut bien contente que son père l’appel sur le chemin, lui permettant d’éviter une autre longue conversation avec Laure Ibiss. Elle le graciait de son inquiétude, mais lui en voulait encore de l’avoir envoyé dans cette école de “fou”.


  • Ouais c’était une super journée, il m’adore tous ! Et je n’ai jamais rencontré de personnes aussi sympathique que ces petits riches, ironisa-t-elle.
  • Tu verras que ça ira dans quelques jours, lui dit celui-ci.
  • Je crois que t’a pas compris, je m’en fiche que ça aille, s’énerva-t-elle alors que la dame de l’accueil de l’internat lui tendait une clé.
  • Si tu penses comme ça, alors ça te prendra plus de temps pour t’intégrer…
  • Je n’ai jamais demandé à devoir m’y intégrer, ciao, je suis devant ma chambre, fit-elle en appuyant sur le bouton rouge de son téléphone.

Elle avait menti pour pouvoir lui raccrocher au nez, trois étages d’escaliers lui restant à monter. Finalement, devant sa porte, elle retroussa ses lèvres en découvrant la chambre spacieuse. Les meubles étaient plutôt modernes, sans doute que les chambres avaient été rénovés il y a peu de temps. Elle s’assit sur le lit moelleux, plus grand qu’une place, sa valise trônant au pied de celui-ci. Ça lui arracha les entrailles d’apprécier le décor, mais l’endroit lui paraissait trop peu chaleureux. Elle commença alors à déballer ses affaires, repliant ses vêtements dans la grande garde-robe qu’elle ne remplissait qu’à moitié. Puis, elle décora son bureau de babioles et de souvenirs. Notamment de photos de ses potes de son ancien lycée, du moins si on pouvait l’appeler de cette manière. Se balançant sur sa chaise à roulettes, elle se remémorait ces moments avec nostalgie, alors qu’elle avait passé tout son été en leur compagnie. Prenant son gsm entre ses mains, elle rassura ses copains de ses petits doigts, tout y ajoutant quelques plaintes et émojis pleurant. Elle esquissa son premier sourire de la journée quand l’un d’eux lui répondit de : “tout niqué !”.

Couvertures et oreillers recouverts de ses draps orangés, elle se décida enfin à ouvrir la porte fenêtre qui donnait lieu sur un joli balcon. Vue sur le parc encadrés par les quatre bâtiments de l’internat, elle découvrait un panel de fenêtres et d’autres balcons. Elle regarda à deux fois l’un d’eux, croyant apercevoir ce qui s’apparentait à un hamac accroché de part et d’autres de l’intérieur des rambardes. Sa propriétaire semblait prendre un bain de soleil en mini short et en haut de bikini. La fille se releva pour attacher son énorme crinière rousse en un chignon qui prenait toute la place sur le dessus de sa tête. Celle-ci se retourna et abaissa ses lunettes de soleil quand elle établit le contact avec Kimi. Elle lui fit parvenir un grand sourire et s’amusait à lui faire des signes qu’elle ne comprenait pas. Elle la pointait du doigt, puis faisait semblant de se jeter des baffes avant d’applaudir dans le vent. Kimi ne comprenait rien, ahurie devant cette fille qui insistait en recommençant les signes.

  • Quoi ?! s’écria-t-elle alors.
  • C’EST-TOI-QUI-A-GIFLER-SKY !!! articula-t-elle enfin pour ensuite la féliciter à nouveau d’applaudissements.

Depuis son balcon, Kimi rougit violemment en voyant quelques têtes dépasser des fenêtres autours. Elle lui fit seulement un hochement de tête précipité et s’empressa de rentrer dans sa chambre. Fous ! Ils étaient tous fous dans cette école. Même à l’internat elle n’aurait pas la tranquillité ? Jetant un dernier regard par la fenêtre, elle s’impressionna de revoir la rousse en question s’enfoncer à nouveau dans son hamac. Pour le coup, ça avait quelque chose d’assez cool. Elle secoua la tête pour se retirer cette idée de la tête et déballa un paquet de cookie qu’elle mangea d’une traite. Le mal de ventre qui suivit la cloua au lit et l’arrangeait bien car elle n’avait aucune envie d’assister à ce premier souper de rentrée. À quoi bon y aller, si c’était pour se faire dévisager en permanence ? Elle rejouait chaque moment passé depuis la matinée jusqu’à la fin des cours et elle ne comptait plus le nombre de personnes qui l’avait mal regardé. Elle s’emmitoufla dans ses couvertures, ne laissant dépasser seulement que sa tête. Tout ça à cause d’une gifle ? Ou même juste à cause de sa façon de s’habiller ? Elle ruminait, fâchée que ce soit aussi mal passé. Finalement, la seule qui lui avait montré un peu d’intérêt, c’était cette fille, Laure Ibiss. Mais pourquoi ? Elle avait quelque chose de pas net. Sur ses dernières pensées, elle en conclut qu’elle n’avait aucune envie d’aller à l’école le lendemain et finit par s’endormir.

***

Son ventre gargouillant, Kimi n’avait pas le choix de devoir se rendre au réfectoire de l’internat, si elle voulait apaiser sa faim. Une petite douche matinale, elle ne prit pas la peine de sécher ses cheveux et enfila ses vêtements. Pas de jean à trous, elle se contenta d’un slim bleu et d’une chemise à carreaux rouges. Quand elle se battait avec les boutons de celle-ci, elle fixa son ventre dans le miroir et glissa sa main sur la longue cicatrice qui le recouvrait. Pendant un instant, elle perdit toute étincelle dans son joli regard et puis se reprit, démêlant ses longs cheveux lisses.

