Coup monté
Main Street North, Los Angeles
Sans surprise, Saka était déjà au travail lorsque Nash arriva au bureau. L’odeur du café frais embaumait la pièce. Juste le temps des salutations et l’Indien revenait avec un mug fumant. Mary leva les yeux de son écran pour écouter son partenaire qui s’était installé dans le fauteuil faisant face à son espace de travail.
« Ils sont revenus, déclara Nash. La fille, Wendy quelque chose…
— Wendy Lord, précisa Mary.
— C’est ça, et le gars, Lino Marconi, je crois. Ils se sont pointés au Catalina hier soir, Mike y jouait.
— Je sais, tu m’as téléphoné, je te rappelle. C’est ce qui s’est passé après qui m’intéresse.
— Josh et Tom, les gros bras de Sam Feelgood, les ont suivis sur le trottoir quand ils sont sortis et ils les ont mis en garde. Ils ne les ont pas vraiment touchés, ou alors juste un peu, pour le principe, je ne sais pas, je n’y étais pas.
— On ne va pas les plaindre !
— La fille a semblé réellement effrayée. Le mec, n’a pas été impressionné, c’est un pro, mais il n’a pas aimé qu’on parle de sa femme et de ses mioches, surtout devant la secrétaire. Je serais pas surpris qu’ils aient une liaison.
— Et alors, demanda Mary impatiente.
— Les bikers leur ont dit de ne pas réapparaitre dans l’entourage de Mike, sous peine de représailles. Ils ont l’air d’avoir pigé le message.
— Mais… parce qu’il y a un mais, n’est-ce pas ?
— Lino a dit que Leonardo ne renoncerait pas, même sans eux.
— Il faut donc qu’on trouve quelque chose pour le mettre hors circuit, déclara Mary.
— Tu as toujours des contacts au LAPD ? demanda Nash.
— Tu veux vraiment jouer ce jeu là ? C’est un peu risqué, non ?
— On peut aussi le descendre, mais c’est encore plus dangereux, répliqua Nash.
— Je ne sais pas, on risque d’avoir toute l’Organisation sur le dos.
— Il ne s’agit plus de Chance, mais de Giordano lui-même. Supposons que les flics l’arrêtent avec une quantité significative de came dans sa voiture ?
— Il saura que c’est un coup monté et préviendra son père.
— Vu comment Riccio m’en a parlé, je ne sais pas si Papa se mouillera pour le sortir des ronces. Si ça ne marche pas, il sera toujours temps d’envisager la deuxième option.
— Tu es sérieux ?
— Mike m’a dit qu’il était prêt à se servir d’un flingue si nécessaire.
— Laisse-moi un moment, je vais voir qui je pourrais solliciter. On en reparle ce soir.
— OK, de toute façon, j’ai un truc à faire en ville. On se revoit en fin de journée. »
Nash sorti, Mary jeta un coup d’œil à ses fiches. Elle avait beau être au top question informatique, elle conservait une multitude de petites boites remplies de cartes de visite soigneusement classées. L’une était dédiée aux forces de l’ordre. LAPD, FBI, DEA[1], ATF[2], même le Trésor et les pompiers, tous les services étaient présents. Elle sortit trois fiches. Le premier appel fut infructueux. L’agent avait quitté le service pour prendre sa retraite quelques mois plus tôt. Au deuxième numéro, on lui répondit que la personne n’était pas joignable pour le moment. Mary traduisit pour elle-même : sous couverture. Elle eut plus de chance avec son troisième appel.
« Le capitaine Marcer est actuellement en opération, je lui transmettrai votre appel dès son retour, précisa la voix au bout du fil. »
[1] DEA : Drug Enforcement Administration, agence fédérale US en charge de la lutte contre le trafic des stupéfiants
[2] ATF : Bureau of Alcohol, Tobacco, Firearms and Explosives, agence fédérale US en charge de l’application des lois sur l’alcool, le tabac, les armes et les explosifs
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