Chapitre 32 : La première fois.

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Le nez plongé dans le coussin l’empêchant de respirer correctement, ses longs cheveux roux chatouillant son dos et le bruit de portes qui claquent au loin réveillèrent petit à petit Faye. Elle se mit à gigoter dans les draps, sentant que ses jambes tremblaient sans vraiment y prêter attention, puis elle enfouit un peu plus son visage dans l’oreiller. Plus elle sortait de son sommeil, plus elle se rendait compte que sa tête lui faisait affreusement mal. Elle geignait, en ouvrant doucement les yeux. La fine clarté l’obligea à les refermer de suite, poussant une légère plainte. Quelle fut sa surprise lorsqu’elle en reçut une autre en guise de réponse.

Faye se figea dans le lit. Elle sentait une présence dans son dos, quelque chose de chaud et de grand. Il y avait un garçon dans son… Non, c’est elle qui n’était pas dans la bonne chambre. Elle plissa les yeux pour tenter de récupérer quelques souvenirs et frémit. Elle se releva le plus silencieusement possible et jeta un œil discrètement à la personne à côté : Alex. Prise de panique, elle se couvrit la bouche pour s’empêcher d’émettre un cri et se rappela. Tout lui revint. La scène de film ! Elle n’en revenait pas qu’elle vivait un tel épisode dans sa vie.

Il était nu, elle ne portait rien non plus, la chambre n’était plus qu’un désordre. Elle refusa un instant les images qui revenait en sa mémoire et tenta de s’extirper du lit sans qu’il ne se réveille. Il commençait à bouger beaucoup, ronchonnant dans son sommeil et le corps de Faye devenait lourd. Ses hanches particulièrement lui faisait mal. Elle ne les sentait plus quand elle réussit à s’asseoir sur le bord du matelas. En observant ses jambes, elle y découvrit des bleus. Elle voulut effacer ce nouveau flash d’Alex qui la tirait jusque dans sa chambre. Ils s’étaient poussés l’un et l’autre jusqu’au lit, se cognant au pied de celui-ci avant d’y atterrir.

Elle agrippa fermement sa chevelure entre ses doigts pour l’amener en arrière, scandalisée. Elle revivait ses baisers et ses caresses, ses mains parcourant son corps. Le bas de son ventre se tordait et ses joues s’enflammaient en y repensant. Ils avaient vraiment…

  • Tu comptes aller où comme ça ? l’interrompt une voix rauque.

À nouveau, elle se figea, n’osant pas se retourner. Alex bailla, passa une main dans ses cheveux en bataillon et se faufila jusqu’à ses côtés. Il se plaça dans son dos et vint l’enlacer. Tel le léopard sur sa branche, il y appuya tout son poids. Déposant un baiser dans son cou, il croisa ses bras autour de sa poitrine et serra fermement ses seins. Faye se redressa, absolument gênée, et serra les jambes, sentant la chaleur y grandir. Il la reniflait comme un animal sauvage.

  • Hum, fit-il en continuant de s’accrocher.
  • Alex… Euh…

Du bout des doigts, il s’aventura jusqu’à son endroit le plus intime. Bien que prise au dépourvu, son toucher brûlant et délicat lui donna envie de lâcher prise. Elle passa ses doigts dans sa chevelure qui venait chatouiller son épaule. À la force de ses cuisses, elle bloqua sa main pour qu’elle ne s’aventure pas trop loin. Il lui fallait revenir sur terre.

  • Je… j’ai envie de prendre une douche…
  • Après, annonça-t-il.
  • Comment… ça, après ?

Le petit rire qui résonna dans son oreille la transforma en un espèce de volcan en éruption, à la fois énervée par son sarcasme et contrariée par l’idée qu’il lui fasse de l’effet. Sa pression ne redescendait pas à cause des légères caresses qu’il lui imposait.

  • On a des choses à faire avant ça, dit-il après un long moment à aventurer ses doigts sur sa peau.
  • Non…je…

Faye émit un cri et sursauta légèrement quand il attrapa son oreille entre ses lèvres. Y glissant sa langue, il la croqua directement après. Alex qui était habituellement si froid lui paraissait bouillant. Quelle tête pouvait-il bien faire ? Elle n’avait connu que des regards neutres ou dernièrement, de colère. Le visage de la silhouette qui l’avait tenu toute la nuit lui paraissait flou. La douceur avec laquelle il la caressait la frustrait énormément. Elle se tourna du mieux qu’elle put pour tomber sur ses yeux affamés.

  • Tu ne veux pas ? demanda-t-il d’un regard déterminé.
  • Est-ce que j’ai le choix… ? répondit-elle avant de déglutir devant un léger sourire sarcastique.
  • Bonne réponse, lui souffla-t-il.

