Vol, otage et coup de pied retourné [Par Larousse]
La mort de Jean le Micro-onde laissa une ambiance morose au QG. Tous tournaient et retournaient les dernières paroles de l’ex mari d’Alba dans sa tête. Cette dernière passa sa semaine à pleurer. Georgette se demandait bien pourquoi parce qu’elle détestait le micro-onde qui avait gâché sa superbe sauce à la cannelle. Maurice piquait des crises de jalousie devant le malheur de sa bien-aimée, ne supportant pas qu’elle dépense tant de mouchoirs, de chocolat de de bière, de vodka et de larmes pour un vulgaire objet qui n’en valait pas la peine. Paulette de son côté, n’en avait rien à foutre de toute cette tension, ne sachant pas jusqu’où pouvaient aller les disputes de ses camarades. Elle ne tarda pas à découvrir à quoi ressemblaient les bébé-engueulades.
– Merde ! dit Georgette. Où est passé Pedro ?
– Quoi encore ? T’arrêtes pas de parler de mecs en ce moment, râla Maurice. Christo-je-sais-pas-quoi, Pedro... C’est qui tous ces gens ?
– Euh… Nan mais Pedro c’est mon katana vert avec des paillettes, il a disparu. C’est pas toi qui me l’a pris ?
– Non.
– Menteur ! cria Georgette. J’suis sûre que c’est toi !
– N’importe quoi ! Va voir dans ma chambre, y a rien !
– Je vais pas aller voir, à tous les coups t’as mis des Lego par terre et je vais me casser la gueule !
– N’importe quoi !
– Mais si, c’est vrai !
– Mais nan !
– Mais si !
Bref, une demi-heure plus tard, Georgette alla en larmes se plaindre auprès de Cacagomé Paulette. Prise au dépourvue, cette dernière n’eut pas le temps de ranger cacher son nouveau joujou.
– QUOI ? C’EST TOI QUI AS PRIS PEDRO ? CONNASSE ! rugit la rouquine.
– Quoi Pedro, j’ai rien fait, moi ! protesta Paulette.
– MON CUL, OUI ! ET C’EST QUOI ÇA, HEIN ?!?!
Georgette saisit le katana religieusement posé sur le lit de la nouvelle recrue, fit des tourbillons dans l’air avec, arrachant au passage quelques mèches de cheveux de sa victime. Pour finir, elle posa la lame contre sa gorge. Paulette déglutit difficilement et tenta de reculer de quelques centimètres.
– Euh… dit-elle.
– ALORS, T’AS RIEN FAIT ?
– Ah, ça ? balbutia Cacagomé qui était en train de se chier dessus de peur (comme quoi, elle portait bien son nom).
– QUOI ÇA ? C’EST PEDRO, BORDEL !
– Ok, je savais pas, désolée. Tu peux arrêter de crier, par contre ?
– TU CONNAIS LA POLITESSE ? LA PROCHAINE FOIS, TU DEMANDES, MERDE !
Et la rousse enragée repartit comme une furie dans sa chambre.
Quelques jours plus tard, les guerriers de l’arc-en-ciel réussirent à faire sortir Alba de son lit et décidèrent de sortir prendre l’air tous ensemble. En bon gentleman, Maurice portait la nouvelle valise bleue que sa copine avait remplie de mouchoirs. Ils prirent la direction des champs pour plusieurs raisons. La première, c’est que les champs, c’est cool. La deuxième, c’est qu’Alba était en manque de tracteurs et qu’elle pourrait se ressourcer en voyant ces jolies bestioles de ferraille. Elle espérait aussi, bien évidemment, pouvoir monter dans un de ces merveilleux véhicules.
Alors que les quatre amis se baladaient tranquillement avec une musique dramatique en bruit de fond, deux bandits encagoulés surgirent de nulle part. Le premier prit Alba, l’éloigna de ses amis et l’immobilisa. Le deuxième avait trois revolvers à la main et tenait en joue Maurice effrayé vaillant, Paulette narquoise et Georgette blasée.
– Bon, vous êtes qui, bande d’imbéciles, lança Paulette.
– Tu devrais avoir peur de nous, lui fit remarquer l’homme qui tenait Alba. Je suis Rémi Crobe et je peux te laisser mourante en moins de deux !
– Et moi, fit l’autre avec une voix féminine, je suis Emma Ladit et je peux vous payer un aller simple pour rencontrer ma tante Faucheuse.
– C’est une araignée ? demanda Georgette.
– T’es conne ! s’exclama Maurice, oubliant instantanément leur situation.
– Nan, c’est toi.
– Nan, c’est t…
Un coup de feu retentit et le courageux jeune homme sursauta si fort qu’il en lâcha la valise bleue d’Alba.
– Bon, à part ça, qu’est-ce que vous lui voulez, à elle ? dit Paulette en désignant l’otage du menton.
– T’as pas remarqué que depuis deux mois, je l’ai contaminée ?
– Pas très gent… commença Maurice, dissuadé par le canon qu’Emma Ladit pointait vers lui.
– Bah alors, Momo, on a peur ? se moqua Georgette.
– M’appelles pas comme ça, c’est super moche ! râla le jeune homme.
– Ouais, comme toi. Au fait, reprit la rouquine, vous voulez pas prendre Cacagomé à la place d’Alba ? Elle m’a volé Pedro, cette sale gosse !
– Méééé euh ! protesta l’intéressée.
– Vos gueules esbèces d’imbéziles, dit Alba dont le nez s’était transformé en cascade.
– Z’avez pris vos maillots de bain ? demanda la rouquine en le remarquant.
– Beurk ! cria Paulette.
– C’est pas gentil de se moquer, protesta Maurice.
– Gonnaze, lança Alba.
– Putain mais vous avez quel âge ? s’énerva Rémi Crobe. On vous fait pas peur ou quoi ?
– Ben vous êtes deux contre quatre, leur signala Paulette.
– À trois, chuchota Georgette. Un, deux, TROIS !!!
À cet moment, Paulette fit profiter de son superbe coup de pied retourné à Rémi Crobe pendant que Georgette faisait déguster la saveur du tranchant de sa lame à Emma Ladit. Cette dernière se retrouva désarmée et tenue en respect par la magnifique héroïne. Pendant ce temps, Cacagomé se défoulait sur sa victime gémissante étendue au sol pendant que Maurice qui avait été bien inutile se précipitait vers Alba.
Les héros se réjouirent de leur victoire. Un chouïa effrayés et endoloris, Emma Ladit et Rémi Crobe s’époustèrent, enlevant en même temps que la poussière le peu de dignité qui leur restait.
– La prochaine fois, nous reviendrons plus forts avec tous nos collègues Flavie Ruce, Elvire Usse, Eve Irusse, Mick Robe, Ali Baba Ctérie et leurs milliers d’enfants destructeurs. Vous paierez la honte que vous nous avez infligée !
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