Le Sang pour seul souverain.

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Une nation. Une armée. Un étendard. Un conflit. Une guerre. Un front.

Et des milliers d'hommes prêts à sacrifier leur vie pour les convictions auxquelles ils sont attachés et que le parti adverse a remis en question. Prêts à défendre leurs compagnes, filles et fils. Au nom d'une même patrie pourtant.

La mort soudaine de toute la famille royale a semé le chaos jusqu'au plus profond du royaume. Les maisons nobles ont forgés alliances sur alliances en passant par les intérêts et la foi commune jusqu'à la corruption et les pots de vin. Les temps troubles mettent la morale humaine à rude épreuve. Souvent hélas, elle échoue.

Chaque seigneur se tient à dos de destrier devant son bataillon. Douze nobliaux arrogants persuadés que lorsque leur camp aura vaincu l'autre, ils monteront sur le trône et régneront légitimement et mieux que quiconque avant eux. Derrière eux, des lignes et des colonnes de soldats à cheval, les uns comme les autres couverts d'épaisses armures de fer. Leurs chevaux ne sont ni fins, ni lancés. Ils sont puissants afin de supporter le poids imposé par leurs maîtres et pouvoir les porter au combat. Le bruit des coups de sabots nerveux sur le sol résonne lourdement à travers les rangs. Les montures sentent la pression de l'adrénaline fusant dans le cœur de leur cavalier.

En bout de colonne se tient un jeune étalon noir de jais plus bas de garrot que les autres chevauché par une silhouette armurée de petite stature vis à vis de celles des autres. L'ironie du sort voulu que le seigneur d'une maison décède la veille laissant place à son aîné, bien trop jeune pour se trouver ici à la tête des fidèles de son père. Mais s'ils l'étaient à l'un, ils le sont à l'autre. Ses yeux ambrés fixent deux hommes envoyés en émissaires par traditionalisme car nul ne reviendra sur la décision de régler ce conflit politique par les armes ici et maintenant.
L'attente se fait longue, les secondes paraissent comme des minutes, les minutes comme des heures alors que les émissaires échangent brièvement en contrebas des dunes. Tous savent que la bataille qui se déroulera sur ces steppes sera sanglante, décisive et lourde de conséquences.
Un soldat posté derrière le jeune seigneur avance sa monture de quelques pas lentement pour venir à son niveau et lui glisser quelques mots en tâchant de capter son regard figé d'angoisse au centre de la scène.
-Tout va bien, Monseigneur ?, lui demande-t-il de sa voix rocailleuse étouffée par son heaume.
- Naturellement, lui répond promptement son interlocuteur en essayant de montrer de l'aplomb alors que ce simple mot est dénoté par le tremblement de sa voix juvénile encore.
- Restez près de moi. Je serai votre bras armé, lui affirme son aîné avec franchise.
- Votre dévotion vous honore, Baron, répondit son seigneur en acquiesçant.
- Vous êtes le Comte, c'est normal.

Puis il retourne à sa place en faisant doucement reculer son destrier, tout deux suivant des yeux leur émissaire s'éloignant alors de l'autre au galop pour regagner leur armée. Les cors retentissent alors en laissant échapper deux notes sombres et plaintives. Posant alors la main sur leurs armes pour les dégainer à l'unisson dans un frottement de lame métallique.

Le son profond et mélancolique des cors s'estompent, le dernier écho se meurt et laisse place à un silence bref. S'élèvent alors les cris de guerre tandis que le tonnerre des milliers de sabots martelant le sol rythme cette descente vers l'Enfer.
Le Comte s'élance alors à flanc de colline en brandissant son épée. Ses hommes aux montures plus vigoureuses, le dépassent après quelques enjambées. Trois d'entre eux cependant resteront à ses côtés, l'encadrant. En face, la ligne de cavaliers avance à leur rencontre telel une vague déferlante s'élevant de mille voix, son écume acérée s'apprêtant à griffer le flanc d'une falaise cherchant à lui résister. L'image prit l'esprit du jeune seigneur l'espace d'une seconde. Les prêtres lui avait dit qu'il serait le roc, qu'il s’élèverait fièrement au dessus des Hommes et qu'avec le temps et la sagesse, il bâtirai un royaume aux fondations plus robustes que les montagnes. Il devait devenir l'inébranlable. En ce jour fatidique, tout en lui semblait chavirer au gré du galop effréné de son étalon. Il se voyait comme la falaise, forte et menaçante mais que la houle océanique effritait un peu plus à chaque impact.