Elle ne s’attendait pas à ce qui la couche gentiment dans le lit, pas après la manière dont il l’avait fait précédemment. Il s’était montré si brutal et maintenant, il s’amusait, pensa-t-elle, à jouer aux bons garçons. Sous sa poitrine généreuse, elle espérait qu’il ne sente pas son cœur s’accélérer. D’une main, elle cacha le rouge qui montait à son visage. Elle n’eut le temps d’avoir froid qu’il la réchauffait déjà d’une embrassade. Encore fatigué, Alex s’attarda sur ses lèvres et se fraya doucement un chemin en elle. Il s’arrêta pour sonder ses expressions. Faye lui offrait un magnifique regard en colère. Se sentant prise de haut, elle repoussa son torse du peu de force qu’elle avait.

  • Pourquoi est-ce que tu le fais comme ça ?!
  • Comment ? feignit-il alors qu’il déposait des baisers le long de sa jambe qu’il gardait contre lui.
  • Eh ben ! Comme ça ! Je ne t’ai jamais demandé d’être gen… gentil…

Il commença un mouvement de hanche qu’il arrêta brutalement. Levant les yeux au plafond, il glissa ses doigts entre ses orteils et plongea ensuite un regard sombre dans le sien.

  • Ce serait trop facile de te donner ce que tu veux, nan ? fit-il en venant se coucher au-dessus d’elle.

Pendant qu’il mordillait sa lèvre inférieure, des larmes de rage apparurent au coin des yeux de Faye. Il parcourut ses avants-bras pour bloquer ses poings serrés et calma dans l’instant ses jambes rebelles en débutant un mouvement lent.

  • N’hésite pas à devenir accro….

En réponse, il eut droit à ses ongles plantés dans son épaule. Il fit de même en glissant ses mains dans son dos. La douleur sur son visage le complaisait. Alex était chaud, et investit, comme il ne l’avait jamais été.

Des filles il en avait à la pelle, et du sexe, tous les soirs s’il le souhaitait, mais du plaisir, c’était une des premières fois qu’il en ressentait autant. Enivré par ces douces sensations, et par la colère de sa victime, il n’avait pas seulement l’impression de pouvoir le faire pendant des heures durant. Il s’assura que Faye ne sorte pas de sa chambre de toute la journée, incontrôlable et assoiffé.

***

Fuyant dans le couloir sur les talons haut de la veille, Faye n’avait plus aucune force dans ses jambes. Après une énième fois dans le lit, elle avait réussi à se rendre dans la douche ou Alex n’avait pas tardé de la rejoindre. Insatiable, il n’y avait pas meilleur mot pour le décrire. Il avait un appétit sexuel tel qu’elle avait cru s’évanouir à force qu’il la bouscule gentiment. Repenser à ces gestes, doux et sans doute calculés, lui donna envie d‘exploser la première chose qu’elle trouverait sous la main. La rendre accro ? Elle ne riait qu’à moitié. Le garçon qui l’avait tant nié fourrait maintenant son nez sous chaque pli de sa peau. Une mince fierté grandit en elle. Les sensations étaient encore vives : son souffle dans son cou, ses doigts la parcourant, les coups sur ses hanches, et son regard avide. Elle le rejouait sans cesse. Rougissant, elle s’arrêta pour couvrir sa bouche de ses deux mains. Comment en était-elle arrivée là ? Le fait qu’elle se soit posé exactement la même question concernant l’ectasie, ne lui donna que plus envie de le gifler. Si elle le voulait vraiment, pourquoi ne l’avait-elle pas fait au moment où il la regardait dans le blanc des yeux, pour ensuite se délecter de ses formes. Cette chaleur, ces hurlements qui grondaient dans ses entrailles, elle les rejetait.

Si bien qu’elle eut l’impression de jeter ses sentiments avec force sur la porte qui lui faisait maintenant face. Impatiente, elle frappa plus fort.

Laure apparut au seuil, dans un peignoir en soie bleue pâle et les cheveux trempés. Elle eut d'abord l'air contrarié, sortant fraîchement de sa douche, mais elle lui sourit ensuite. Ce n’est pas tous les jours que la rousse venait lui rendre visite avec une mine qui s’allongeait jusque part terre.

  • Entre, l’accueillit-elle d’une mine réjouie.
  • Tu ne sais même pas de quoi je suis venue te parler que tu es déjà contente, râla-t-elle. Tu peux me filer un truc confortable ?
  • Où est le “s’il te plaît” ? gloussa-t-elle.
  • Vraiment...

