Tracteur et plan d'attaque [Par Larousse]
Après avoir failli tuer pour la vingt-cinquième fois les guerriers de l’arc-en-ciel en s’endormant au volant (elle faillit se casser la gueule par la même occasion, soit dit en passant), Alba fut éjectée à coups de pied au cul du siège conducteur. La remplacèrent Paulette et Georgette, l’une pour passer les vitesses et tenir le volant et l’autre assise par terre pour pouvoir atteindre les pédales. On avait rarement vu plus belle coordination.
– Freine ! FREINE JE TE DIS !!!
Quand la rouquine se décida enfin à appuyer sur la pédale, elle se planta et enfonça l’accélérateur à fond. Ce fut la goutte de vomi qui fit déborder l’estomac de Maurice. On ne s’attardera pas sur la bassine trop petite ni sur le réveil odorant d’Alba. Les GARC poursuivirent leur route en s’engueulant sans encombres jusqu’à un champ de vache signant la pause déjeuner. Cacagomé se fit un plaisir d’égorger une vache et Maurice de la dépecer. Chef de cuisson, ce dernier cuisina les steaks ainsi découpés sur les cheveux enflammés de Georgette, ce qui prit une éternité seulement quelques instants et permis une cuisson pas cuite parfaite. Le tout sous le regard meurtrier d’Alba. Heureusement qu’elle n’avait pas les yeux révolver, auquel cas il y aurait eu trois morts. Après ce délicieux festin, les quatre héros reprirent la route, les deux naines petites guerrières toujours au volant. Il restait 250 km à parcourir.
– Avance plus vite, on se traîne ! GEORGETTE !
– Ouais, c’est b…
– FREIIIIIIIIIIIIINE !!!
– Faut savoir, marmonna Georgette.
– FREINE J’TE DIS !
– JE FREINE ALORS TA GUEULE !
Après des semaines quelques heures de voyage, ils arrivèrent enfin à Montcuq. Ravie d’être enfin arrivée, Paulette sauta hors du tracteur et alla taper la causette au premier venu pendant que les autres allaient garer le tracteur. Cacagomé discuta cinq bonnes minutes avant qu’elle se rappelle qu’elle avait horreur de sociabiliser. Elle se tailla immédiatement tandis que les autres revenaient.
– Albazard !? demanda Alba à l’inconnu que la châtain-clair-tirant-sur-le-blond-bref-pas-brune venait de quitter. Qu’est-ce que tu fous là ?
Ce dernier n’eut pas l’air enchanté de la voir.
– Euh… Rien, rien !
Et il se barra en courant. Les quatre compagnons se regardèrent, déconcertés, avant de hausser les épaules et de rentrer dans leur QG. Ils le trouvèrent sans dessus dessous. Les meubles et étagères vidés et renversés par terre, le canapé retourné, les pots de cannelle fracassés et le maroilles écrasé. Bref, le bordel.
– Quel bazard ! s’exclama brillamment Maurice.
– Oh le con ! lâcha Alba, énervée.
– Putain, soupira Paulette.
– Il va m’entendre, c’t’en**** ! hurla Georgette.
La rouquine courut dans sa chambre, posa Pedro qu’elle jugeait fatigué, attrapa Alessandro, un katana bleu brillant en dégradé et sortit en trombe des égouts pour courser Albazard. Alba laissa un message rageur sur la messagerie-télé des Albamiens. Puis elle se cassa la gueule sur un lego et engueula Maurice. Ce dernier fut contraint de les ramasser, minuscule pièce par minuscule pièce, pendant que Paulette profitait de l'absence de Georgette pour jeter toute la cannelle et aller acheter des lardons et de la crème fraîche pour cuisiner des pâtes carbo d’enfer ! La rouquine revint triomphante une mèche de cheveux à la main et pu apprécier le spectacle qu’offrait son camarade à quatre pattes par terre. Il est envisageable qu’elle semât quelques legos supplémentaires pour le voir souffrir un peu plus.
– Rgnumph grogna Maurice à son attention.
– Quoi ? Faut profiter des petits plaisirs de la vie, dit elle, guillerette.
– Connasse.
– Vous avez fini, espèce de morveux ! lanca Alba. Georgette, ramasse tous les petits cailloux qu’il y a par terre.
– Mais ?!?!! C’est TES cailloux !!!
– Et ?
À ce moment-là, Alba retrouva l’effrayante tête qu’elle avait avant et imposa de nouveau sa suprématie à ses esclaves amis. Ce fut à Cacagomé Paulette d’apprécier le spectacle pendant qu’elle trinquait avec Alba. Cette dernière but une gorgée et recracha son vin chaud à la figure de la pauvre châtain-clair-tirant-sur-le-blond-bref-pas-brune.
– Breurk !! Quelle horreur !! QUI A REMPLACÉ LE VIN PAR DU PUTAIN DE JUS DE RAISIN ?!?!
Au sol, Maurice et Georgette échangèrent un regard innocent.
– Ça doit être Albazard, affirma le jeune homme.
– Putain j’vais le buter ! maugréa Alba dans la barde qu’elle n’avait pas à l’instar de Maurice.
Elle s’élança vers la porte, mais c’était sans compter Gonzague Rippe qui fit irruption dans le QG à ce moment-là.
– Salut, c’est bien ici qu’il fallait livrer les mouchoirs et le pschit pour déboucher le nez ?
– T’es qui ? l’agressa Alba.
– Gonza…
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Une aiguille de trikô lui transperça le cerveau. Les trois guerriers se retournèrent vers Paulette.
– Ben quoi ? Vous voyez pas qu’il apporte des trucs pour les malades alors qu’on est en forme ? D’façon, c’était son destin. Il s’appelait Gonzague RIP, non ?
En fouillant le cadavre, on trouva en effet sa carte d’identité qui portait ce nom-là (à quelques lettres près).
– Regardez ! s’écria Alba. Son adresse !
– Et ? demanda Maurice.
– Naaaan !! Vous pensez qu’il habite avec d’autres maladies ?! cria Georgette.
– Ben, peut-être.
C’est ainsi qu'autour d’une bonne plâtrée de pâtes carbonara, les GARC firent un conseil de guerre. Puis ils commencèrent à parler stratégie…
– N’empêche, Paulette elle dit toujours des trucs super intelligents comparés à nous, râla Maurice. Ça devrait peut-être être censuré, non ?
Il failli mourir à cause du regard que lui lancèrent Alba (qui n’avait toujours pas les yeux revolver) et la principale intéressée qui lui aurait bien fait goûter à ses coups de pied retournés.
– On a dit STRATÉGIE, imbécile ! lui lança Alba avec amour.
Maurice ferma donc sa gueule.
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