Chapitre 2
- Wendy... Wendy... Réveille-toi.
Me dit une personne en me faisant basculer en même temps. J'ai une bonne mémoire des visages et des voix, ce qui me permet d'émettre une hypothèse sur l'identité de la personne qui cherche à me réveiller. Cette voix ressemble à celle d'Emma.
J'ouvre doucement les yeux mais je vois flou, je les fais cligner plusieurs fois, jusqu'à ce que je voie correctement. Emma a dû voir que j'ai ouvert les yeux car elle dit :
- Ah... Tu es enfin réveillée.
Alors je m'assis et demande quelle heure il est, elle me répond : 9 heures. Je ne me suis pas rendu compte que la nuit avait passée, pour cause, je n'ai pas rêvé, mais c'est très fréquent chez moi. En revanche, je me sens toujours fatiguée, j'ai dû mal dormir.
J'ai honte lorsque mon ventre fait du bruit. En rigolant, elle me dit :
- Tu as faim, ça tombe bien, c'est pour ça que je suis là.
Je suis étonnée, et elle sourit en voyant ma tête. Puis, son sourire s'efface légèrement pour prononcer une question.
- Tu voudrais peut-être des vêtements propres, ainsi que prendre une douche ?
- J'aimerai bien, mais ne vous dérangez pas pour moi.
Je ne veux gêner personne, ils ont eu l'amabilité de prendre soin de moi lorsque je suis revenue dans ce monde. Je ne veux pas en abuser.
- Mais c'est normal. Allons dans ma chambre, ici il n'y a pas de douche, dit-elle en souriant.
- Pourquoi ?
- Ce n'est pas la chambre d'un soldat, me dit-elle sans plus de précision.
Je l'attends dans sa chambre. Elle m'a dit de prendre ma douche et de rester là pendant qu'elle irait chercher des vêtements. Quelqu'un frappe à la porte mais je ne sais pas quoi faire. Je ne vais pas ouvrir, je suis en serviette. Puis la porte finit par s'ouvrir, et sur le coup, j'ai un sursaut. J'ai même un peu peur jusqu'au moment où j'entends Emma dire à quelqu'un d'attendre un peu. Elle se dirige vers le lit et pose les vêtements.
- Je ne t'ai pas trop fait attendre ?
- Non, réponds-je poliment.
Je prends les vêtements et m'habille. Il y a un treillis noir, un simple tee-shirt blanc, ainsi qu'un fin pull gris avec « US Army » écrit sur le bras, et des rangers noirs. Je finis vite d'enfiler les vêtements. Après elle va ouvrir la porte, et Riley entre.
- Alors, bien dormi ? demanda-t-il.
Je ne peux pas répondre que ce n'est pas le cas, ce serait impoli alors je réponds que ma nuit était tranquille, mais juste après il dit que je suis une menteuse. Comment peut-il savoir ? Je ne comprends pas, puis il dit gentiment :
- Tu n'as pas besoin de mentir.
-Comment savez-vous...
- Alex m'a raconté votre conversation d'hier soir, alors ça paraissait assez évident.
N'y ayant moi-même pas pensée, je ne réponds rien. En effet, la cause de ma fatigue est sûrement due au fait que mon cerveau a cogité toute la nuit sur cette discussion.
- Bon allons-y, dit-il.
Et nous partons petit-déjeuner mais Alex ne nous rejoint pas à ma grande surprise. J'avais l'impression qu'ils étaient inséparables tous les trois.
Je me promène dans les couloirs de la base, mais au bout d'un moment, je me retrouve dans une salle très grande et très haute, mais elle était en construction. Là-bas, je vois Alex et quand je me dirige vers lui, il vient également vers moi mais continue sans s'arrêter. Il ne doit pas vouloir me parler, mais il me dit quand même en passant :
- Le Marshall t'attend dans son bureau.
Je me demande pourquoi il ne veut pas me parler alors qu'hier, c'est lui qui est venu en rigolant. Peut-être... peut-être que tout est de ma faute. À cet instant, je me sens mal, je ne veux plus faire de mal à personne et pour cela, personne ne doit m'apprécier.
