Chapitre 30, où je traverse un temple et rencontre un jeune homme trop sûr de lui
À Lorule, la magie était rare. Seules un petit nombre de veines d’énergie traversaient la terre sèche. C’était une magie impitoyable, difficile à exploiter. La plupart des sorciers et sorcières ne pouvaient puiser que dans leur propre énergie.
Mais à Hyrule, les choses étaient différentes. Chaque centimètre carré de terre contenait de la magie, et personne ne semblait en vouloir. Aucun Hyrulien n’étudiait cet art subtil, sans doute trop complexe pour ce peuple simple d’esprit.
Yuga était constamment en état de surcharge. Les flammes de sa baguette s’agitaient, ses cheveux crépitaient d’électricité statique, et chacun de ses gestes s’accompagnait de petites étincelles. Mais cela n’avait pas que des mauvais côtés. Ici, il pouvait lancer autant de sorts qu’il le voulait sans se fatiguer.
Et, pour traverser le Palais de l’Est, ce n’était pas de refus. Il avait emprunté une carte d’Hyrule à la bibliothèque et marqué de petites épingles violettes tous les endroits où il pourrait trouver un Sage.
Le Palais de l’Est était un ancien temple, qui ne servait plus depuis longtemps. Il avait été transformé en donjon et truffé de pièges. Des précipices, des balles de pierre, des pointes, des flèches… tout cela semblait plus apte à décourager un Hyrulien maladroit armé d’une épée qu’un Lorulien passé maître de la sorcellerie. Il ne fallut qu’une petite demi-heure à Yuga pour arriver dans la dernière pièce.
C’était une immense salle circulaire, aux murs gravés de petits caractères incompréhensibles. Au centre se trouvait un trou, trop sombre pour qu’il puisse en apercevoir le fond. Yuga tentait de les déchiffrer quand un jeune homme entra.
Cheveux blancs, yeux bleus, il ressemblait à un Maïkah. Quand il vit l'étrange personnage au fond de la salle, il sourit, du sourire arrogant de celui qui a touché le pactole.
— Je vais te mettre hors d’état de nuire, méchant ! scanda-t-il. Tu vas subir la colère d’Asphar de Cocorico, héritier de Rauru, Sage de la Lumière…
— Tu es un Sage ?
— Bah oui, t’es bouché ?!
— Un Sage ou le descendant d’un Sage ?
— C’est la même chose, non ?!
Yuga sourit. À l’évidence, il était bien trop présomptueux pour être un vrai Sage. Mais qu’importe.
— Là d’où je viens, il y a un dicton : La poussière se dit étoile, et la vraie étoile brille.
— Je ne comprends pas.
— Je m’en doutais.
— Je sais bien ce que tu as fait à Célès, tu vas payer !
Il secoua frénétiquement la baguette ornée d’un diamant qu’il portait. Le Lorulien crut d’abord s’être trompé sur le compte de la magie Hyrulienne, mais cela ne fit que soulever un petit nuage de poussière.
— Je crois que nous ne nous sommes pas compris.
Les pieds d’Asphar quittèrent le sol, et il se retrouva suspendu au-dessus du vide.
— Comme c’est décevant… après toutes ces belles paroles, tu n’en mènes pas large, à présent ! Es-tu prêt ? D’ici quelques instants, tu vas rejoindre mon admirable collection ! Tu peux remercier le ciel d’être le descendant d’un Sage !
Scintillement aveuglant, et le soi-disant Sage disparut dans un tableau. Yuga ne s’attendait qu’à un gribouillis, du genre d’un dessin d’enfants, mais il fut agréablement surpris du résultat.
— Oh, voici une œuvre tout à fait singulière. Mon inégalable talent ne cessera jamais de me surprendre…
La peinture disparut, et il vit alors qu’un second présomptueux était entré.
— Mais ? Attends… Je t’ai déjà vu quelque part…
Il lui fallut un instant pour remettre les choses en ordre. Mais cette tenue verte ignoble, tachée d’un peu de rouge sombre après la traversée du donjon, ne trompait pas.
— Ah, ça me revient ! Tu es l’avorton du sanctuaire, n’est-ce pas ? Oh… Laisse-moi deviner… Tu as l’intention d’être pénible, c’est ça ? Inutile de répondre. Mieux vaut prévenir que guérir, n’est-ce pas ? Aussi ai-je décidé… DE T’EXTERMINER !
Deux flèches esquivées de peu apprirent à Yuga qu’il s’était équipé d’un arc. La troisième déchira sa robe.
Sa robe préférée.
Il disparut dans le mur juste à temps pour éviter un quatrième projectile. Puis il en sortit, et déchaîna une redoutable attaque électrique qui faillit projeter le morveux dans le vide.
Cette technique, bien plus puissante que ses tours de passe-passe habituels, lui coupa le souffle. Le gamin en vert s’approcha et, le plus naturellement du monde, balança son épée de droite à gauche.
Le sang gicla, rougissant les vieilles dalles de pierre. Yuga baissa les yeux. la lame avait traversé sa cuisse. Il gémit. L’entaille n’était pas profonde, mais la douleur était insoutenable.
— Mais arrête ça tout de suite ! gémit-il. Tu vas tout gâcher ! Tiens, voilà qui devrait te calmer !
Il balança sa baguette avec désinvolture, changeant le garnement en dessin d’allure simple, sans fioritures. Il apprécia pleinement le petit cri de…
Link ? Il lui semblait que le prêtre l’avait appelé Link. En soit, peu importait.
— Je l’aurais parié ! Un rendu tout à fait quelconque, au bas mot. Un vulgaire graffiti. Reste donc à moisir sur ton mur !
Il lui adressa un petit sourire moqueur.
— Bien, c’est à présent au tour de la princesse Zelda de rejoindre mon admirable collection ! ricana-t-il.
Il se transforma à son tour et traversa une fissure du mur.
Un instant plus tard, une déferlante de magie multicolore ramenait Link à sa forme d’origine.
"""Faut peut-être que j'aère le texte pour pas mettre toutes les captures de Sages à la suite ? Petite pause dans le chapitre suivant."""
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