Chapitre 35 : Révélations.

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À la tête des délégués, présidente du conseil des Richess et la plus puissante des filles des sept familles, Laure Ibiss portait ces différentes casquettes avec brio. Reine de l’organisation et des négociations, elle avait du poids à Saint-Clair. Assez pour se tenir en tant qu’égal à côté de Sky Makes, surtout depuis que son père avait investi dans l’école. Certains élèves pensaient fermement que ces faits suffisaient à la rendre plus important que ce dernier. Elle s’investissait plus, figurait comme l’une des meilleures étudiantes de son année et arrivait même à canaliser le roi. Et même si l’information n’avait jamais percé, tout le monde savait que la réunion des Richess venait d’une de ses nombreuses idées. Quoi demander de plus ? Mais le simple nom “Makes” la laissait sur la touche. Elle serait deuxième quoi qu’il arrive et il en allait de même pour Loyd et le restant des sept familles.

Ce dernier en particulier ressentait cet écart, troisième dans la hiérarchie, mais surtout deuxième boy’s Richess derrière Sky. Les garçons se comparaient sans cesse, ceux-ci ayant malheureusement plus de poids que les filles dans une société qui prônait encore et toujours le sexe masculin.

Pourtant, Laure agissait plus que ces deux meilleurs amis réunis, tant dans le cadre scolaire que personnel et davantage en cette période de pré-examens. Alors qu’habituellement elle se donnait corps et âme dans ces révisions, elle dut gérer d’autres responsabilités.

En quelques semaines, elle avait plongé ses doigts dans la gorge de Faye qu’elle avait dû notamment conseillé au sujet d’Alex. Elle constata une grande tension sexuelle entre les deux à la suite de leur ébats. Bien qu’elle réglât ça en un claquement de doigt, elle s’occupa également de l’absence injustifiée de Nice. Cette dernière et Selim gardaient leurs distances, têtus comme des mules et plongés dans leur livres respectifs. Tenter de retirer une idée de la tête de Mister Hodaïbi s’avérait être plus qu’un challenge. Kimi avait essayé pourtant, mais en vain :

  • Même si elle ne le pensait pas, et j’en doute, je veux être à la hauteur de ses attentes, avait-il donné comme excuse lors d’une séance de danse.

Nice y avait répondu durement, refusant de montrer davantage ces faiblesses :

  • S’il a besoin de se prouver des choses, tant mieux pour lui. Moi aussi je dois me concentrer sur mes examens.

Pour une fois que les problèmes ne venaient pas du peloton de tête ou du “trio infernal” comme se plaisait à les appeler certains, Laure pensa qu’elle préférait encore se recentrer sur ses messes basses avec Loyd et Sky.

À la place, elle se concentra sur la réunion de délégués qu’elle présidait. Les discussions tournaient autour d’un éventuel marché de Noël au sein de l’école, d’une récolte de fond à la même occasion et des portes ouvertes. Elle s’avouait presque vaincue, débordée par les derniers événements, mais le pire était à venir : elle partagea un regard inquiet avec Loyd lorsqu’un professeur vint leur annoncer la nouvelle de l’année.

Ils sortirent du local, penauds, dans un silence maladroit et attendirent le troisième membre de leur cercle avec crainte. Laure brisa la glace en première :

  • Comment est-ce qu’on va lui dire ? souffla-t-elle, désespéré.
  • Tu as plus de tact que moi quand il s’agit de lui annoncer des mauvaises nouvelles…
  • Et tu ne fournis pas beaucoup d’efforts en ce qui le concerne récemment, je me trompe ? l’accusa-t-elle d’un ton réprobateur.

Loyd lâcha un petit rire mécontent, c’était le pompon. À la veille des examens, lui aussi commençait à perdre patience. Il vit dans les yeux de Laure du reproche. Elle était d’une fidélité implacable et prenait toujours la défense de Sky. Il estima qu’il ne méritait pas une telle remarque et sentait ses nerfs craquer, mais l’arrivée de ce dernier l’obligea à se calmer. Il s’en voulait de ressentir de la colère à son égard et plongea ses yeux bleus sur la cour grise de Saint-Clair à travers la baie vitrée. La présence de Billy Makes sembla tomber à point nommé.

