Park Paseo Lane, Los Angeles

Mary Sakamura se réveilla un peu plus tard qu’à son habitude. Elle sentit la présence de Steve dans son lit et fit en sorte de ne pas le déranger en se levant. Elle avait dormi nue, ce qui lui arrivait rarement lorsqu’elle était seule, ou alors après une soirée trop arrosée. Elle ramassa un T-shirt qui trainait sur le dos d’une chaise et se dirigea vers la salle de bains. Elle fit couler la douche, très chaude, jusqu’à ce que la vapeur envahisse l’espace, puis se glissa sous le jet presque brulant. Ce rituel lui était nécessaire pour se sentir pleinement éveillée. Lorsqu’elle revint dans la chambre, Steve était assis, le dos contre la tête de lit, les yeux encore pleins de sommeil.

« Bien dormi ? demanda Mary.

— Quelle heure est-il ?

— Presque sept heures. Je vais faire du café. Tu voudras des œufs ?

— Dans cette tenue ?

— Quoi ? Qu’est-ce qui ne va pas ?

— Ce T-shirt est tellement court que je vois bien que tu n’as rien dessous.

— Ça n’avait pas l’air de te déranger hier soir, répondit Mary en riant. Tiens, je l’enlève. »

La jeune femme fit voler le vêtement en direction de son amant et se rapprocha du lit.

« Comme ça, c’est mieux ? dit-elle en prenant ses seins à pleines mains.

— Hum, je peux me passer des œufs, répondit Steve en lui attrapant le bras, et je prendrai le café au bureau. Ça nous laisse un peu de temps. Regarde, fit-il en tirant le drap, on peut se passer des préliminaires. »

Vingt minutes plus tard, Saka parcourait les messages de la nuit sur son mobile. Elle prit un post-it et nota l’immatriculation communiquée par Nash.

« Tu as eu un extra ce matin, tu m’en dois un en retour. J’ai une autre immat’ pour toi. Une Dodge Charger, voilà le numéro.

— Je t’appelle dès que je suis au bureau. »

Steve parti, Saka passa dans la pièce qui lui servait de bureau. Même si elle partageait un local avec Nash, elle avait un espace privatif où elle appréciait de se retrouver pour travailler sans influences perturbatrices. Elle était équipée de plusieurs ordinateurs ainsi que de dispositifs lui permettant de naviguer sur toutes les zones de l’internet sans laisser de traces. La machine sur laquelle étaient stockées ses données les plus sensibles n’était pas connectée au réseau, la détective les transférait régulièrement d’un serveur à l’autre à l’aide d’une clé cryptée. Sa première tâche de la journée était d’identifier les entreprises domiciliées à proximité des coordonnées fournies par Nash. Elle reporta les chiffres sur une application de cartographie. Le point correspondait à une zone de parking, sur le port de Long Beach. Sur la vue satellite, on distinguait une dizaine de voitures qui pouvaient être associées à trois bâtiments, assez vastes pour servir d’entrepôts de transit. Des containers isolés étaient également visibles sur l’image.

Mary passa sur le site de l’autorité portuaire. Un plan permettait d’identifier les différentes zones du port avec leurs spécialisations. Celle qui l’intéressait était décrite comme étant dédiée aux transit de marchandises sèches. Le nom de plusieurs sociétés était cité. Elle les nota avec l’intention de croiser ces informations avec celles de sites d’information financière. Au bout d’une heure, après avoir éliminé toutes les entités rattachées à de grands groupes internationaux, il lui restait une liste de trois noms, Californian Maritime Company, King Trading Corp et Chance International Overseas. Elle regarda l’heure au bas de son écran. Neuf heures dix, il était grand temps de retrouver Nash et de partager ces informations.

Pendant qu’elle achevait de s’habiller, elle entendit le son d’une notification sur son mobile. Le message provenait de Steve.

« Dodge Charger 2021, couleur noire, propriétaire : Jack Russo, 47 Newmeadow, Irvine Californie. »

Elle fit suivre l’info à son partenaire, en ajoutant les noms des trois sociétés.