Chapitre 16 : "Chat"

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  • Du coup, vous sortez ensemble ? demanda Alex, plutôt dans un songe.
  • Yep ! s’exclama le petit brun en balançant ses jambes dans le vide, trop courtes pour toucher le sol. Enfin, je crois… Si on s’est dit je t’aime tous les deux, est-ce qu’on peut dire qu’on sort ensemble ?
  • Comment pourrais-je le savoir ? répondit-il du ton blasé qui le catégorisait.
  • Je pense que oui, Selim, le rassura Loyd en caressant le haut de son dos. Est-ce que c’est important de le mettre en mots ? Je me le demande, réfléchit-il en déposant son index sous son menton.
  • “Comment pourrais-je le savoir ?”, fit Selim dans une grimace pour se moquer de son copain.

Pendant qu’Alex levait les yeux au ciel, les deux autres Richess gloussaient comme des filles. Sur le même banc, Sky faisait bande à part, boudant.

  • Vous êtes des minettes ou quoi ? râla-t-il.
  • Miaaaaw, miaula Selim en faisant sembla de se lécher le dessus de la main.
  • Aucun sex-appeal, grogna-t-il encore plus.

Alors qu’il faisait le malin en montrant ses muscles, les poils de Selim se dressèrent sur sa tête quand il aperçut Nice à l’autre bout de la cour. Il amena alors ses poings devant son torse, on pouvait presque voir de la fumée sortir de ses narines et se mit à sautiller sur place.

  • Je suis un homme ! Hein ouais, je suis un homme !
  • Un homme, un vrai, chantonna presque péniblement Alex.
  • Ok, ouais ! J’y vais, je lui dis bonjour et après… Après je fais quoi les mecs ? J’ai trop peur ! se retourna-t-il en détresse.
  • Tu l’embrasses, non ? Tu l’as fait à la soirée ça devrait aller, le rassura à nouveau Loyd.
  • La voix de la sagesse, ricana Sky en partageant un regard coquin avec ce dernier.
  • Mais à la soirée, il y avait les lumières, les petites étoiles, tout ça ! Et tout le monde va nous regarder !
  • Ils savent déjà, alors fonce mec, t’es pelant.

Alex le fit avancer d’un coup de pied aux fesses. Maladroitement, Selim s’empressa de la rejoindre. Malgré sa peau mate et l’éloignement, il était facile de deviner ses rougeurs. Nice le salua timidement et les instants qui suivirent furent les plus mignons du monde. Entre l’hésitation et la gêne, il se décida à l’embrasser. Une vague de chuchotement se leva dans la cour de Saint-Clair.

Laure qui arrivait, passa à côté des amoureux et leur fit un petit signe après qu’ils aient hochés la tête. Elle pressa le pas pour rejoindre l’autre partie du groupe. Pimpante, elle leur offrit son sourire spécial : éclatant, un poil niais et mesquin.

  • Conseil ce soir, les garçons, annonça-t-elle en se tenant bien droite.
  • À quelle heure ? demanda Sky très sérieusement.
  • Après le souper, j’ai demandé à Kyle de prévoir une salle de classe à l’école, donc réfléchissez à tous les sujets que vous voulez évoquer, d’accord ? Il ne me reste plus que Faye à prévenir, où est-elle ?
  • Comment ne l’as-tu pas encore vu ? rit Sky en jetant un mouvement de tête dans le vide.

Quand elle se tourna dans la direction qu’il lui montrait, elle resta bouche-bée et quelque peu agacé. Faye était entourée de quelques vautours, son nouveau look plaisant à la plupart des charognards de l’école. Un sourire la parvint enfin :

  • Pétasse, appuya-t-elle pleinement dans un sifflement qui sonnait comme un compliment dans sa bouche. Oh, ça me rappelle que je devrais prévenir aussi Kimi…
  • Je te demande pardon ? Elle n’a rien avoir avec tout ça, s’irrita immédiatement Sky.
  • Bien sûr que si, n’est-ce pas les garçons ? les foudroya-t-elle du regard.

Alex hocha la tête en baillant, tandis que Loyd se redressait pour lui offrir un “oui” de la tête plus sincère que son voisin.

  • Je ne veux pas qu’elle y assiste, dit-il d’un ton catégorique en croisant les bras.
  • Pourtant Kimi fait partie intégrale de notre groupe, déclara Loyd.
  • Tout à fait ! s’exclama Laure, fière d’avoir raison, et si tu n’es pas content, nous procéderons à un vote, hum ? ajouta-t-elle en souriant sournoisement.
  • Faites ce que vous voulez, nous ne m’écouter jamais de toute façon ! ronchonna-t-il.
  • Dieu, quel martyre ! exagéra Laure qui s’assit à ses côtés pour passer son bras sous le sien.
  • Tu aimes ça, hein ? Jouer avec mes pieds ?
  • J’adooooore, prit-elle plaisir à allonger le mot tout en tapotant son biceps.
  • C’est pour ça que je t’aime, dit-il dans un grognement félin.
  • Et moi dont ! répondit-elle en déposant un baiser sur son front, attaquant ses cheveux déjà en pagaille dans la seconde d’après.

Le combat partait en chatouilles. Il y avait quelque chose de charmant pour les voyeurs d’observer Sky Makes et Laure Ibiss se chamailler.

  • Alors finalement, toi le grand coureur, tu peux ressentir de l’amour ? les interrompt Loyd avec ironie.

Sky se refroidit immédiatement et serra les mâchoires pour ne pas laisser la peine prendre le dessus. La sonnerie du début des cours tombait à point nommé pour qu’il puisse s’enfuir à nouveau.

