Les fléaux
En ce début de matinée, chaque individu vaque à ses occupations. L’atmosphère est fraîche et agréable, le soleil se cache parfois mais le temps reste lumineux. Pourtant, au fil des heures, l’air devient de plus en plus lourd et le doux soleil n’est plus qu’un souvenir, bien caché derrière ces nuages noirs et menaçants. Tout cela n’annonce rien de bon.
Le tonnerre éclate avec violence. Le bruit est insoutenable et les éclairs sont comme des feux d’artifice au milieu de l’obscurité. Le spectacle est à la fois magnifique et terrifiant. Des incendies d’une grande intensité se déclarent à cause de la foudre. La panique est désormais bien présente. Les cris des habitants ne sont même pas perceptibles tant l’orage gronde.
Le soulagement se lit sur les visages quand la pluie arrive. Le bruit s’efface petit à petit et les feux sont en grande partie maîtrisés. Mais cette eau perçue comme salvatrice se transforme rapidement en torrent céleste qui inonde et dévaste tout ce qui se trouve sur son passage.
Une fois le déluge terminé, les paysages ne sont que ruines et désolation. Les sols humides, recouverts d’innombrables débris et corps sans vie, favorisent très vite la prolifération des bactéries. Par conséquent, ceux qui ont survécu jusque-là sont vite infectés par tout ce qui les entoure dans cette nature apocalyptique. Les plus chanceux et résistants réussissent à partir mais s’aperçoivent rapidement que peu importe la direction qu’ils prennent, ils ne trouvent que des paysages identiques à ceux qu’ils ont fuis. L’exténuation a raison d’eux et des camps de fortune sont établis.
La nuit n’est en rien reposante et l’épuisement est à son comble. La liste des décès s’allonge de manière alarmante.
Au réveil, tout semble avoir pourri. La vie a quitté tout ce qui respirait encore hier. Les ténèbres ont laissé place à un soleil de plomb et la température atteint vite un degré insupportable. Le terme « canicule » est faible pour qualifier la situation. La terre est sèche, craquelée et l’eau, présente en abondance hier, s’est évaporée. La déshydratation n’arrange rien à la santé de toutes ces personnes errant dans l’espoir de trouver une terre d’asile. Bientôt, ces contrées ne sont plus que des déserts brûlants parsemés de cadavres. Les rares provisions d’eau ou de nourriture s’amenuisent ou intoxiquent certains. Le soir venu, la chaleur est encore intense et il est presque impossible de trouver le sommeil.
Les heures passent et les températures chutent de plus en plus. La nature joue avec les nerfs des rares survivants. C’est un froid glacial qui termine la nuit et accueille l’aube. La neige remplace déjà par endroit le sable qui était encore bouillant il n’y a pas si longtemps. Bien qu’ils puissent enfin s’hydrater un peu en mangeant de la neige, le froid polaire met à nouveau les rescapés en état de survie extrême. Les visages et les membres prennent des tons violets inquiétants et on regretterait presque la chaleur insoutenable de la veille.
Soudain, la terre se met à trembler et plusieurs avalanches sorties de nulle part détruisent et recouvrent tout. Ceux qui ne sont pas fauchés brutalement sont pris au piège entre les vagues enneigées qui déferlent et le sol gelé qui craque et s’effondre sous leurs pieds. C’est dans un vacarme assourdissant que tout prend fin.
Le temps, le monde semblent arrêtés. Un homme se réveille allongé sur le sol poussiéreux. Quelques fines gouttes d’eau lui mouillent la peau. Petit à petit, il est témoin de la renaissance de la végétation. Les températures sont douces, la nature belle et vigoureuse à nouveau. C’est avec une grande émotion que l’individu part à la rencontre de ses semblables ayant survécu. Ensemble, ils construiront le monde de demain.
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- Salut Martin. Ça va toi ? On ne t’a pas vu hier au boulot.
- Ne m’en parle pas. J’avais la crève ! Rien de grave mais ce n’est vraiment pas agréable. J'avais la sensation que mon corps tout entier était un véritable champ de bataille. Des maux de tête, de gorge, le nez tout irrité et qui coule tout le temps, une grande fatigue, des courbatures, de la fièvre, tu as chaud puis tu as froid, tu frissonnes et pour finir tu te payes une de ces toux... En si peu de temps tu as l'impression que c'est la fin du monde et pourtant ce n'est pas assez. Dès le lendemain tu dois aller travailler! s'écrie-t-il d'un ton rieur et d'une voix grave inhabituelle, signe que la maladie n'a pas encore totalement quitté son corps. Ce territoire mystérieux et instable. Un jour paisible, le lendemain chaotique.
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