Un deal

3 minutes de lecture

Fraser Avenue – Signal Hill – San Pedro, Los Angeles

Nashoba White occupait un logement modeste dans East Los Angeles, à proximité de la grande gare de triage de l’Union Pacific. L’ambiance sonore du quartier était rythmée par les coups de sifflets des locomotives et le ronflement des diesels. De ses ancêtres, Nash avait gardé le détachement à l’égard des biens matériels, seule sa moto faisait exception. La petite maison de Fraser Avenue n’était rien d’autre qu’un endroit pour dormir, qu’il pourrait sans regret quitter du jour au lendemain si la nécessité le réclamait. Il passait le plus souvent ses soirées dans des bars, cultivant un réseau de contacts dans les milieux les plus divers, affaires, show business ou d’autres plus interlopes. Pour ce soir, il avait préféré rester chez lui. Il attendait un appel de Marco Riccio et tout de suite après, il lui faudrait reprendre la discussion avec Doyle. Le premier appel arriva un peu avant sept heures. L’homme de Vegas souhaitait le rencontrer rapidement. Nash proposa l’adresse d’un bar près de Signal Hill. Les deux hommes s’y retrouvèrent trois quarts d’heure plus tard.

« Nous avons réfléchi à votre proposition, engagea Riccio rapidement. Nous souhaitons récupérer notre marchandise au plus tôt. Nous avons des clients qui commencent à s’impatienter.

— Ceux qui la détiennent actuellement ne sont pas fermés à la négociation. Ils attendent que je leur transmette une proposition de votre part.

— Mon mandataire à Las Vegas ne veut pas impacter sa marge. Les frais devront être supportés par le responsable de ce fiasco. Compte-tenu de la situation, nous estimons que vingt pour cent constitueraient une commission acceptable, mais nous préférerions que vous fassiez une première ouverture à quinze.

— Je vais donc rapporter cette offre à l’autre partie. Doit-on parler de cash ?

— Oui, bien entendu. Un dernier point, Monsieur Nash, quel est votre rémunération dans ce deal ?

— Comme je vous l’ai dit lors de notre premier contact, Leonardo Giordano s’est assez mal comporté à l’égard de mon ami. Je devrais, pour être plus précis, dire qu’il a envoyé ses hommes de main pour agresser cet ami. Je veux simplement être certain que cela ne se reproduira pas. Si, en plus de ça, j’ai réussi à gagner votre confiance, peut-être pourrons-nous faire de nouvelles affaires ensemble.

— Si nous récupérons notre marchandise dans les conditions que nous venons d’évoquer, je vous garantis que votre ami ne sera plus importuné. »


Sans surprise, Sam Feelgood était fidèle au poste dans son bar. Quand Nash entra dans la pièce du fond, une jeune femme brune était à califourchon sur les genoux du tenancier, le chemisier largement ouvert sur son opulente poitrine. L’Indien toussota pour annoncer sa présence. Sam congédia sa partenaire avec une claque sur les fesses moulées dans un mini-short de jean.

« J’ai une réponse pour Doyle, tu peux le contacter ?

— Pas de problème, le temps que je l’appelle, va voir Sally au bar, elle te servira une bière et d’avantage si tu le souhaites. »

Nash eut le temps de boire plusieurs bières avant que le biker n’arrive, accompagné de ses sbires. L’accorte serveuse lui avait plusieurs fois fait les yeux doux, mais il n’avait pas cédé à ses avances. Un autre soir, peut-être. Doyle et Nash se dirigèrent vers la petite salle. En les voyant entrer, Sam salua Doyle et sortit avec les hommes qui jouaient au billard.

« Bon, Sam me dit que tu as une offre à nous faire. Je t’écoute.

— Mon mandant est prêt à vous verser 75.000 dollars, il souhaite récupérer la totalité du chargement.

— Certains frères y ont gouté, il manquera quelques flacons, plaisanta le biker. 75.000, selon mon estimation, ça fait à peu près quinze pour cent de la valeur au prix de gros. C’est un peu juste. On aurait plutôt attendu 100.000, en plus ça fait un chiffre rond !

— 85.000 en cash, ça vous irait ? relança Nash.

— En cash, bien entendu, on ne va quand même pas vous filer nos coordonnées bancaires ! Si tu montes jusqu’à 90.000, on a un deal. »

Nash se sentit soudain libéré d’un gros poids. Il restait encore à mettre au point les modalités de l’échange, mais le plus dur était fait. Il hésita à appeler Mike, mais préféra attendre que tout soit bouclé. Demain, Chance reprendrait ses médocs et Mike serait de nouveau libre de ses mouvements.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Eros Walker ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0