Le lendemain matin, je sursautai en me retrouvant face à des yeux marron identiques aux miens.

— Oh mon Dieu ! Tu m'as fait peur.

Ma sœur éclata de rire.

— T'as pas entendu ton réveil ?

Je relevai ma tête de l'oreiller, complètement paniquée. Je détestais être en retard.

— Mince. Quelle heure il est ? Purée ! J'ai dû oublier de l'activer.

Je me précipitai dans la salle de bain et me douchai en quatrième vitesse.

J'arrivai dans le salon cinq minutes plus tard en vérifiant que j'avais bien toutes mes affaires pour la journée.

— Merci de m'avoir réveillée, dis-je en prenant la tasse de café et les céréales tendues par Mina au dessus du plan de travail.

En engloutissant mon petit déjeuner, je me fis la remarque que je n'avais jamais mangé aussi vite de toute ma vie.

— Alooors, on est rentrée tard hier soir ?

— Ce n'est pas à toi que je devrais demander ça ? D'ailleurs, comment ça se fait que tu sois déjà réveillée ? demandai-je la bouche pleine. D'habitude je dois remuer vents et marées pour que tu ouvres les yeux le matin. Les pannes de réveil, c'est plutôt ton affaire !

— Pour tout te dire, je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit. J'ai rendez-vous avec mes relecteurs tout à l'heure et j'ai peaufiné quelques éléments de la romance. Mais, tu n'as pas répondu à ma question…, dit-elle non sans me lancer un regard entendu.

— J'étais à la galerie avec Jules. Madame Caroll te passe le bonjour d'ailleurs. Elle s'est surpassée pour l'exposition ! Tu aurais dû voir ça. C'était incroyable de...

— Ne change pas de sujet !

— Si tu veux tout savoir, je l'ai invité à manger avec nous hier soir mais tu n'étais pas là. Du coup, on y est allé tous les deux, répondis-je en avalant mon café.

— Un petit dîner en tête-à-tête ? me taquina-t-elle

— Arrête ! ris-je. On a parlé. Je n'ai pas vu l'heure passer, c'est vrai. Il m'a raccompagnée à l'appartement vers vingt-deux heures et je me suis effondrée comme une masse.

J'enfilai mes baskets quand je me rendis compte que Mina me fixait bizarrement.

— Ça ne va pas ?

— Tu as l'air de bien l'aimer ce nouveau collègue. Fais quand même attention à toi, soeurette. Je ne veux pas que tu souffres.

Je m'avançai vers elle et contournai le plan de travail pour la prendre dans mes bras.

— Ne t'inquiète pas. Je sais me défendre. Et puis, c'est juste un bon ami.

— C'est pour ça que tu rougis et que tu souris comme une tarée ?

— Je ne rougis pas ! rétorquai-je.

— Qu'est-ce que je vais faire de toi ? plaisanta-t-elle. Allez file, va voir ton amou…, je veux dire ton ''nouvel ami''. Pour une fois que t'es à la bourre !

J'embrassai ma sœur et me rendis au collège en quatrième vitesse.