Le Marshall, il faut que j'aille voir cette personne, mais qui est-ce ? Je ne sais pas non plus où est son bureau. Pendant une bonne demi-heure, je cherche, mais je finis par demander mon chemin. Et maintenant, je m'apprête à frapper à la porte, elle s'ouvre sur Riley. J'entre et il me propose de m'asseoir. Je m'exécute, tout en remarquant que le bureau est différent, il y a bien un bureau et un fauteuil, mais il y a également deux fontaines en acier, les fauteuils qu'il m'a montré ressemblent un peu à des poufs ou des fauteuils poires. Un peu plus loin, il y a un bureau standard et une chaise rappelant l'idée qu'on aurait de base. Il s'assoit à côté de moi et commence en me disant:
- Si tu es là, alors j'imagine que tu as parlé à Alex.
- On ne peut pas vraiment appeler ça parler, réponds-je.
- Donc tu ne sais rien?, demanda-t-il.
- Je suis censée savoir quoi?
- Tu dois savoir que la fusion n'a jamais marché, nous n'avons pas réussi à sauver tous ceux qui ont dû faire cette expérience.
Il me dit cela sans émotions sur son visage, sans s'inquiéter de mes réactions.
- Mais réussir cette fusion nous aiderait beaucoup. Les chercheurs pensent que toi et Alex peuvent réussir la fusion.
- Mais c'est dangereux n'est ce pas ? Il est au courant? Il est d'accord?
- Nous connaissons bien les dangers, mais nous n'avons pas le choix. Il est au courant, et il n'a pas le choix.
- Pourquoi l'obliger à le faire? Vous n'avez pas le droit, il n'a pas à prendre de risque sans raison. Je croyais que j'étais assez grande.
- C'est pour protéger son pays. La taille de votre fusion est inimaginable. Mais tu ne te soucies pas de toi, pourquoi?
- Vous n'avez pas vu, dis-je froidement.
- Qu'est-ce que je n'ai pas vu?
- Lui, il ne me parle pas. J'ai l'impression que tout est de ma faute.
- C'est vrai, je ne sais pas ce qui c'est passé tout à l'heure et pourtant, je n'ai pas le choix.
- On a toujours le choix.
- Des énormes monstres sortent de la faille !
- Ça ne change rien.
- Tu es si froide...
- Dites-moi pourquoi vous m'avez fait venir?
- J'aimerais que tu rejoignes l'armée.
En entendant ces paroles, je ne sais pas quoi répondre. Que puis-je dire ? Je ne trouve pas mes mots. Il me regarde et attend ma réponse. Je me sens tremblée. Je ne peux pas regarder alors je tourne le visage. Je veux les aider, mais je ne veux pas faire de mal à Alex. Et à ce moment, je comprends que je n'ai pas été accueilli aussi gentiment juste par politesse et générosité, mais parce qu'ils me veulent et ont, semble-t-il, besoin de moi.
- Je veux bien rejoindre l'armée mais je ne veux pas qu'on oblige Alex à la fusion.
- Nous avons besoin...
- Non ! Imaginez-vous à sa place.
- Je comprends... Alors je te laisse t'occuper de ça.
- J'espère qu'il voudra bien me parler.
- Si tu veux, je lui dirai qu'il n'a pas à t'en vouloir, me dit-il. D'ailleurs tu voudrais quelle couleur pour ta combinaison?
- Ma combinaison?
- Oui, ça permet aussi de ne pas avoir que des sous-vêtements sous l'armure, et d'être plus confortable.
Je me lève et fais apparaître mon armure pour montrer sa couleur. Je sens doucement les métaux présents dans mon corps, se resserrer au niveau de ma colonne vertébrale et percé ma peau pour sortir. Dans cet état liquide, il glisse sous mes vêtements pour sortir et prendre la forme de mon armure. Je ne la sors pas complètement, ainsi je n'ai qu'une partie de mon buste et un bras de recouvert. L'alliage se durcit, laissant uniquement les articulations de libre.
- Je la veux de cette couleur, dis-je.
- Ton alliage est magnifique... Donc ce sera blanc-gris, se reprend-t-il.
- Bon, je vais sortir un peu.
- Attends, avant je vais te montrer ta nouvelle chambre.
