Bonus 1. Jules
Je la regardais, attendant qu'elle réagisse. Elle était encore perdue dans ses pensées, examinant chaque détail de mon visage. Ses beaux yeux marron caressaient tour à tour mes cheveux, la ligne de mes sourcils trop fournis à mon goût, l'arrête de mon nez, puis enfin mes lèvres. Je me sentais à la fois gêné et flatté. Elle me regardait comme si j'étais une œuvre d'art, une de ces sculptures surréalistes qu'elle avait admirées tout à l'heure.
Un long soupir m'échappa et je me perdis à mon tour dans la contemplation de son visage. Je me contentais d'ordinaire de fixer ses lèvres, légèrement gercées, qu'elle passait son temps à mordre nerveusement, comme je le faisais moi-même. Tout en elle respirait la douceur et l'innocence. Pourtant, ses yeux me perturbaient. Comment vous expliquer sans que cela ne fasse trop cliché ? La première fois que je l'ai vu, ses pupilles sombres m'ont fait l'effet d'un coup de poignard. Oui, effectivement, c’est un peu cliché. Mais, comprenez-moi. Ils contrastaient tant avec la tendresse qu'elle dégageait. Des billes vives et torturées. Des yeux d'artiste.
À cet instant, je pouvais m'attarder à loisir sur ses yeux, ornés d'interminables cils, ses cernes sombres et marqués qui, étonnamment, ne faisaient qu'accentuer l'intensité de son regard. La cicatrice sur sa joue gauche, que j'avais envie d'embrasser. Tout comme ce signe, à peine visible, juste là, sur son menton.
J'aurais aimé la prendre dans mes bras, qu'elle cale sa tête au creux de mon cou. Je voulais qu'elle me sourie encore, pour voir apparaître ces adorables petits creux sur sa joue. Mais je voulais y aller lentement. Apprendre à la connaître. Je voulais mériter sa confiance quand elle me l'accorderait. Je ne pourrai peut-être pas effacer toute la souffrance contenue que j'avais perçue dans ses yeux la première fois. Mais je pouvais au moins essayer.
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