Oiseau de nuit
Il aime les bruits de la ville, le soir. Il déambule dans les quartiers endormis, la nuit. Tel un noctambule parmi les siens, il hèle ses amis d'un salut masculin.
Certains sont réunis dans un coin sombre, partageant un joint, une canette. Ils s'échangent des titres de musiques, se montrent leurs vidéos.
D'autres passent les oreillettes d'un gars à un autre, pour leur faire écouter leur dernier son, leur dernière création. Ils ne vivent que pour la mélodie. Celle qui les fera vibrer, celle qu'ils vont kiffer.
À peine vingt ans, et déjà des certitudes, loin des travailleurs qui triment le jour, dorment la nuit. Silencieusement, d'un regard ils jaugent le morceau, scandent le rythme, martèlent le sol en cadence. Ils sont en communion, ils sont dans leur trip. Ils ont le rythme dans la peau. Vivant de petits riens, en rupture avec leur famille, ils errent dans les ruelles de la ville. Habitués aux activités nocturnes, ils s'inventent une vie rêvée.
Les études ? C'est du passé. Le travail ? Trop difficile à trouver. Sans diplôme, désoeuvrés, ils cherchent un sens à leur vie. Ils gardent la conscience plus ou moins lucide, la faute aux substances toxiques. Jeunes et déjà accros .
Quand un passant les regarde, méfiant, ils ricanent d'un air peu engageant. Ils cultivent un style rock, marginal. Ils ne sont à l'aise qu'avec leurs pairs, se sentent protégés dans leur giron. Eux, vivent de 22 heures à quatre heures du mat. À midi, ils sont encore au pieu, avec leurs rêves et leurs désillusions.
Traîner dans les rues à minuit est devenu plus qu'un jeu, un mode de vie qui leur colle à la peau. Bientôt on entendra parler d'eux, ils crèveront l'écran, c'est sûr, ils sont promis à un bel avenir grâce à leur talent.
Eux y croient, leur entourage souffre en silence. Les enfants marginaux essaient de vivre de leur mieux leur passion. Autour d'eux ce n'est qu'incompréhension.
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