Donc, il partait du principe que j'allais accepter avant même que ce soit le cas, quel moyen de pression comptait-il utiliser pour me faire rester si j'avais refusé ? Quel chantage m'aurait-il fait ?
Pendant que nous y allons, il me dit que sa chambre est à côté. Celle d'Emma étant en face de la sienne, cela veut dire qu'il n'y a que Alex qui n'est pas près de nous. Je trouve cela dommage, mais on ne peut rien y faire, j'imagine. Nous arrivons enfin, il me dit que pour l'instant, il n'y a rien. Mais l'après-midi, on peut sortir pendant les permissions, donc en profiter pour acheter des vêtements et autres affaires. Il part. Je m'assis sur le lit. Le temps passe et je ne bouge pas. Je ne sais pas trop quoi faire.
Au bout d'un moment, je pars de ma chambre pour aller dehors et m'entraîner. J'essaie encore d'améliorer mon externalisation partielle, c'est le fait de faire sortir une seule partie de l'arme. En s'entraînant, nous atteignons le stade où nous portons notre armure intégralement en sortant une partie de l'arme. Ensuite, nous pouvons faire sortir l'armure seulement là où on veut avoir l'arme, j'en suis à ce stade. Et si on y arrive correctement, on n'a plus besoin de l'armure pour matérialiser un morceau de l'arme ou une arme de l'arme. Je suis en train de m'entraîner à faire apparaître un bras, et à chaque fois que l'armure apparaît, je recommence.
- Qu'est-ce que tu fais? dit une voix.
Je fais un bond et me retourne pour constater que cette voix appartient à Alex.
- Tu as eu peur? me demande-t-il.
- Un peu
- Alors, qu'est-ce que tu fais?
- Oh, euh... L'externalisation partielle, réponds-je.
- Tu y arrives, dit-il surpris.
- Pas vraiment
- Pourtant tu ne portes pas ton armure.
Je lui montre qu'elle apparaît sur mon bras quand je matérialise le bras de l'arme.
- Je comprends, enfin tu es bien avancée. Moi, même avec mon armure, je n'y arrive pas, mon arme entière apparaît.
- Mmm... Ferme les yeux, concentre-toi uniquement sur ton bras.
En entendant ces mots, il s'exécute. Son armure apparaît en première. Son arme commence à se matérialiser. Je lui rappelle de ne penser qu'à son bras, de ne visualiser que ça. Elle arrête de s'étendre et retourne se loger sous sa peau, sauf pour ces bras. Il ouvre les yeux et sourit en les regardant. Puis, il vient vers moi et me serre fort.
- S'il te plait, tes bras, j'arrive plus... À respirer...
- Ah, désolé, dit-il en me lâchant.
- Ce n'est pas grave, tu n'aurais pas réellement pu me faire du mal.
- Merci, vraiment.
- De rien.
- J'imagine que tu sais pourquoi je suis là ? C'est léger, dit-il ensuite plus pour lui-même.
- Tu as parlé à Riley? Dis-je.
- Il est venu me voir.
- Je te laisse choisir si tu veux faire la fusion.
- Mais ce n'est pas moi qui choisis, dit-il étonné.
- Maintenant si.
- Et toi, tu veux essayer?
- Moi ? ça ne dérange pas, je ne suis pas celle qui risque le plus.
- Alors je la ferai, dit-il solennellement. Tu sais, pour fusionner, il faut se connaître un peu. Les affinités mentales seraient aussi importantes que les affinités physiques.
- Ah...
- Oui, les derniers à avoir le taux le plus élevé de réussite étaient des jumeaux. Ils étaient génétiquement identiques, ils avaient la même vie, et ils s'entendaient à merveille.
- Alors que veux-tu savoir?
Il va s'asseoir sur le bord de la plateforme en métal, là où il y a l'eau, alors je fais de même.
- Commençons doucement, dit-il.
- D'accord, réponds-je.
- Mmm... Quel âge as-tu?
- 20 ans et toi?
- 21 ans, tu as dit que tu étais dans l'autre monde mais qu'avant tu habitais ici?
- Oui, un monstre m'a emmené dans l'autre monde.
- Pourquoi t'a-t-il emmené?
- Je ne sais pas, ils ne me l'ont jamais dit.