Il subit la violence du sien en revenant de cette fraction d'égarement. Un chevalier du parti adverse s'était glissé à travers ses hommes pour se ruer dans sa direction. Sa lame pointant vers les cieux, son regard fixant son objectif, il s'apprêtait à l'abattre au moment où le jeune sire revint à lui. Il tire alors vivement sur ses rennes pour ordonner à sa monture de faire un écart du côté droit en se cambrant à moitié. Le cheval baie de l'offenseur percute le sien, la lame fendant l'air pour heurter son bouclier et frapper le flanc du destrier noir. L'un de ses protecteurs dans la foulée envoie un vif coup de taille à l'agresseur de son seigneur qui en sera désarçonné. Sans même s'inquiéter de savoir si son coup est fatal, le défenseur martèle les flancs de son équidé qui lentement piétinera sa victime. Le métal de l'armure plie sous le poids du chevalier et de son porteur qui, s'il n'était pas mort, finira étouffé, les poumons écrasés. Le Comte son sauveur échangent un regard. Il lui adresse un signe de tête reconnaissant et reporte son attention sur la bataille.

Le Baron à sa droite est aux prises avec l'ennemi, des adversaires semblant plus féroces à chaque fois qu'il se débarrasse de l'un d'eux. Il pare une taille d'un revers de bouclier, l'acier tintant sous le choc, et riposte d'un estoc visant la jugulaire en vain, le cheval de son adversaire ayant ajouté un pas de distance entre eux rendant son allonge insuffisante. Son échec lui vaut d'encaisser un coup brutal sur le bras porteur le forçant à laisser échapper un cri guttural de douleur alors que son arme lui échappe. Loin de se laisser décourager, il vient davantage au contact, son bouclier assailli par les frappes puissantes de son opposant. Dans un élan de bravoure ou d'inconscience, il baisse soudainement son écu et saisit dans la sienne la main empoignant fermement l'arme ayant meurtri son égide. Dans un râle de rage, son regard furieux fiché dans celui prit de surprise lui faisant face, sa prise tient avec force l'entrave ainsi menée.

- Renoncez, Vicomte !, lui lance-t-il entre ses dents.
- J'ai hâte de vous mettre à genou, Baronnet !, lui rétorque son adversaire avec rage.

Le Baron lance alors un regard d'une fraction de seconde par dessus son épaule et l'empoigne davantage, appuyant son écu contre celui de son adversaire pour le maintenir à plus de distance alors qu'il lui répond.

- Et j'avais hâte à ce jour, hérétique !

Puis il le repousse par la force de ses deux bras et rapidement saisit ses rennes pour ordonner à son cheval un vif écart alors qu'enfin libre, le Vicomte abat sa lame dans sa direction en vain. L'un dégagé et hors de porté, l'autre se redressant suite à sa frappe hasardeuse, il n'aura que le temps d'écarquiller les yeux sous son heaume qu'un chevalier à l'allure fine et vêtu uniquement d'une côte de maille sans plastron ni épaulettes heurtera son destrier en plantant net sa lame dans sa gorge. Le Vicomte s'effondre sur le sol en glissant lourdement de sa monture alors que la vie quitte son regard stupéfait.

Le chevalier fait demi-tour d'un coup de rennes et s'oriente vers le Baron qui lui sourit, l'air complice.

- Je vous l'avais dis, monseigneur !, lui dit le chevalier d'un air ravi et fier de sa manœuvre. Plus de vivacité que de puissance !
- Contrairement au Vicomte, vous avez la tête sur les épaules écuyer !, lui envoie le Baron avec humour alors que tout deux viennent se heurter les poignets dans un fracas métallique, l'un tenant son épée, l'autre le poing serré.

