14 ~
Dix ans qui passent, Tombeau. Nous sommes un jour brutal, à nous fondre l'un à l'autre, à l'étage chez ta gand-mère. Par la fenêtre, je vois un chêne qui danse au même rythme que toi. Tu me possèdes avec fougue et voilà que je quitte ma robe virginale sous tes coups de reins. Des gouttes grenat, qui s'égrènent.
Sangre
Sangre
Sangre
Tu ne comprends pas ce qui arrive, t'arrêtes un peu coupable, agenouillé au bord du lit, t'assures que je ne souffre pas en épongeant mes ruisseaux. Cette fois pas de larmes : du sang mais pas de larmes. Je te souris. Quelque chose en moi est en train de se rompre, un morceau d'enfance que je laisse derrière moi, contre toi. Ce qui coule sur tes doigts porte sa violence et ses batailles, l'enfantement, les jambes fossiles encore ouvertes de la première chienne. Ce que tu éponges, ce que tu laves, c'est cela. L'image est forte. Je sens que tu es ému de ce cadeau symbolique et inespéré. Car c'est pour ta queue, Tombeau, que mon corps s'était réservé pendant plus de trois ans. C'est pour ta queue que la vie a réservé ma sève. Et c'est ta queue que je poursuivrai, à jamais, dans toutes mes nuits de fièvre. Les chiennes sont fidèles. Je suis tienne à jamais.
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