- Avant d'aller dans l'autre monde, j'imagine que tu avais une famille, des amis...
- Je ne sais pas trop, dis-je en soupirant, comme je l'ai dit, tout est flou.
- Oh... Je pense que tu m'as assez parlé de ton passé, dit-il précipitamment.
- Alors parle-moi de toi.
- Ma mère m'a élevé seul, je n'ai ni frère, ni sœur. Je n'ai pas connu mon père, la seule chose que je sais, c'est qu'il faisait partie de l'armée.
- Faisait ? Il est mort.
- Je ne sais pas, un jour, il est parti en missions et ma mère ne l'a jamais revu.
- La pauvre.
- Mm... Je me dis que c'est peut-être à cause de ça que j'ai rejoint l'armée, pour me sentir plus proche de lui.
Il me parle de ses amis, de ses petites amies aussi. Moi, je lui explique que je n'ai jamais eu de petit ami. Il me dit que c'est compréhensible et il me raconte plein d'autres choses sur lui.
Le temps passe, nous sommes l'après-midi et une attaque vient de survenir. Le monstre est de taille moyenne, c'est Emma qui doit aller se battre. Alors elle part se transformer. Je la vois se battre avec difficultés. À son départ, j'avais déjà remarqué qu'elle ne se sentait pas bien. Alors je veux aller l'aider, mais il refuse, trouvant tout un tas d'excuses qui ne valent rien. Je finis par partir sans autorisation.
Je la trouve allongée sur le sol, elle n'est plus transformée. Elle doit avoir pris trop de coup. Le monstre se dirige vers la ville lorsque je l'arrête. Il est beaucoup plus fort que je ne le pensais, mais je finis par lui trancher la gorge avec une épée après lui avoir donné plusieurs coups de poing.
Je retourne chercher Emma pour la ramener à la base. Ils sont obligés de l'opérer, elle a plusieurs côtes brisées. Riley vient me voir et veut me parler mais je ne réponds pas. Mais à force d'insister, je lui crie : "Elle aurait pu mourir!". Je pars dans ma chambre les larmes aux yeux, je me sens mal de lui avoir dit ça. Pourtant, je le connais à peine, mais j'ai l'impression que quelque chose me pousse à me rapprocher de lui, ce qui est impossible ! Sur mon lit, je n'arrête pas de pleurer. J'entends frapper à la porte mais je ne veux voir personne, je ne veux pas que l'on me voie dans cet état. J'entends Riley dire : "Allez, s'il te plaît, ouvre-moi, j'ai... on a besoin de toi". Je réagis à ces paroles mais je ne veux pas lui ouvrir pour autant. Cependant il insiste : - Je comprends que tu m'en veuilles mais je voulais te protéger." Je me lève, et je vais ouvrir la porte pour lui répondre :
- Pourtant le fait qu'elle se fasse tuer n'avait pas l'air de te déranger.
- Tu crois que ça me fait plaisir de laisser quelqu'un mourir, j'aurais pu envoyer quelqu'un !
- Mais tu ne le faisais pas alors comment je suis censé te croire ?
Il n'a pas l'air de savoir quoi répondre, mais je m'effondre en regardant son visage qui montre une expression de tristesse et de pitié.
- Tu ne peux pas comprendre, moi, j'ai perdu ma famille, ils sont morts de cette façon, dis-je en pleurant si fort que toutes les personnes qui passaient ne peuvent s'empêcher de me regarder en montrant Riley du doigt.
Il m'aide à me relever et me prend dans ses bras pour me réconforter, il n'arrête pas de s'excuser. Je vais m'asseoir sur mon lit tout en séchant mes larmes, il ferme la porte avant de me rejoindre. Il me demande :
- Ça ira?
- Oui, je peux te poser une question?
- Bien sûr, dit-il en me souriant.
- Ça t'est déjà arrivé de ne pas pouvoir t'empêcher de te rapprocher de quelqu'un?
- Eh bien, que je me souvienne, non, mais c'est sûrement parce que tu aimes cette personne, que tu ne veux pas la perdre, enfin après ce n'est que mon avis.
-D'accord.
Sur ces mots il part en me faisant un signe de la main. Mais grâce à lui je comprends enfin ces sentiments. Du moins, je le crois.
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