Rapidement, ils sont rejoints par des confrères qui resserrent les rangs devant lui alors qu'une vague adverse les assaille. Le fin chevalier reste en retrait, attendant une nouvelle ouverture propice à un assaut soudain et meurtrier de sa part tandis que le Baron cherche son seigneur du regard en laissant la ligne de défense devant lui en toute confiance. Il dégaine une épée jusqu'alors fichée sur le flanc droit de son cheval et de deux coups secs de talon, rejoint son jeune maître après que ce dernier ai évité un assaut de charge et un coup de taille dans cet élan en se baissant à ras de monture. Un second assaillant le charge, il lève son bouclier et encaisse la frappe non sans subir la douleur du choc brutal. Il n'a qu'à peine le temps de baisser son bouclier dans le but de riposter que le destrier du Baron vient percuter celui de son adversaire de plein fouet. D'un revers de bouclier suivant l'impact, le massif combattant désarçonne le gaillard qui, sous le poids exagéré de son armure, restera fiché au sol. Le souffle court, impuissant, sa survie est compromise.

- Monseigneur !, l'apostrophe-t-il alors en faisant faire volte face à sa monture pour se retrouver en sens contraire.
- Je vous en dois une, Ba..., sera-t-il interrompu.
- Baissez vous !!, hurle son interlocuteur en saisissant sa lame à deux mains et tambourinant les flancs de son cheval.

Sans réfléchir, le Comte se jette contre l'encolure de son destrier. Il ne vit pas ce qui au dessus de lui se passa. Il n'entendit que le bruit aiguë de l'acier contre l'acier plusieurs fois. Il pu deviner si les frappes tombaient sur une égide, une partie d'armure ou le fil d'une autre lame sans en savoir la teneur exacte cependant. Au milieu de la cohue général, il pu en cet instant pourtant percevoir les battements de son propre cœur semblant vouloir échapper au chaos destructeur qui régnait sur le champ de bataille. Une main l'agrippe alors par l'épaule, il se redresse avec stupeur en amorçant de se dégager en levant son bras armé mais se fige. Le Baron lui fait face et semble soudainement à l'agonie.

- Vous... vous allez bien ?, lui demande ce dernier alors que la main sur son épaule pèse de plus en plus lourd.
- Et vous même ?, lui demande le jeune homme en scrutant son regard à travers les fines ouvertures du heaume.
- Je... crois...

Le chevalier massif se laisse alors emporter par la torpeur d'une vie qui s'éteint et glisse lentement de sa monture pour heurter le seul dans un bruit sourd.

- Baron !!, s'exclame le Comte en descendant maladroitement et avec peine pour poser le pied à terre et se ruer vers celui qui toujours fut son mentor. Abandonnant ce casque bien trop lourd pour lui, il essuie la sueur brouillant sa vue d'un revers de manche en vain, il se jette à genou près de son vassale, le désespoir enserrant son cœur de chagrin en voyant le sang bouillonner hors de sa carotide. Lâchant son épée sur le sol près de lui, il ôte le heaume du Baron et le contemple sans savoir que faire ni comment pour l'aider.

- Dites moi ce que je peux faire ! Qu'est ce que je peux faire, mon ami ?! Parlez je vous en prie !, le supplie-t-il en apposant machinalement les mains sur la plaie béante après les avoir dégantées précipitamment.

Les lèvres du Baron tremblent alors qu'il empoigne le bras du Comte. Ce dernier l'observe l'air hagard, des larmes coulant à flot sur ses joues noircies de poussière terreuse.

- Ne m'abandonnez pas...

L'étreinte sur son bras se relâche lentement. Le Baron laisse sa tête enfin reposer sur le sol dans un dernier soupire.

- Non... Non... Non !!, hurle le survivant en muant sa peine en colère débordante.

Il se relève alors en ramassant son épée et, de sa main libre, défait les boucles de son plastron pour le laisser tomber à ses pieds. Il retire ses brassards et les jette au sol avec rage en fixant à quelques mètres devant lui un chevalier adverse se positionnant avec l'intention de charger en sa direction. L'effervescence de la bataille semble retomber lentement autour de lui mais il ne le remarquera pas. Il saisit son arme à deux mains et laisse le cavalier se ruer sur lui au galop. Avant l'impact, il se baisse et plante un estoc sec dans le buste du canasson qui s'effondre dans sa course. Le Comte court à sa suite et comble rapidement la distance entre eux pour venir achever son adversaire avant même qu'il ne se relève.

