Je jette un coup d'oeil à mon manomètre par sécurité, encore une fois. Mon bloc est plein, je le sais donc pas besoin de s'affoler. Pourtant, cette fois mes yeux s'écarquillent derrière mon masque et ma main se serre autour de mon manomètre. Les bulles provoquées par mon expiration m'obligent à retenir ma respiration quelques secondes, juste pour confirmer que oui, l'aiguille est dans le rouge.
Je suis à trente mètres et j'entame donc les paliers pour revenir à la surface, en espérant avoir assez d'air. Mon bloc doit être défectueux, ça peut arriver. Je sais que la plongée est un sport dangereux mais je ne peux pas m'en empêcher. J'aime plus que tout naviguer au fond de l'eau, me mêler à la faune, découvrir cette flore qui, dans les coins les plus profonds, s'apparente à une nébuleuse que l'ont pourrait voir quelque part dans la Galaxie. Ces couleurs m'obsèdent, ces mouvements lents me fascinent, ce vide sans fond m'attire. Mais ce jour-là je flirte avec la mort pour remonter.
J'essaie de calmer ma respiration alors que je vois l'aiguille du manomètre descendre à toute vitesse. Je ne peux pas remonter plus vite.
Mourir ne me fais pas peur, ça fait partit de la vie, mais mourir sous l'eau, asphyxiée, noyée, me terrifie.
C'est terminé je n'ai plus d'air. Au dessus de ma tête j'aperçois la surface mais le temps me manque pour mes paliers. Tant pis, j'essaie de remonter. Je ne peux plus je sens mes jambes faiblir et mon équipement me parait encore plus lourd que d'habitude. J'ai beau tenter de prendre de grandes inspirations, rien ne sort, quelque chose bloque, comme une main qui me retient. Mon nez tente de prendre le relais mais le plastique de mon masque le bouche. Ma vue se trouble. J'abandonne et me noie.
Je me réveille en sursaut dans mon lit, en sueur. Je prends une profonde inspiration comme si je n'avais pas respirer depuis de très longues minutes. Je secoue la tête pour chasser ce mauvais rêve et me lève pour aller enfiler ma combinaison de plongée.