— Arrêtez de vous rouler des pelles ! Eh oh ! Y a Sadé, un membre du gang des maladies !

Dérangés par la naine Georgette, Maurice et Alba ouvrirent des yeux ronds.

— Vous ne pouvez rien contre moi ! Mouahahahaha ! s'exclama Sadé en claquant des mains.

Aussitôt... Il ne se passa rien.

— Quoi ?!

Sadé refit son mouvement de méchant badass plusieurs fois, mais elle ne réussit qu'à écraser un malheureux moustique qui passait par là.

— Nous sommes immunisés, maintenant, annonça fièrement Georgette en faisant dangereusement tournoyer Pedro.

Elle arrêta lorsqu'elle se foula le poignet à force d'essayer de paraître classe. Tout de suite, lorsqu'elle commença à jurer en se tenant la main, l'effet n'était plus le même.

— Non, comment est-ce possible ? rugit Sadé.

Désespéré, elle sortit de sa manche son atout : un ognon. Cette arme ultime eut l'effet escompté sur les guerriers de l'arc-en-ciel, qui fondirent en larmes aussitôt. Seule Paulette resta fièrement debout, mais elle finit par s'écrouler, secouée par des spasmes, en voyant cette horrible hérésie orthographique. Sadé les avait vaincu, tout semblait perdu, lorsque...

— Tu ne nous auras pas comme ça, espèce de vilaine pas belle ! s'écria Alba en se redressant glorieusement.

Elle était auréolée d'un halo curieux et scintillait de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Et surtout, il y avait des paillettes. Et puis des cœurs et des étoiles aussi. Ah, et elle flottait dans les airs, mais c'est accessoire.

Elle concentra du pouvoir de l'amitié dans sa paume et hurla :

— Pouvoir spécial de l'Arc-en-Ciel Magique : Sadé Rision !!!!

Cette attaque puissante fondit sur Sadé Pression qui, ne pouvant l'éviter comme elle était trop subjuguée par l'improbabilité et l'étrangeté de ce qui se passait, disparut à son contact. À l'endroit même où elle se tenait, son ognon tomba à terre et son pouvoir se dissipa.

Aussitôt, nos magnifiques héros en PLS recouvrèrent leurs facultés et se relevèrent. Paulette planta une aiguille de trikô dans l'ognon maléfique qui menaçait de la rendre aveugle par son orthographe catastrophique et, victorieuse, voulut imiter Georgette avec son katana, mais ne parvint qu'à s'éborgner.

— On a gagné ! s'exclama Georgette, qui en oublia presque qu'elle aurait dû profiter de la faiblesse momentanée de Maurice pour le frapper.

— Ouais ! Mais c'était quoi ça, mon ange d'amour en sucre d'orge ? interrogea Maurice en faisant allusion à cette transformation aussi ridicule qu'inattendue.

— Mmm, c'était bizarre, renchérit Georgette.

— Je... Je n'en sais rien, admit Alba en rougissant de manière très kawaii.

— Bien, en fait tout le monde s'en fout, alors je propose qu'on repasse aux choses sérieuses, suggéra Paulette qui avait à présent un patch de nicotine sur son œil endolori.

Les trois autres approuvèrent, parce que Paulette disait toujours des choses intelligentes et qu'en plus elle avait raison, ce n'était pas important de connaître la raison de la transformation d'Alba. On le découvrirait peut-être dans un autre épisode, pas besoin de s'étaler pour l'instant. Pour le moment, il était beaucoup plus intéressant de...

— Discuter des résultats de la course ! s'exclama Paulette qui, depuis qu'elle commencé à essayer de se sevrer d'alcool, entendait la voix du narrateur dans sa tête.

Les autres la regardèrent comme si elle était complètement timbrée, et ils n'avaient pas tort.

— Comment ça, ils n'ont pas tort ?! fulmina Paulette qui entendait toujours les paroles du narrateur.

— C'est évident que j'ai gagné, assena Maurice en caressant sa barbe quasi inexistante depuis le dangereux rasage de Georgette au katana.

— Pff, bien sûr que non, répliqua Georgette. C'est moi qui ai gagné !

Elle savait pertinemment que c'était faux, mais sa fierté l'empêchait d'admettre sa défaite face à Maurice.

— Nan, c'est moi !

— C'est moi je te dis !

S'ensuivit une bataille des plus féroces opposant Pedro aux legos de Maurice. Paulette contemplait cette mêlée, avec pour seule réflexion qu'elle aurait bien été se faire un Bloody Georgette à la maison.

— Oh oui, tellement ! s'exclama-t-elle en entendant cette brillante idée du narrateur. En plus la recette est simple : un peu de grenadine et beaucoup de rhum !

Son alcoolisme était si sévère qu'elle commençait même à voir en Georgette et Maurice des cocktails des plus alléchants.

— Hem, dois-je vous rappeler que c'est moi qui ai passé la ligne d'arrivée la première ? intervint Alba qui ne comptait pas se laisser marcher sur les pieds.

À ces mots, les deux adversaires s'arrêtèrent net et se regardèrent en chiens de faïence.

— Ah... lâchèrent-ils en réalisant leur erreur.

— Et puis je vous rappelle que c'est moi qui vous ai sauvés de Sadé, alors un peu de respect, que diable ! tempêta Alba.

— Oui madame...

Tandis que Maurice et Georgette se faisaient réprimander par leur amie, Paulette, qui s'ennuyait ferme et était en manque de rhum, commença à fureter dans tous les coins à la recherche d'un ersatz (parce que les mots allemands, c'est cool).

Tout à coup, elle tomba sur une bouteille de rhum. Puis, un peu plus loin, une autre. Elle suivit ce chemin balisé par des bouteilles de rhum de plus en plus raffiné, les ramassant toutes jusqu'à tituber sous leur poids. Lorsqu'elle releva la tête, elle tomba nez à nez avec...

Je sais pas, la suite au prochain épisode.

— Qu'est-ce qu'il raconte l'autre imbécile qui parle dans ma tête ?!