Elle s’amusa de son soupir et referma la porte de sa chambre qui s’étendait sur des tons argentés et violet, puis s’exécuta. Elle lui trouva un petit short de pyjama et un joli sweat lavande. Faye arqua un sourcil avant de l’enfiler. La couleur ne lui allait pas du tout, mais elle se sentit enfin propre après avoir retiré les vêtements dans lesquels elle avait fait la fête toute la nuit, et pas que.

Laure l’invita à s’assoir d’un geste dans son immense lit dont les draps brillaient de propreté. Elle fit de même en s’installant sur le coffre aux pieds de celui-ci, sur lequel résidait un grand coussin molletonneux.

  • Alors, tu me racontes ? fit-elle en l'observant avec attention.
  • Tu es vraiment la pire personne que je connaisse, une commère attirée par tous les ragots…
  • Mais tu es quand même là ? J’avoue être curieuse, pouffa-t-elle.

Faye jouait compulsivement avec un coussin en forme de cœur et brodé. Elle commença à le taper, nerveuse. Prenant une grande inspiration, elle se couvrit la tête de la capuche du pull et se lança :

  • J’ai couché avec Alex !

Après un temps de latence durant lequel les yeux de Laure s’agrandissait à ne jamais en finir, un immense sourire se dessina sur son visage. Sautant alors sur le lit pour la rejoindre, elle tapa dans ses mains d’excitation. Faye brandit son pied nu dans sa direction pour la faire reculer, ce qui fonctionna à merveille. Elle la dévisagea un instant de plus et resta sur ses gardes de peur de se faire attaquer, bien qu’elle frétillât autant qu’un serpent à sonnette.

  • Aloooors, c’était comment ? demanda-t-elle toujours en lui lançant un sourire mesquin.
  • Je… tu veux vraiment savoir ça ? tenta-t-elle de se contenir.
  • Tu rigoles ! Bien sûr que je veux savoir, c’est d’Alex dont on parle ! J'avoue que j’avais cru comprendre qu’il y avait une certaine tension entre vous l’autre fois dans les douches…

Faye frappa l'oreiller sur sur sa tête, tandis que son hôte riait franchement. Quand elle le récupéra pour l’écraser contre sa poitrine généreuse, elle mordue l’intérieur de ses joues et fronça les sourcils.

  • C’était bien, avoua-t-elle. Enfin, je crois…
  • N’essaie pas de te chercher des excuses ! Tu ne vas pas me faire croire que c’était juste "bien" !
  • D’accord, vraiment… vraiment vraiment bien ! Fais chier ! jura-t-elle en continuant à massacrer le pauvre coussin, le visage rouge.

Subtilement, Laure récupéra son bien pour ne pas qu’elle l’abîme plus. Elle le serra à son tour, en levant les yeux au ciel comme pour réfléchir. Déposant un doigt sur sa bouche, elle se souvint d’une chose.

  • C’est vrai qu’il en a une grosse ? ricana-t-elle en lui jetant un regard vicieux.
  • Quoi ?! s’enflamma-t-elle maintenant.
  • Oh, il doit être vachement douée pour que tu réagisses de cette manière. Je devrais l’essayer ?
  • Non ! s’exclama la rousse.
  • Oooh ooh, tu ne peux déjà plus t’en passer ? Ça en dit long ! Qui aurait cru qu’Alex Stein aurait pu être un si bon parti ? fit-elle en haussant les épaules. Personnellement, jamais je n’aurais tenté le coup, il est trop… C’est un Stein, dois-je en dire plus ?

Elle observait ses ongles en pensant au garçon. Ils n’avaient jamais eu une très bonne relation.

  • M’enfin, raconte-moi ! Est-ce que c’est un bon coup ? Je veux tout savoir !!
  • Hum… je… je ne sais pas…
  • Oh, allez ! Tu n’es pas venue ici pour rien, n’est-ce pas ? Tu veux que je sorte un petit coup de vin pour détendre l’atmosphère, plaisanta-t-elle.
  • C’est pas ça… juste que je ne sais pas vraiment quoi dire…

Faye cachait tant bien que mal son visage derrière le genou qu’elle câlinait fermement entre ses deux bras. Relâchant une main pour la passer sous sa capuche et agripper sa tignasse, elle osa à peine regarder Laure, rouge écarlate. Cette dernière la questionnait d’une expression déconcertée.

  • En fait, je… Alex… C’est mon premier, marmonna-t-elle en lui offrant un regard coupable.
  • Non… Arrête ? s’interloqua-t-elle.

Timidement, elle hocha de la tête et se replia en boule. Laure laissa échapper un long rire strident. Des larmes se logèrent dans le coin de ses yeux, qu’elle effaça d’une mine désolée pour son amie. Gentiment, elle déposa une main sur son genou et la rassura d’un sourire. Faye la maudit d'un regard en larmes. Elle pensa qu'il aurait été plus juste de dire qu'il était "ses premières fois".

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