Sans pouvoir se satisfaire de cette victoire, le bruit de l'acier capte son attention derrière lui. Un nouvel assaillant à pied cette fois abat sa lame dans sa direction ne lui laissant que le temps de reculer vivement en manquant de se faire égorger d'un vif coup de taille sifflant dans l'air. Sa riposte est prompte, profitant de l'élan de son adversaire l'emportant en avant durant son assaut pour brandir sa lame à deux mains au dessus de sa tête et l'abattre sur sa nuque en y mettant toute sa force. Le corps tombe sans vie. La lame n'a pas pu briser la maille couvrant son assaillant mais les cervicales sont rompues.

Réussite dont le goût aurait pu être doux s'il ne s'accompagnait pas d'un heurt violent dans son dos alors qu'un cheval passe à côté de lui en le bousculant. Dans le mouvement, ce nouvel adversaire a tenté de lui trancher la tête sans prévoir que le jeune homme percuté fera une chute salvatrice non sans essuyer une estafilade profonde au dessus de l'oreille en descendant sur sa pommette où se dessine rapidement un sillon ensanglanté. Le Comte se redresse en secouant la tête pour retrouver rapidement ses esprits et articule son bras porteur où le choc fut le plus rude. Il regarde son adversaire dont la monture fait quelques pas de galop de plus avant de se tourner vers lui.
Là, il l'attend.
Resserrant à nouveau la poigne autour de la garde de sa lame, son regard déterminé fixant le cavalier, il imagine l'attaque à venir et la faille qu'il exploitera. La vélocité de la course offerte par le destrier et la puissance de la frappe d'un adversaire en contre-haut ne lui donne pas d'autre choix que de mettre fin à ce combat dans l'instant qui suivra. S'il dure davantage, il ne pourra que se défendre jusqu'à succomber d'épuisement.

L'encolure du cheval regorge d'écume s'échouant sur la côte de maille le recouvrant alors que son membre antérieur frappe le sol à plusieurs reprise. Son sabot ferré semble faire trembler la terre alors que le temps ralentit dans l'esprit du jeune seigneur. Son souffle se fait audible et résonne en écho à travers les steppes. Le rythme effréné de son cœur ralentit amplement alors que ses mains nues et échauffées par le contact de la garde couverte de cuir ignorent toute douleur en enlaçant l'arme au fil émoussé par le combat maintenant.
L'assaillant tambourine les flancs de sa monture qui reprend son galop dans un rythme sourd à trois temps martelant le sol. Le Comte décale lentement une jambe en arrière pour faire front et tenir d'aplomb face au choc à venir. Son opposant lève son arme. La frappe sera de taille oblique, fondant vers son crâne nu. Une évidence prévisible. Facile à anticiper.
Le noble fait suivre à sa lame le mouvement de son épaule alors qu'il se baisse vivement et s'étire de tout son long. Le fil aiguisé de la lame adverse frôle le sommet de son crâne en coupant net quelques mèches de cheveux tandis que la pointe de la sienne se fiche entre la cuisse et la selle du cavalier en s'arrachant de ses mains rougies par la friction.

Désarmé, le jeune homme se retourne d'un air incertain, fébrile et tremblant face à ce moment décisif porté par l'adrénaline. La rage laisse place à la peur, il sent ses membres s'engourdir, l'écu ficelé à son bras le forçant à le baisser contre son corps tant le poids de l'acier lui pèse alors. Le cheval termine sa course plus loin au trot puis au pas et ne s'arrêtera pas, continuant sa route alors que son maître s'échoue sur le sol, la claymore du jeune seigneur enfoncé dans son aine d'où le sang se mit à suinter lentement ornant toute la longueur de la lame d'un écarlate splendide.

Le Comte se laisse choir, accablé par le poids de la bataille. Là, à genou sur le sol, il baisse la tête et ne trouve même plus la force de pleurer. Ses muscles encore tendus par un tel saccage, son esprit pose sur la terre ravagée un regard vide alors qu'il contemple l'horreur à l'état brut. Il n'entendra pas le silence de la plaine et ne réalisera pas la fin de la bataille, espérant presque que quiconque mette fin à ses jours ici et maintenant pour échapper à ce cauchemar. Mais nul n'y fit. La douleur le gagne progressivement. Il le réalise alors qu'il caresse doucement la terre meuble du bout des doigts sans s'en rendre vraiment compte. La simple articulation de ses doigts faisant souffrir son bras si lourd, il renonce à tout mouvement.

