(At)tention au QG [Par Larousse]
– Bon, vous devenez quoi, bandes d’imbéciles ? demanda Christobal.
– T’as appris la politesse ? Les imbéciles t’emmerdent, répondit calmement Paulette.
– Et Georgette ?
– Quoi Georgette ?
– Bah, on était en couple à la base.
– QUOI ?!?! Mais t’es un DOUDOU, mec !!
– Elle se sentait trop seule, la pauv’conne, se moqua Christobal.
– Bon, je sais que ses pâtes à la cannelle sont dégueues, mais elle est super en table de bistro, alors ta gueule !
Paulette se creusait la tête pour trouver comment se sortir de cette situation. Le rhum, c’était bien sympa, mais les Bloody Georgette, c’était mieux ! Elle pria donc le dieu Scénar’dios et la barrette rose qu’elle avait dans les cheveux alla se planter dans les yeux de Christobal. La jeune fille lui coupa la tête et s’enfuit avec.
De son côté, Alba avait retrouvé un moment de lucidité au milieu de la mer de larmes dans laquelle Maurice et elle vivaient désormais. Elle commanda sur Amazon une demie tête rousse pour tenter de ressusciter Georgette dont elle avait (un peu) la mort sur la conscience. Quelques minutes plus tard, le colis arriva. La plus belle des GARC se mit donc au travail. Elle rafistola la tête de la rouquine, mais ça ne suffit pas. Elle courut au supermarché, dépensa une centaine d’euros en cannelle et à son retour, fit tout avaler à sa camarade. S’en suivit un silence pesant. Un très long silence. Alba pensait avoir raté et allait retourner pleurer quand soudain, l’adorable Georgette toussa. Puis bougea.
– T’... T’es vivante ? demanda Alba.
– Bah bien sûr ! s’exclama Georgette. Pourquoi tu voudrais que je sois morte ?
– Euh… Non, rien, laisse tomber.
Quelle ne fut pas la surprise de Maurice lorsqu’il se réveilla et trouva sa pire amie vivante et (déjà) en train de faire des conneries !
– Oh naaaaan ! Pas elle ! On était mieux sans toi !
– Quoi sans moi ? Chuis toujours là pour faire chier, moi, j’fais jamais grève !
– Ben si, tu t’es fait écraser par un tr…
– TA GUEULE ! le coupa Alba. Elle a tout oublié, tu veux qu’on lui dise que tu l’a poussé et que je l’ai écrasé ? On finirait pas la journée ! reprit-elle en chuchotant loin des oreilles de la rouquine.
– Ah ouais… fit Maurice avec intelligence.
– Bon, je vais acheter de la cannelle, y en a plus, déclara la rousse.
Quand elle sortit, elle vit sur le sol un truc étrange écrasé, un mélange de rouge et de orange non identifié. Elle haussa les épaules et reprit son chemin. Sauf qu’elle fit une mauvaise rencontre. Rodolfo Lie et Sadé apparurent devant elle.
– Oh merde ! s’exclama Georgette.
– Rodolfo ! Contamine là ! hurla Sadé.
– Je peux pas ! Elle est déjà folle ! gémi-t-il.
– Faut tout faire soi-même ... grogna Sadé en attaquant la naine flamboyante.
La dépression courait vers Georgette quand soudain, elle fut projetée (Sadé, pas Georgette) sur le côté et s'effondra, une aiguille de trikô plantée dans la tête. Au coin de la rue, Paulette venait d'arriver, accompagnée d'une peluche dotée d'un fouet de cuir et portant un slip de cuir marqué d'un "J'aime le SM" en lettres dorées (SM pour le Saint Moret, entendons-nous bien !). Et ce n’est pas tout. Cacagomé portait en collier la tête tranchée de Christobal.
Georgette ne la remercia même pas lorsqu’elle vit son amoureux (elle ignorait encore le rôle qu’il avait joué) en si mauvais état. Elle sortit le plus redoutable de ses katanas, le plus tranchant, le plus dangereux. Le plus mortel, aussi. Jean-Yves-Édouard-Charles-Henry-Claude-Marcel éblouit Paulette tellement il était imposant et effrayant. Il tourbillonna dans les airs, arracha et déchiqueta la peluche en slip, érafla la joue et le bras de Cacagomé et finit sa course sous son menton.
– Qu’est-ce que tu fous avec sa tête comme collier ? demanda Georgette avec une voix calme et glaciale.
– Putain, toi non plus tu connais pas la politesse ! protesta Paulette.
– RÉPONDS-MOI !
– Bah c’est un connard qui a aidé les maladies, alors voilà.
Si Georgette avait été effrayante pendant quelques dixièmes de secondes, elle perdit la plus infime trace de classe pour s’effondrer en larmes.
– Ah ouais, c’est vrai que c’est ton mec. Franchement t’as aucun goût !
– Ta gueule.
Après des gentillesses de ce genre dignes d’un échange entre Maurice et Georgette, Cacagomé eu la bonne-poiritude de ramener la rouquine au QG. Quand elles arrivèrent, elles furent accueillies par euh, par rien en fait, les deux dépressifs amoureux se roulaient des pelles. Ils furent vite dérangés par les hurlement de chagrin de la rouquine. L’avantage, c’est que voir Georgette si triste remonta le moral de Maurice, et voir Maurice si heureux remonta le moral d’Alba.
– Bah alors, Jojo (ou Geogeo, écrivez ça comme vous voulez), ça va pas fort, dis donc ! se moqua Maurice le sale gosse.
Alba ayant un minimum d’intelligence, elle l’engueula. Georgette étant énervée, elle dégaina Jean-Yves-Édouard-Charles-Henry-Claude-Marcel et l’agita près du visage de son camarade, ce qui eut pour effet un rasage gratuit et presque indolore (car oui, il avait de la barbe, finalement).
Tout allait pour le mieux, les GARC fêtaient le retour de Paulette, le retour à la vie de Georgette et la victoire (au moins temporaire) sur Sadé. Ils arrosèrent ça par une bière mais la rousse elle, y noyait son chagrin, comme quoi Christobal Coolisme faisait encore des dégâts. Bref, tout allait bien, quand la canard jaune de Maurice décida d’ouvrir sa gueule, semant le chaos par la même occasion.
– Vous savez, Paulette elle vous a trahi quand elle a été chez les maladies. Elle a rapporté à tout le monde votre position et votre état et c’est une vilaine traîtresse !
Des regards noirs se tournèrent vers elle. Une bouteille de bière vide, un katana et un poing étaient près à voler dans sa direction.
– Ouais mais ils savent même pas que Georgette est vivante, d’abord !
Ça partit en engueulade générale, une véritable crise au QG. Paulette était partie avec de bonnes intentions. Elle avait été menacée d’être privée d’alcool (excuse qu’Alba comprenait parfaitement). Elle avait tué Christobal (ce qui était impardonnable du point de vue de Georgette) et elle avait insulté Maurice en le traitant de la pire insulte qui soit : taré. Le bilan, c’est que les GARC ne savaient pas quoi en faire et qu’ils risquaient de se faire attaquer à tout moment.
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