  • Loyd ! Je peux savoir ce qu’il te prend ! le tapa Laure avec son cahier.
  • C’était simplement une blague, répondit-il amèrement.
  • Oui, mais tu devrais… Non, tu ne sais pas, se reprit-elle en abaissant son cahier. Ne dis plus des choses comme celle-ci, chacun à ses limites, lui demanda-t-elle d’une voix douce.
  • D’accord, je suis désolé, répondit-il sincèrement.

Une fois en classe, Laure chassa sa mauvaise humeur quand elle prit place à côté de Kimi. Elle ne lui proposa pas tout de suite d’assister à ce fameux conseil, trouvant qu’elle n’avait pas l’air dans son assiette.

  • Kimi ? Tu vas bien ?
  • Oui… Oui, pourquoi ? bégaya la blonde, surprise.
  • Tu as l’air triste, est-ce que tu as passé un mauvais week-end ?

Les mots de Laure replongeaient Kimi jusqu’au lendemain matin de la soirée. Elle avait dû prendre le train pour rentrer chez elle de bonne heure et passa les deux heures du voyage avec une légère gueule de bois. Un chemin plein d’embuches se dressa contre elle, entre la bruine et sa valise à tirer sur le pavé abîmé. Autant dire qu’elle poussa un énorme soupir de soulagement en arrivant au pas de la porte.

En poussant la clenche, elle se prépara à raconter des bobards sur cette soirée.

  • Dossan ! Je suis rentrée ! cria-t-elle au travers de la maison.
  • Ah Kimi, te voilà, l’accueillit-il dans le hall d’entrée, une manne à linge sous le bras.

Un bisou sur la joue et elle s’engouffra dans le salon. Tout de suite, elle glissa sa veste sur une des chaises de la table à manger, prit une pomme dans le plat au milieu et s’apprêta à croquer dedans, mais elle se stoppa. Ses yeux se mouillaient en découvrant le jeune garçon de douze ans, couché dans le sofa. Un sourire la gagna. Elle le perdit tout de suite en voyant que ses traits durs ne s’affaissaient pas.

  • Leroy…

Finalement, il se redressa pour déposer les pieds au sol et gratta son sourcil droit dans lequel se dessinait une cicatrice. Dossan jetait des coups d’œils nerveux par-dessus le fauteuil pendant qu’un silence gênant s’installait.

  • Je suis contente de te voir, s’égaya-t-elle en s’approchant pour lui donner la main.

Il la chassa d’un revers et porta son geste jusque dans ses boucles brunes, cendrés. Il donnait l’impression d’être couvert de poussière, gris. Les sourcils de Kimi se rapprochèrent et les coins de sa bouche tombèrent, attristée.

  • Je suis désolée…
  • Hum, lâcha-t-il en déposant un bras le long du dossier derrière lui, grattant un ongle de son autre main. De quoi ?
  • Je sais que tu es fâché depuis que je suis à Saint-Clair, mais…
  • Nan, ça va, se trahit-il en répondant trop rapidement.
  • Les enfants, ce serait bête que vous vous disputiez…
  • On n’est pas tes enfants à ce que je sach…

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que Kimi l’avait empoigné par le col. Dossan se replia, se forçant à ne pas intervenir, impuissant.

  • Répète un peu ça, le défia-t-elle d’un regard sombre.

Le gamin ne broncha plus, répondant simplement par un regard insolent.

  • Excuse-toi… Tout de suite !!! s’écria-t-elle, comme enragée.
  • Désolé, Dossan, s’exécuta-t-il à contre-cœur mais avec tout de même une pointe de regret.
  • Ce n’est rien, répondit-il avec un sourire compatissant.
  • Je n’en reviens pas ! le lâcha Kimi, ce n’est pas parce que tu as les nerfs contre moi que tu dois les passer sur lui ! Alors qu’il fait tant pour toi !
  • S’il ne veut pas, alors…
  • Tu arrêtes ! Je lui ai demandé et s’il ne voulait pas, jamais il n’aurait décidé de t’adopter !

Il n’avait pas d’arguments à avancer.

  • Tu te prends déjà pour ma sœur ? pouffa-t-il sans vraiment rire.

Elle s’arrêta un instant de respirer.

  • Ce n’est pas déjà ce que je suis ? sortit-elle, touchée.
  • Une sœur ne m’aurait pas abandonné pour ces richards !

Leroy se leva en rage pour se diriger vers la porte fenêtre ouverte du salon.

  • Je n’ai pas eu le choix, je te ferais remarquer !
  • Oh, et tu n’avais pas le choix d’aller en soirée avec eux ??
  • Quoi, je… et je devrais ne pas me faire d’amis ?
  • C’est pas ce que j’ai dis !
  • Si !
  • Nan ! cria-t-il plus fort avant de s’enfuir dans le jardin.
  • Leroy, reviens-ici ! lui couru-t-elle après, Leroy je te dis de… CAT !!! REVIENS ! tenta-t-elle desespérement.

Les deux mains sur la clôture du jardin, il se retourna tel un chat piégé dans les phares d’une voiture, ces yeux ocre la fixant. Furtivement, il s’échappa ensuite en sautant au-dessus de la palissade. La suite ne fut que plainte et tristesse.

Pour répondre à Laure, Kimi s’empara d’un léger sourire :

  • Je n’ai pas trop eu le temps de me reposer, c’est pour ça.

Pas vraiment dupe, la belle lui tapota sur la tête en guise de réconfort, arrachant une expression plus sincère à Kimi.

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