Devant le long buffet que proposait l’internat, Kimi peina à choisir ce dont elle avait vraiment envie. Elle opta pour un croissant et un peu de fruit pour lui donner la pêche. Malgré la longue nuit qu’elle venait de passer, elle ne se sentait pas du tout en forme. Quel soulagement elle eut quand elle trouva une table vide où elle pourrait manger seule. La joie fut de courte durée, soupirant quand elle vit arrivé la stalkeuse aux cheveux mauves se ramener avec un plateau repas parfaitement équilibré.

  • Comment était ta première nuit à l’internat ? Est-ce que tu as bien dormi ? Je ne t’ai pas vu au souper d’hier soir, tu sais c’est très important de ne pas sauter de repas…

Quelle pipelette ! Kimi passa sa main contre son front, migraineuse de l’entendre trop parler. Elle prit une cuillère de sa salade de fruits et la fourra dans sa bouche, vraiment fatiguée.

  • Et je me demandais, de quelle école viens-tu ? Où étais-tu avant de venir à Saint-Clair ?
  • Lycée Gordon, répondit-elle en mâchouillant un morceau de croissant, “I don’t Care”, précisa-t-elle quand elle l’observa penché légèrement la tête.
  • Oh ! Je ne connaissais pas le vrai nom de cette école, mon Dieu, je comprends mieux pourquoi tu es venu ici ? Les rumeurs sont terribles concernant “I don’t Care”, d’où ce nom…
  • Elle ne paye pas de mine, mais cette école est géniale ! s’exclama-t-elle en serrant sa petite cuillère dans son poing.
  • Je t’ai offensé… D’accord, je comprends, fit-elle en aplatissant ses mains dans le vide. Passons à autre chose, Faye m’a dit que vous vous étiez rencontré ?
  • Qui ? grogna-t-elle, agacé.
  • Une grande rousse, plutôt jolie, pas autant que moi, mais…
  • Et ça crache dans mon dos, comme d’habitude, intervint la concernée qui se faisait accompagner d’une toute petite fille portant un carré noir.


La voyant de plus prêt, Kimi n’aurait su dire la quelle des deux était la plus belle. Elle rayonnait à sa manière, de part sa masse de cheveux qui présentait un millier de boucles. La rousse s’affala sur une des chaises, déposant ses pieds sur celle en face, pendant que la plus petite prenait également place. Elle plongea ses doigts dans son énorme bol de céréales et en grignotant quelques-unes, lâchant un bâillement sans gêne la seconde qui suivit. Elle s’étira ensuite, sans prendre en compte son entourage, et offrit à Kimi un sourire égal à celui d’hier lors de leur échange sur les balcons.

  • J’y crois pas, t’as déjà mis le grappin sur la nouvelle !
  • Mon père dit toujours qu’il faut savoir accueillir les gens, c’est une règle de vie et tu devrais apprendre à mieux te tenir…
  • C’est ça, oui ! Fille-fille à son papa à toujours raison…
  • Bref, Kimi, je te présente Faye Fast et voici, Nice Challen, dit-elle en montrant la petite d’un geste.
  • En... chantée, rougit celle-ci, impressionnée par le regard de Kimi.

Si la première prenait toute la place à la table, étendue comme s’il s’apprêtait à piquer une sieste, la deuxième aurait pu tenir dans un carton. Toute menue, pâle, de grands yeux noisettes, elle se cachait derrière sa frange noire. Ses joues devinrent toutes rouges, mignonne, quand Kimi lui répondit par pure politesse.

  • En tout cas chapeau ! Je suis fière de toi pour avoir collé la baigne que Sky méritait !
  • Pas besoin d’en faire tout un plat, s’agaça-t-elle, mais je vous ai vu avec hier… Pourquoi lui ça, alors qu’il est votre ami ?
  • C’est notre ami lui ? Qu’est-ce que t’en penses Nice ?
  • Eh bien… Sky est… un peu…
  • Bien sûr qu’il l’est ! s’exclama Laure, indignée, mais c’est un coureur et puis c’est un Richess, personne n’aurait osé. Et pourtant tu l’as fait !
  • Mais je ne comprends pas, si je me trompes pas, vous n’êtes pas censé vous fréquenter ? leur demanda-t-elle en engloutissant la fin de son croissant.
  • Oh, finalement tu t’intéresses un peu à nous ? Je pensais que tu n’en avais rien à faire, gloussa Laure.
  • Il y a quand même des choses que je sais, marmonna-t-elle dans ses dents.
  • Tu apprendras qu’à Saint-Clair, si tu veux survivre, il y a des effectivement des “choses” que tu dois savoir, lui répondit-elle d’un air énigmatique.
  • À propos, je n’ai toujours pas vu Kyle ? fit Faye en cherchant dans le réfectoire.
  • Qui est Kyle ? demanda Kimi, comprenant immédiatement à leur air qu’il s’agissait de quelqu’un d’important.
  • Le journaliste de l’école, répondit timidement Nice comme si elle avait prit son courage à deux mains pour le faire. Elle eut même droit à une caresse sur la tête de la part de sa voisine qui semblait alors très fière.
  • C’est le journaliste de l’école, un gars de notre année, mais il vient rarement. Tu le rencontreras sûrement bientôt, lui expliqua Laure.
  • Pourquoi je voudrais le rencontrer ?
  • Parce qu’il voudra très certainement TE rencontrer, répondit-elle en la pointant de ses deux index.

Kimi releva son buste, se sentant menacer, et regarda autour d’elle comme si elle s’attendait à ce que ce garçon arrive d’une minute à l’autre.

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