  • Je crois qu’on n’aura pas besoin de lui dire de nous-même, lâcha Loyd.

Suivant le doigt qu’il pointait sur la vitre, Sky l’aperçu également. Son sang ne fit qu’un tour et il eut vite fait de sortir du bâtiment pour le rejoindre. Ces deux amis et les élèves présents dans la cour le regardèrent la traverser d’un pas énervé. Les nombreuses fans présentent n’osèrent le dépasser, alors que la curiosité et l’hystérie se répandait. Sky arriva dans le dos de son frère et tira son épaule en arrière pour qu’ils se fassent face :

  • Qu’est-ce que tu fais là ?! s’énerva-t-il immédiatement.
  • Sky ? Waw, ça été rapide pour que tu l’apprennes ! s’exclama le grand brun.
  • Je ne rigole pas, pourquoi t’es là ? Qu’est-ce que je suis censé apprendre ?!

Billy, qui se présentait sous son meilleur jour, toisa les expressions de son petit frère d’un air amusé. Deux armoires à glace vinrent faire barrages entre les fils Makes et les harpies qui se rapprochaient à petit pas. La star attirait toute l’attention, habillée des dernières tendances, même si sa tenue resplendissait moins que ce qu’il pouvait mettre sur scène. Et après toutes ces années à vivre en Angleterre, il restait Londonien dans l’âme. Il sentit qu’il devait rapidement mettre un terme à la discussion.

  • Est-ce que tu veux venir boire un verre avec moi après les cours pour que je t’explique mon projet ? C’est ce dont j’ai voulu te parler l’autre fois à la maison, mais…
  • Ton projet ?

Il se rappelait vaguement qu’il l’avait interpellé à ce sujet et qu’il l’avait remis à sa place. Sky se maudissait de l’avoir envoyé sur les roses.

  • Si ça concernait Saint-Clair, tu aurais dû insist… Bref ! En quoi ça consiste ? se ravisa-t-il.
  • Nous pourrions en parler…
  • Dis-moi ! s’énerva-t-il.
  • Très bien, fit-il sérieusement, légèrement déçu de son attitude. Je compte tourner un clip pour la sortie du prochain album et je cherche des talents pour y apparaître… Danseurs, acteurs, etc. Ça serait sous forme de concours et d’auditions…
  • Quoi ?! Mais pourquoi est-ce que tu fais ça ici ? À Saint-Clair ?

Pendant un instant, Billy baissa les yeux, mains dans les poches. Sky ne supportait pas qu’il fasse ça, parce qu’il ressemblait beaucoup à son père dans cette position. Son frère semblait hésiter et lui adressa un sourire maladroit.

  • Il y a tellement de jeunes qui pourrait correspondre au profil à Saint-Clair, pourquoi le faire ailleurs que dans l’école où j’aurais pu aller ?

Le plus jeune des frères sentit la rage lui monter et lui lança un regard méprisant.

  • Mais c’est MOI qui suis dans cette école ! Tu n’as jamais voulu venir, alors pourquoi maintenant ? Fais ton projet ailleurs, ajouta-t-il d’un ton menaçant.
  • Je ne crois pas, non, pouffa Billy. Tout est déjà mis en place pour le printemps et je ne vais pas reculer mes projets pour toi, assura-t-il à son tour. Je pensais, peut-être un peu naïvement, que tu serais content que je partage un petit bout de ton quotidien, déclara-t-il, cette fois, tristement.
  • Ne me prends pas de haut…
  • Tu es impossible, soupira-t-il. Quoi qu’il arrive le projet prendra effet. Sur ce, ciao petit-frère, lui adressa-t-il avant que la situation dégénère autour.

