Yuga, blessé, avait repris son apparence d’origine. Ganon l’avait quitté. Sans doute était-il reparti en Hyrule.

Il n’avait pas la force de se relever. Le sol était rougi et poisseux, ses vêtements déchirés ne ressemblaient plus à rien. Il savait que sa fin était proche.

Il voulait revoir Sa Grâce, juste une dernière fois, lui dire qu’il n’y était pour rien, que tout était de la faute de Ganon. S’excuser à Link, à Lavio, peut-être même à Julius.

Comme c’était étrange. Un instant plus tôt, il était en colère, et maintenant il ne ressentait qu’un peu de tristesse.

— Yuga !

— Votre Grâce, je… je suis…

— Traître ! Je te faisais confiance, et tu m’as trahi !

Il voulut lui répondre, mais n’y parvint pas. Il toussa, cracha un peu de sang.

— Votre Grâce… haleta-t-il. Je… je suis désolé… au revoir…

— N’espère pas t’en tirer à si bon compte ! Lavio avait raison, tu n’es qu’un manipulateur !

Elle retira ses gants, frotta ses mains l’une contre l’autre et tenta un sort de guérison.

— Attention, ça va piquer un peu ! plaisanta-t-elle.

Même dans une situation si terrible, elle parvenait à plaisanter. Soit la mort de son conseiller ne lui faisait ni chaud ni froid, soit elle avait récupéré un peu de sa joie d’antan.

— C’est peine perdue, vous ne savez pas comment…

— Tu n’en sais rien ! Il peut s’en passer, des choses, en une semaine.

— Pas assez pour apprendre ce genre de magie, Votre Grâce. Aidez-moi à me relever, je veux voir Lorule une dernière fois.

— Ce ne sera pas la dernière !

— Votre Grâce… la ballade de la déesse, le héros lâche, les élus… La prophétie s’est réalisée… Les deux mondes, les Sages, la bête… Je suis le troisième élu, celui qui doit mourir.

— Tu te trompes. Tu vas survivre. S’il te plaît…

Mais elle le soutint alors qu’il se dirigeait vers le balcon.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda Hilda, en voyant une boule de feu rouge pâle percer à travers les nuages.

— Le soleil.

Une vague d’énergie dorée parcourut la terre. Les failles se refermèrent. Les arbres et les fleurs se mirent à foisonner. Les uns après les autres, les monstres se changèrent en hommes, femmes, ou en animaux de la forêt.

— Mais pourquoi Lorule est-elle en train de se réparer ? demanda Yuga.

— Link et Zelda.

— Les Hyliens ?

— Oui. Ils ont fait ce vœu sur leur Triforce.

— Ainsi, nous… avons… réparé Lorule.

— J’ai réparé Lorule. Tu m’as trahi et volé la Triforce.

— Pour rien… au monde… Votre Grâce. Je vous ai toujours… été fidèle… Da kihz.

Alors, il put enfin fermer les yeux.

Il s’effondra à même la pierre froide et ne bougea plus. Hilda se pencha, posa sa main sur sa poitrine. Son cœur battait encore.

— Faites amener un médecin ! hurla-t-elle.