Le voyage de Monsieur K / Chapitre 4 : La vérité
Monsieur K reprit sa marche. Il avançait lentement, voulant savourer ce doux moment : le retour au pays natal, retrouver l’immeuble de son enfance et de son adolescence.
L’immeuble n’était pas immédiatement visible : il était en retrait par rapport à l’immeuble précédent.
Monsieur K fit quelques pas,et là, ce fut le choc frontal, brutal : l’immeuble avait disparu !
Ou plutôt, il avait été remplacé par une de de ces constructions anonymes et sans âme, qui portent le nom de rénovation !
Tremblant, suffoqué, Monsieur K eut du mal à retenir ses larmes.
Pourtant, pourtant, il aurait dû s’en douter, car son poème enchaînait sur la malédiction du Paris populaire : les promoteurs.
Les promoteurs
Qui ont du cœur
Qui se font du beurre
A paris
Et pas que le mardi
Les promoteurs disent
Et redisent
Qu’à Paris
Il y a des quartiers
Par milliers
Que c’est comme la campagne
Mais avec le supplément d’âme
De Paris ville lumière
Que la terre entière
Nous envie
Et oui
Alors ils vont
Promouvoir
Loin des villes dortoir
Et des pavillons
Ils vont promouvoir
Et faire valoir
Leurs cagibis
Sis à Paris
Hors de prix
Cela n est pas dit
Mais bon ça c’est Paris
Pardi
Monsieur K ne savait que faire, il décida d’appeler son fils. Etrangement la réponse fut immédiate :
« - Papa ?
- Gustave ?
- Papa, on dirait que tu pleures, cela ne va pas ?
- L’immeuble...
- Quel immeuble ?
- L’immeuble, il n’y en a qu’un, il a disparu !
- C’était prévisible, Papa !
- Je sais mais... «
Monsieur K n’acheva pas sa phrase : Gustave ne l’écoutait plus. Il avait déposé le téléphone et discutait avec une voix féminine, que Philippe reconnut immédiatement : c’était Anne -Sophie !
Soudain Monsieur K rougit violemment.
Il avait compris l’objet de la dispute : il avait dérangé le couple à un moment, disons, inopportun...
Gêné, il allait arrêter la communication, quand une voix de femme l’interpella :
« Philippe ?
- Anne- Sophie ?
- Bon, pour ton immeuble...
- Je suis désolé, balbutia monsieur K.
- Ce qui est fait est fait ! Signé Anne-Sophie.
- Oui, mais je voudrais savoir...
- Tu veux vraiment connaître la vérité ?
- Quelle vérité ? demanda monsieur K.
- Tu es un esclave. Tu es enfermé dans un monde qui n’a ni saveur, ni couleur, ni odeur. Tu es dans une prison.
- Une prison ?
- Oui une prison pour ton esprit «
La communication fut coupée. Monsieur K avala un petit bonbon rouge.
Soudain il crut voir passer dans le ciel une ombre volante, avec des lunettes et un grand manteau noir.
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