***

Sky laissa sa colère noire de côté le temps de manger son repas de midi. La pilule avait été aussi difficile a avalé que le plat du jour. Qui pouvait bien penser les menus pour servir des chicons à des adolescents ? Il s’en plait directement à Laure qui, pour une fois, n’osa pas le contrarier. Cette dernière savait que Sky et son frère n’avait pas de bons liens, si bien qu’elle n’avait pas trouvé nécessaire de lui dire qu’elle était également une de ces fans. L’honnêteté n’avait pas toujours lieu d’être, si elle risquait de blesser un ami.

L’ambiance au tour de la table s’avérait étrange, plutôt silencieuse, chacun perdu dans ses esprits. Laure se sentait mal à l’aise et ne supportait pas voir les membres du groupe prendre de la distance. Outre le conflit des amoureux, et les regards langoureux que lançait Alex à Faye, d’autres problèmes statuaient. La rousse n’avait toujours pas osé raconter ces sauteries à sa meilleure amie et Nice sentait inconsciemment qu’un écart se formait. Quant à Selim et le dépravé, ce n’est pas qu’ils s’éloignaient, mais ils pensaient tout deux à autre chose. Cela dit, le petit lui avait un peu forcer la main lorsqu’ils se retrouvèrent seuls pour une ballade nocturne :

  • Bien content d’avoir fait le plein ! s’était exclamé Selim qui portait plusieurs paquets de biscuits dans ses bras.
  • Hum, répondit alors Alex de son éternel ton détaché.
  • Alors… on en a pas encore parlé, mais il s’est passé quoi ce soir-là finalement ? demanda-t-il, un peu gêné de l’amener de cette manière.
  • De quoi ? fit l’autre.
  • Baaaaah, avec Faye, mec !
  • Ah… Il ne s’est rien passé…

Selim avait éclaté de rire et en fit tomber son paquet de M&M’s.

  • Me fais pas rire ! Je vous ai vus tu sais, quand vous êtes sortis des toilettes…
  • Qu’est-ce que tu as vu exactement ? fronça-t-il les sourcils.
  • Oh tiens, ça t’intéresse tout d’un coup ? Eh ben, il était vachement tard et j’avais pas mal bu, mais je suis presque sûr de vous avoir vu sortir discrétos des toilettes, puis de vous galocher sur le chemin de l’internat…
  • C’est pas vrai, souffla-t-il.
  • Nan, c’est pas vrai ! Sauf la première partie, mais maintenant je sais que je n’avais pas tort de demander. Alors ? Vous avez… ? “Hum-hum” ? s’amusa-t-il en jouant de ses sourcils.
  • Ouais, répondit-il brièvement.
  • Arrête, vraiment ?!
  • Oh Selim, tu es pire qu’une commère ! s’énerva-t-il.
  • Et c’est qu’on est à cran, en plus ? Eh ben dis dont, mon coco…

S’il n’avait pas autant raison, Alex l’aurait sûrement coller son poing dans l’épaule, mais il n’en fit rien. Il inspira l’air frais pour le laisser sortir en buée quelques secondes plus tard. Selim attendait toujours des éléments croustillants.

  • Cette fille… Faye, c’est… Pfff. Franchement, je sais pas quoi dire…
  • Ces derniers temps, t’avais l’air de vouloir te rapprocher d’elle, et maintenant que c’est fait, tu ne sais pas quoi penser ? Ça me rappelle ce que je ressentais avec Nice, l’amour…
  • Je ne pense pas être amoureux, enfin je ne sais pas, car je ne l’ai jamais été, se justifia-t-il immédiatement.
  • Et c’est quoi qui te fait douter, alors ?
  • Le plaisir, hésita-t-il longuement à dire. Le sexe avec Faye, c’est juste… Je n’arrive pas à m’arrêter et à chaque fois qu’on le fait…
  • Attends ? Vous l’avez fait plusieurs fois ? s’interloqua-t-il.
  • Toute la nuit… Toute la journée et les jours qui ont suivis, chantonna-t-il presque d’un ton dérisoire.
  • Et la loi du beau goss, on en fait quoi ? Jamais deux fois avec la même fille ?
  • T’es avec Nice, tu devrais comprendre que ce n’est pas la même chose ?
  • Mais… on est amoureux, répondit-il avec un grand sourire.
  • Ah, mais vous en êtes encore au point mort niveau sexe, se vengea Alex immédiatement.
  • Touchée, coulé, s’avoua-t-il vaincu.