Sa respiration reste calme et lui la tête basse jusqu'à ce qu'une sensation froide et humide ne vienne s'apposer sur son front. Il lève soudainement la tête avec un mouvement de recul terrifié, tombant sur le postérieur en reculant à l'aide de ses jambes et appuyé sur ses bras.

-N'ayez crainte, monseigneur, cette bataille a prit fin, lui dit alors une voix somptueuse.

Son regard affolé contemple alors un fin visage féminin aux traits anguleux dessinant un menton à la pointe prononcée, évasée et adoucie par une mâchoire plus large harmonisant l'ovale du visage sous des pommettes relevées d'un sourire éprit de compassion dessinant deux fossettes de part et d'autre de jolis lèvres accompagnant un regard si bleu que le ciel d'été parsemé de rayons de soleil devint pâle alors que sa chevelure lâche et broussailleuse ondulait au gré du vent traversant le couloir des dunes.

- Ai-je trépassé ?, interroge le Comte toujours abasourdit.
- Je vous demande pardon, sire ?, demande la jeune femme et trempant le morceau de tissu qu'elle avait appliqué plus tôt sur le front de son aîné dans un petit seau d'eau pour l'essorer en serrant le poing autour.
- Je..., il porte alors la main à son front et le frotte vivement, je croyais être mort, lâche-t-il dans un soupire las.
- Vous vous êtes couvert de gloire aujourd'hui, monseigneur, lui souffle-t-elle avec tendresse après s'être rapproché pour essuyer à nouveau le sang sur sa tempe tandis qu'il admire le léger sourire sur ses lèvres charnues en se laissant bercer par le timbre élégant de sa voix.
- De.... de gloire ?, lui demande-t-il en posant doucement sa main sur son bras pour qu'elle cesse.
- Oui, seigneur. Le comité de témoins arpente la plaine à la recherche de survivant mais dans l'instant, vous êtes le seul.
- Le... le seul... le seul survivant... en vie ?, continue-t-il de questionner, totalement perdu.
- Il vous faut reprendre vos esprits, monseigneur, dit elle en approchant doucement une gourde d'eau de ses lèvres après l'avoir détachée de sa ceinture. Buvez, je vous prie. Vous devez faire face.

Il prendra de longues gorgées, l'eau fraîche glissant le long de son œsophage non sans lui faire pousser un léger soupire d'aise presque inconvenant bien que ni l'un, ni l'autre ne s'en inquiétera sur le moment. La jeune femme lui laissa la gourde alors que ses deux mains l'enlaçaient et reprit son entreprise pour estomper le sang sur sa joue cette fois. Puis elle reprit.

- La folie de ce monde cesse à présent. Vous allez œuvrer à sa stabilité, comme il est convenu, n'est ce pas ?

Elle semble vouloir se rassurer. Le Comte baisse la gourde et ne lui répond pas de prime abord. Son regard effaré parcours la campagne qu'il y a quelques heures encore était luxuriante et constate les affres de la tyrannie du genre humain une fois son paroxysme atteint.

- Je pense oui., finit-il par lui dire sans vraiment s'en rendre compte tandis que la foule se massait autour de lui.

Il parcours alors du regard le groupe de citoyens* l'entourant alors qu'un homme à peine plus âgé que lui passe son bras autour de ses épaules pour l'aider à se lever.

- Vous me pardonnerez cette audace mais il le faut, monseigneur, lui dit il en l'emmenant sur un rocher en contre-haut afin d'être vu par la petite foule témoignant de l'issue du conflit.

Il le laisse là, à la vue de tous. Le jeune homme épuisé, à bout de force, la respiration lourde et se sentant quelque peu vaciller lève son épée en oblique vers les cieux en signe de triomphe. L'homme descendu du promontoire s'exprime alors d'une voix puissante.

- Le roi est mort ! Longue vie au roi !

Et tous posèrent se proternèrent.

* - le mot « sujets » ici devrait être utilisé mais afin de relever le défi du 14 juillet obligeant l'utilisation de certains mots composant la Marseillaise, l'anachronisme est de bonne augure. 1 texte. 2 défis.

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