Projet de pillage
Le Halfelin repousse le heaume de son casque trop grand, alors qu’il gratte son crâne chauve en regardant la carte étalée devant lui.
« Par Sangdal… tout ça ? »
L’humain face à lui acquiesce patiemment.
« Oui. Tout ça. »
« Et tu dis que ces paysans ont un bidule de Dieux ? »
« C’est ça. »
« Et que c’est la raison pour laquelle ils peuvent faire pousser des légumes sur une aussi grande portion de terre ? »
« Sûrement. »
« Ok. Donc on les attaque et on leur vole leur machin ! »
Il saute de son tabouret pour aller expliquer sa stratégie (très frontal), au reste de sa bande, mais l’homme l’attrape par son col de chemise mité.
« Non. »
« Comment ça, "non" ? »
Il cligne plusieurs fois des paupières, ce qui ne fait qu’accentuer l’effet halluciné qu’ont ses yeux perpétuellement à la limite d’être exorbités.
« On ne va pas les attaquer bêtement. »
« Mais ça marche ! »
« Parce que nous ne savons pas si l’artéfact peut les aider à se défendre. »
« Hein ? Tu sais pas, client ? »
« Non, je ne connais pas les effets exacts de cet objet. Si ça se trouve, il n’a rien à voir avec la pousse de plantes. Ou peut-être leur permettrait-il de faire pousser des buissons entiers de Sanguier… »
« Si oui, il nous le faut ! » éructe joyeusement le Halfelin, alors qu’une grappe de têtes de ses semblables pointe par l’ouverture de la tente, ceux-ci ayant accouru à l’entente du nom de leurs mets favorites !
« Dis à tes gars de retourner à leur poste. »
« Oups… Allez, ouste ! On vous a pas sonné, vous ! »
Le groupe s’enfuit, lâchant des « Oui, chef… », « Très bien, Calvin. », « Yep, patron ! », « À vos ordres, chef ! », « T’inquiète pas, Calvin ! »
Le mercenaire soupire, puis remonte sur son tabouret pour mieux voir la carte étalée sur la table de son employeur.
« Donc, c’est quoi le plan alors ? »
Il accompagne ces mots par un geste dans l’une des pochettes de ceinture, dont il sort trois graines de Sanguier, qu’il enfourne dans sa bouche.
« Vous allez mettre le feu à la grange qui se trouve ici, à l’endroit le plus éloigné des habitations… puis vous vous enfuirez. » explique le client, tandis que le dénommé Calvin mâchonne sa drogue, « Pendant ce temps, mes hommes pilleront le village à la recherche de l’artéfact. Ainsi, soit nous le trouvons et ce sera la fin de l’opération, soit nous y échouons et nous n’aurons plus qu’à espionner un peu pour voir si les paysans se servent ou non de l’objet. »
« …Ch’est compliqué. »
« Peut-être, mais c’est efficace. »
« …On peut pas piller, pendant que vous brûlez ? »
« Il vaut mieux que tous croient à une simple attaque Halfeline. »
« …Ch’est rachichte… nan ? »
« Articulez quand vous parlez. »
Calvin avale ses restes de graines, avant de répéter : « C’est raciste, nan ? »
« Vous vous en préoccupez ? »
« Euh… nan. »
« Alors, continuez. Vous brûlerez cette grange, et pas une autre, dès cet après-midi. »
« Ok. »
Il descend encore une fois de son perchoir, puis sort de la tente, sans être interrompu cette fois.
« Callixte ! Caleb ! Calen ! Calum ! Calogera ! Ramenez-vous ! » l’entend beugler l’humain, resté seul.
Il se sert un verre de vin, tandis que le bruit des courses pataudes des mercenaires se fait percevoir, alors que ceux-ci rejoignent leur chef.
Le client soupire.
Les Halfelins sont utiles… Mais qu’est-ce qu’ils sont simples d’esprit !
À croire que leurs graines leur font fondre le cerveau…
Heureusement que l’artéfact n’a rien à voir avec la pousse des plantes.
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