Depuis, ils n’avaient plus eu beaucoup de temps à s’accorder, les examens arrivant à grands pas, comme Kyle qui s’empressa de fourrer son nez là où il y vit des problèmes. Le petit blondinet les agressa de plusieurs flash dans une tentative de les réveiller.

  • Alors, vous en tirez une tête les gars, qu’est-ce qu’il se passe ?!

Laure s’impressionnait qu’il mette toujours les pieds dans le plat, mais il s’agissait sûrement de son but. C’est elle qu’il convia en première. Il lui posa quelques questions sur : “Comment survivre à une session d’examen selon Laure Ibiss”. Elle lui donna volontiers ces conseils et ne remarqua pas Faye se figer à côté d’elle. D’un jeu de pied, Alex la taquinait, remontant sa jambe entre les siennes. Si elle cachait bien son jeu, Kyle ne passa pas à côté de ce petit jeu.

  • Vous deux, fit-il en les pointant du doigt tour à tour, vous avez de la chance que je sois débordé, mais un article sur vos ébats ne serait tarder.

Il avait lâché la sauce et tout le monde tourna en mayonnaise. Faye rougit violemment et Alex se lécha le coin des lèvres, mal à l’aise. Laure attrapa son front d’une main et souffla. Loyd et Sky en voulait à son ami d’avoir gardé ça pour lui et il en allait de même pour Nice. Celle-ci osa à peine regarder la rousse, trop fâchée qu’elle ait gardé son secret. Seule Kimi tenta une percée :

  • C’est vrai que tu es de loin le gars le plus demandé et le plus occupé de la terre. C’est les examens qui t’empêchent d’écrire tes petits articles ? Quel dommage !
  • Oh ! Non, du tout ! Ces temps-ci, je m’intéressais à un certain “Leroy Dan’s”, répondit-il du même ton sarcastique.

Kyle plongea ses petits yeux fouineurs dans les siens, amplement satisfait de sa réaction. Elle buguait. Littéralement, elle ne sut quoi répondre, jusqu’à ce qu’il lance un petit mouvement de tête en direction de Sky. Ce dernier ne pensait pas qu’elle s’énerverait autant, ou plutôt que le fait qu’il lui ai dit pour son frère adoptif mériterait autant de mépris.

  • Toi, grogna-t-elle, t’es vraiment qu’une merde.
  • Euh… Je…
  • C’est toi qui lui a dit ? T’es venu chez moi, tu as appris pour Leroy et tu lui as répété ?!
  • Ou… Ouais, et alors ? reprit-il du poil de la bête.
  • Et… Alors ?

Elle retint de lui hurler dessus, et planta son couteau dans une pomme de terre à la place. Sky déglutit devant la haine qui se dégageait d’elle et Kyle s’en délectait.


  • Ça veut dire que Dossan t’a fait part de ça, et que tu lui as dit ? Pourquoi ?!
  • Il me l’a demandé.. Je ne pensais pas que c’était si grave…
  • Si, ça l’est ! C’est notre vie privée, SA vie privée. Tu n’avais pas le droit !
  • Oh, ça va ! Il n’y a pas mort d’homme ! se leva-t-il de sa chaise, la colère reprenant le dessus.
  • Ce n’est pas parce que toi tu as des mauvaises relations avec tes frères et sœurs que pour moi c’est pas important ! se leva-t-elle à son tour.
  • Kimi, essaya d’intervenir Laure.
  • Répètes un peu ça !
  • Nan ! J’ai plus rien à te dire, pas un sale mouchard ! Et toi… Toi ! fit-elle en menaçant Kyle du doigt.
  • Ouiii ? répondit-il en battant des cils.

Elle réprima son envie de lui casser sa figure, ramassa son sac à la volée et décida de décamper loin de ce : “connard de Sky”, alors que ce dernier ne comprenait pas son pétage de câble.

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